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Kafka - Le Verdict et La Métamorphose

Dissertation : Kafka - Le Verdict et La Métamorphose. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Mai 2017  •  Dissertation  •  1 985 Mots (8 Pages)  •  1 173 Vues

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On dit d’une œuvre kafkaïenne qu’elle est oppressante, absurde, cauchemardesque. A quel titre La Métamorphose et Le Verdict confirment-ils cette définition ?

        A travers des œuvres telles que Le Château ou La Métamorphose en passant par Le Procès et Le Verdict, Kafka parvient toujours à créer une atmosphère remplie d’angoisse, de confusion, d’absurdité, donnant à l’œuvre un air de cauchemar dont on ne se réveillerait, troublé, qu’après avoir achevé sa lecture. La Métamorphose et Le Verdict confirment parfaitement la définition « d’œuvre oppressante, absurde, cauchemardesque » notamment grâce aux situations et évènements terrifiants auxquels les personnages sont confrontés ainsi que grâce aux relations complexes et empreintes de violence qui lient les personnages à leur famille.

        Qualifier La Métamorphose et Le Verdict d’œuvres oppressantes est un véritable euphémisme. En effet, à la fois la lecture mais également les situations et évènements auxquels se confrontent les personnages sont opprimants, angoissants. Les deux nouvelles se lisent dans la même sorte d’hébétude, d’aveuglement, sans vraiment les comprendre ; seule la fin apporte un pseudo-soulagement mais laisse le lecteur haletant et troublé. Les deux œuvres,  pourtant très différentes dans la nature et l’enchaînement de leurs évènements, parviennent tout de même à créer la même impression d’oppression, de cauchemar, et presque d’emprisonnement. Dans Le Verdict, la première accusation que lance le père « tu ne me dis pas toute la vérité » marque un retournement de situation et le début d’un enchainement de révélations et d’évènements extrêmement rapides et soudains qui aboutissent à la mort brusque et inattendue du protagoniste, laissant le lecteur perplexe dans l’incompréhension la plus totale. Cette suite presque précipitée d’imprévus ainsi que les accusations de plus en plus terribles que lance le père « Tu n’as jamais eu d’ami à Saint-Pétersbourg. Tu as toujours été un plaisantin et tu ne t’en es jamais privé » ou encore « Bien sûr que je connais ton ami. Et si j’écoutais mon cœur c’est lui qui serait mon fils » contribuent fortement à créer cette atmosphère oppressante, kafkaïenne. Dans La Métamorphose, ce n’est pas la suite effrénée et imprévue de faits soudains qui crée cette sensation mais au contraire la lenteur et la torpeur que l’on retrouve tout au long de l’œuvre, le sentiment omniprésent d’emprisonnement, de prise au piège. Bien que cette nouvelle contienne elle aussi des rebondissements, des péripéties, elles sont plus dispersées et ne sont pas inattendues, ce qui créée une atmosphère de tension et de torpeur tout au long de l’œuvre. Ainsi, des évènements tels que la réaction violente du père, les difficultés financières de la famille, la douleur et le mal-être de Gregor ne font qu’ajouter au sentiment d’oppression qui caractérise si bien l’œuvre sans pour autant apporter un changement significatif dans la lecture de l’œuvre. On remarque que dans les deux nouvelles, les causes de l’atmosphère d’oppression sont la volonté et l’attitude violente du père envers le protagoniste. De plus, à la fois dans La Métamorphose et dans Le Verdict, la mort est l’issue empruntée pour se sortir de la situation difficile dans laquelle se trouvent les personnages et, dans La Métamorphose notamment, on ne voit que cette mort comme solution ; plus on avance vers la fin du roman, plus la situation devient difficile et plus l’espoir d’une véritable solution devient improbable, créant une angoisse grandissante chez lecteur.

        Une œuvre dite kafkaïenne se définit également par son absurdité, caractéristique que l’on retrouve bien sûr dans Le Verdict et dans La Métamorphose. Dans Le Verdict, cette absurdité s’exprime notamment par les accusations soudaines et inexpliquées que lance le père, qui marque un retournement de situation complètement absurde. De plus, le lecteur partage l’hébètement et l’incompréhension de Georg du fait de la focalisation interne adoptée tout au long de l’œuvre. Ainsi, au début de la nouvelle, le protagoniste parait tout à fait ordinaire, banal : le récit fait part de ses petites inquiétudes, de sa vie de tous les jours, de sa relation semblant être tout à fait normale avec son père ; et soudainement le père commence à débiter ce qui semble être de véritables absurdités, sortant de nulle part, sans aucune raison. La première fois que Georg – et donc le lecteur – se rend compte d’un changement quelconque est lorsque le protagoniste rentre dans la chambre de son père : « Georg fut surpris de voir combien la chambre de son  père était obscure, même par ce matin de soleil. » Et ainsi commence un retournement de situation tout à fait inattendu où la sénilité du père devient apparente du fait des absurdités qu’il lance : « Tu n’as jamais eu d’ami à Pétersbourg » puis « Bien sur que je connais ton ami. Et si j’écoutais mon cœur, c’est lui qui serait mon fils. » Cependant, cette absurdité qui domine le récit ne provient pas seulement du père, mais également du protagoniste lui-même : alors qu’au début du récit, sa réaction correspond à ce à quoi le lecteur s’attend « Mille amis ne pourront jamais me tenir lieu de père (…) tu ne te ménages pas assez. »  plus on avance vers la fin de la nouvelle et plus on se rend compte qu’on ne sait en fait que très peu sur Georg, et ses envies meurtrières notamment surprennent le lecteur qui ne pensait pas si mal connaitre le protagoniste : « S’il pouvait tomber et se fracasser le crâne ! » Cette exclamation notamment marque un drastique contraste avec sa décision d’emmener son père avec lui dans son nouveau foyer afin de lui prodiguer les soins nécessaires à son rétablissement.

        Dans La Métamorphose, l’absurdité règne dès la première phrase : « En se réveillant un matin après des rêves agités, Gregor Samsa se retrouva, dans son lit, métamorphosé en un monstrueux insecte. » Ce changement brusque, soudain, donné sans raison ni explication, presque lancé à la figure annonce l’atmosphère pesante et insensée qui règne à travers l’œuvre. En effet, bien que l’on ne s’attarde ni sur les causes ni sur le déroulement de ce changement monstrueux, les questions et l’angoisse éprouvée subsistent. On pourrait également ajouter que le simple fait que seules les conséquences soient exposées ne fait qu’ajouter à l’absurdité déjà présente : ce phénomène déjà incompréhensible et déraisonné est en plus exposé brutalement et sans raison donnée, comme si ce n’était pas nécessaire. L’absurdité de cette métamorphose est déjà acceptée par l’anti-héros : il est bel et bien un animal, et cette acceptation rend l’évènement d’autant plus étrange. De plus, le sentiment d’étrangeté, d’absurdité est renforcé du fait de la focalisation interne adoptée au long de l’œuvre : ainsi, le lecteur vit les évènements cauchemardesques et incompréhensibles que vit Gregor à travers les yeux de ce dernier.

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