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L'invitation au voyage de Baudelaire

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Par   •  24 Juin 2022  •  Commentaire de texte  •  684 Mots (3 Pages)  •  294 Vues

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Explication Linéaire 15

L’invitation au voyage

L’invitation au voyage se situe au cœur de la section « Spleen et Idéal » des Fleurs du Mal. Baudelaire évoque ici un monde idéal et nous livre sa vision de la poésie. Il s’adresse à la femme aimée et l’invite à un voyage particulier, à la fois réel et imaginaire mais aussi poétique.

Quelle vision de la poésie est représentée dans l’invitation au voyage ?

Premier mouvement : une rêverie personnelle

 

Le vers 1 commence par des sonorités douces, sans consonnes dures. Cette euphonie se poursuit au vers 2 par la poursuite de l’allitération en « s » (« sœur », « songe »), et la rime « sœur »/ « douceur ». Ici, la sérénité domine. Le rapport à l’autre est doux, presque non érotique (enfant, sœur). Le vers 3 confirme l’union (« ensemble »). Le « là-bas », en effet, invite à l’absolu de l’ailleurs que renforce le point d’exclamation. La répétition anaphorique d’« aimer » (v. 4-5) et son antithèse montrent une euphorie du poète. Le pays rêvé est comme les autres poèmes du corpus en lien avec la femme « au pays qui te ressemble » (v. 6). Puis le poème se fait plus vénéneux : la sœur devient traîtresse par ses yeux, puisqu’elle ne succombe pas, le temps se fait baudelairien : loin de la splendeur zénithale du soleil, tout est contaminé par l’humide (« mouillés, brouillés »), voire le factice (« ciels » renvoyant à la peinture). Le dernier vers, avec ses « larmes » (causées par lui ?) teinte la première strophe d’une rêverie baudelairienne très personnelle.  

S’ensuit le refrain qui découpe et ponctue le poème : le « là », absolu de l’ailleurs, est catégorisé par antithèse avec le monde de la boue : à l’ordre le désordre de Paris, à la beauté la laideur de la capitale, de la boue, au luxe (richesse et lumière) s’opposent la pauvreté et l’obscurité. Le calme se distingue de l’agitation. La volupté érotise ce monde trop immobile. 

 

Deuxième mouvement : un rêve de fuite

 

Le rêve se met en place, précis dans la strophe 3 : la lumière (« luisant ») rappelle le « luxe ». Nulle aspérité : tout est poli, assurant un repos du corps et de l’âme. Le paradis est aussi olfactif, presque pré-décadent dans son esthétique par la rareté des fleurs, le mélange du végétal au minéral, mais sans être lourds (« vagues »). Le décor se fait ensuite paysage état d'âme : « Tout y parlerait/ À l’âme en secret/ Sa douce langue natale ». Le luxe, comme richesse, se déploie pour satisfaire l’âme, presque la nourrir jusqu’à satiété, dans une thématique du miroir (« luisant », v. 15, « miroirs profonds », v. 22) qui offre un écrin clos à la rêverie.

La répétition du refrain accentue cet effet de circularité et de clôture du poème qui est un rêve de fuite qui ne peut exister que dans la fermeture par rapport au monde extérieur.

Troisième mouvement : un rêve reposant

Le miroitement continue dans l’avant-dernière strophe avec les « canaux », et la thématique baudelairienne de l’endormissement, de l’anesthésie du monde se déploie. Le monde décrit est celui de l’engourdissement salutaire que protège un coucher de soleil non agressif. L’or du monde qui se répand (effet de liste final : « Les soleils couchants/ Revêtent les champs,/ Les canaux, la ville entière,/ D’hyacinthe et d’or »). Ce voile d’or est un baume sur le spleen et l’ennui, paradoxalement, l’or monotone (un seul ton) permet à l’esprit de se reposer du désordre : il ne lasse pas, n’ennuie pas. 

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