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La déchéance de Fantine, Les Misérables, Victor Hugo, 1862

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Par   •  9 Juin 2019  •  Commentaire de texte  •  1 131 Mots (5 Pages)  •  10 904 Vues

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La déchéance de Fantine, Les Misérables, Victor Hugo, 1862

Victor Hugo est un écrivain et politique engagé du XIXème siècle. Il dénonça notamment la misère du prolétariat à travers l’écriture d’œuvres littéraires mais également par sa carrière politique amorcée dans les années 1840. Le coup d’état Louis Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1851, le contraint à fuir en Belgique et dans les îles anglo-normandes où, pendant 18ans, il vit en véritable légende vivante de la protestation. Chef de Chef de file du mouvement romantique, c’est dans un style beaucoup plus réaliste qu’il écrit Les Misérables. Publié en 1862, ce roman est l’un des plus célèbre de la littérature française. Par le biais de plusieurs protagonistes, l’auteur expose la réalité des mœurs du XIXème siècle. L’extrait présenté est ici la déchéance de Fantine. Nous nous demanderons donc dans quelle mesure Victor Hugo dénonce-t-il à travers le personnage de Fantine la misère de la société du XIXème siècle. Nous verrons premièrement les conditions de vie déplorables de Fantine ainsi que sa déchéance puis dans un second temps une société responsable.

Axe 1 : La misère de Fantine et sa déchéance

a) La misère de Fantine est d’abord matérielle

  • Le logement de Fantine est très étroit. On observe en effet une accumulation de noms et d'adjectifs à connotation négative « cellule, mansarde, galetas... » « desséché, oublié... ». Elle éprouve un sentiment d'oppression, d'enfermement. Plus que cela, il y a l'idée que son logement est hostile avec elle, ce qui est renforcé par la personnification du plafond « le plafond heurte la tête » (15). Son logement est comparé à la société qui l’accable.
  • Fantine fait face à un dépouillement presque total, ce que l'on voit par l'énumération des seuls biens qu'il lui reste « couverture, matelas, chaise dépaillée ». De plus, l'adjectif « dépaillé » suggère l'inutilité de ses objets.
  • L'auteur insiste sur les conditions de vie précaires de Fantine par le champ lexical de la misère « desséché, dépaillé, loque, matelas à terre... ». Il montre que la situation s’aggrave à travers la négation « ne...plus », c'est un dénuement progressif. A la ligne 16, on observe que Fantine vend même son lit.

b) La misère de Fantine est également physique et morale

  • Fantine porte atteinte à son corps « les deux dents étaient arrachées » (10). Cette phrase laconique est mise en valeur par un blanc typographique et l'emploi du déterminant défini « les » indique que ce sont les deux dents de devant (incisive), les plus visibles et donc les plus chères (40francs)
  • Fantine perd toute dignité « Elle avait perdu la honte, elle perdit la coquetterie ». La phrase nominale suivante « dernier signe » montre qu'elle est prête à tout sacrifier. Elle renonce même à faire attention à son image « jeta son miroir par la fenêtre » (13). Sa détermination extrême la pousse à se prostituer « vendons le reste ». Elle cherche à se donner du courage et à se convaincre en utilisant la 1ere p plu de l'impératif. Elle n'a plus d'estime pour son corps qu'elle nomme « le reste » (chosification)
  • Fantine est malade, ce que l'on voit grâce à l'énumération de symptômes de la tuberculose « les yeux très brillants, une douleur fixe dans l'épaule ». La situation est paradoxale : Fantine vient de se défigurer, mais pourtant elle est joyeuse, oxymore « sourire sanglant » (8) elle est l'exemple d'une mère dévouée, exemplaire qui se sacrifie.
  • Enfin, le rosier de Fantine est une allégorie de son destin. Il est « desséché, oublié ». L’état de Fantine se détériore rapidement, ce que l’auteur montre par l’hyperbole « depuis la vielle avait vieilli » accentué par la paronomase. Fantine est désespéré « Mais ou y a-t-il un état à gagner cent sous par jour ? « (37) (phrase interrogative discours direct).

Axe 2 : La société est responsable de la déchéance de Fantine

a) L’entourage de Fantine est hostile

  •   Fantine subit une forme d’oppression, de harcèlement. Elle est comparée à un animal par la métaphore filée « elle se sentait traquée, bête farouche ». Fantine subit les assauts permanant des créanciers « elle les trouvait dans la rue… » (25, parallélisme de construction) et perd ainsi toute tranquillité. Ceci est renforcé par le préfixe -re (retrouvait).
  • Elle subit cet acharnement constant, sans répit, ce que l’on peut voir par le champ lexical « impitoyable, aucun repos… ». Fantine est humiliée publiquement « des scènes », de façon répétée mis en valeur par l’utilisation de l’imparfait d’habitude.
  • Enfin, Fantine est victime d’un chantage odieux des Thénardier, personnages cupides et vénaux. Le nom « ruse » est opposé à « bonté ». L’emploi du conditionnel (35) montre qu’ils la menacent et lui en demandent toujours plus (40f, 100f). Ainsi, fantine mène une véritable quête obsessionnelle à l’argent dont le champ lexical est présent tout au long du texte.

Cet entourage met Fantine en position d’urgence constante, illustrée par la locution adverbiale tout de suite ».

b) Le monde du travail est inhumain

  • Fantine éprouve de la haine envers son patron. Elle subit en effet des agressions verbales à connotation sexuelle, traduit par le discours direct « quand me payeras-tu, coquine ? » (32). Les ouvrières sont exploitées. (En effet le père Madeleine a un concurrent qui embauche des prisonnières au salaire moins élevé. Pour rester compétitif, il doit donc baisser le salaire de ses employées). Fantine est ainsi victime de la machine économique du XIXème siècle et de la décision d’une seule personne.
  • Le narrateur d’indigne face à l’injustice sociale par l’emploi de la phrase exclamative « 17h de travail, neuf sous par jour ! ». Tout comme lui, fantine est révoltée par ses conditions de travail inhumaines, traduit par le discours indirect libre.

Pour conclure, Victor Hugo fait de Fantine une mère exemplaire, une femme martyr entièrement dévouée à son enfant. C’est une « mater dolorosa », une femme qui souffre. Cependant, plus que cela, Victor Hugo montre une généralité : Fantine est un personnage fictif qui représente toutes les femmes du peuple du XIXème siècle. On retrouve ainsi dans cet extrait la lutte de Victor Hugo contre les injustices et son combat en faveur des défavorisés. Pour illustrer son œuvre Les Misérables, Victor Hugo a choisi un de ses dessin : Miseria. Il est la représentation d’une femme dénudée, dans la misère et la pauvreté. En choisissant le titre Miseria, à la fois proche de Mélancholia er des Misères, Victor Hugo a peut-être voulu rappeler que le roman est né du poème Melancholia des Contemplations. Ce dessin semble en effet être une retranscription du poème : « Ecoutez. Une femme au profil décharné, / Maigre, blême, portant un enfant étonné, / Est là qui se lamente au milieu de la rue. »

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