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Le Procès De Franz Kafka

Dissertation : Le Procès De Franz Kafka. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Décembre 2013  •  5 638 Mots (23 Pages)  •  1 932 Vues

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1. Introduction

Ecrite au début du XX° siècle, l'oeuvre de Kafka (1883-1924) influencera profondément et durablement la littérature occidentale. Et, notamment, l'école dite de l' absurde représentée, chronologiquement, par Sartre (La Nausée, 1938), Camus (l'Etranger [1] , 1942) ou Beckett (En attendant Godot, 1957). Bien qu'appartenant à la première génération d'écrivains du siècle précédent, Kafka annonce, par les thèmes qu'il explore et les inquiétudes spirituelles qui sont les siennes, les préoccupations et les angoisses du siècle à venir : la solitude de l'homme dans un monde sans Loi supérieure, le face à face avec l'horreur de sa condition et la certitude d'un avenir incompréhensible et sans espoir.

Si l'on définit très schématiquement l'œuvre littéraire comme le reflet d'un tempérament et la traduction de l'expérience d'une vie, le Procès apparaît bien comme un roman riche en significations, déjà, sur ce qu'était Kafka. Un court résumé - emprunté à Max Brod (in Franz Kafka) - laisse le champ libre à toutes les interrogations concernant le contenu et les finalités de cette œuvre énigmatique à bien des égards : « Ce qu'a fait K..., le héros du Procès, nous ne le savons pas. D'après la morale bourgeoise, il est probablement innocent. On ne peut dire grand-chose ou peut-être rien à sa charge. Cependant, il est diabolique en toute innocence. Il a contrevenu de quelque façon aux lois d'une vie juste. Un tribunal mystérieux lui demande des comptes et finalement il est exécuté « la veille de son trente et unième anniversaire », dit le chapitre final. »

Une première similitude entre l'œuvre et l'auteur nous frappe : le héros du livre est désigné par la lettre K..., première lettre du nom de l'auteur, Kafka. Une seconde saute aux yeux : Kafka avait également trente et un ans, lorsqu'il commença le roman de son personnage K, âgé de trente et un an ans. Cette part autobiographique se précise lorsque l'on étudie la vie même de Kafka dont les événements connus fournissent aux investigations psychanalytiques un terrain fertile, comme l'ont montré les travaux pénétrants de Marthe Robert ( Présentation du Journal de Kafka).

Les grandes œuvres sont par ailleurs inscrites dans leur époque et l'on a pu considérer le Procès comme la mise en évidence prophétique des rouages désormais complexes d'une société moderne dans laquelle l'être humain ne serait plus perçu que comme un numéro dans un univers de plus en plus bureaucratique, concentrationnaire et oppressif. Le film éponyme qu'Orson Welles a consacré au roman (le Procès, 1963) met en images cette vision ; une vision que l'histoire récente de l'Europe, à travers le chaos nazi, ne ferait que confirmer.

Mais, au-delà des exemples d'ordre historique, le roman de Kafka, qui se présente comme une quête de sens privée de réponse, suggère d'autres implications, religieuses ou métaphysiques, celles-là.

Bref, les clés de l'œuvre sont multiples et Kafka lui-même semble inviter le lecteur à l'exégèse de son œuvre dans le chapitre clé de la Parabole devant la Loi, où coexistent des interprétations parfois contradictoires, mais également justes.

2. La dimension autobiographique

La valeur autobiographique du roman ne fait aucun doute et est même ouvertement revendiquée par Kafka dont le personnage est désigné par l'initiale K.... (K... comme Kafka, dirait-on au téléphone), tandis que le nom de la femme F.B. (ou Fraulein Bürstner) établit une référence explicite à Felice Bauer », femme qui tint une place essentielle dans la vie de l'auteur.

2.1. La personnalité

La solitude

Selon Max Brod, son ami et biographe, Kafka montrait une singulière propension à la solitude, ce que confirme la lecture de son Journal dans lequel d'innombrables notations contre le mariage, fossoyeur de personnalité, célèbrent le nécessité d'être seul : « Il me faut beaucoup de solitude, tout ce que j'ai réussi à faire n'est que le résultat de la solitude. (...) Peur de me lier, de me perdre dans un autre être - Alors je ne serais plus jamais seul. » Ainsi K..., dans le Procès est totalement seul et les personnages qu'il croise - Léni et Titorelli, par exemple, dont nous ne connaissons d'ailleurs pas les relations exactes qu'ils entretiennent avec lui - ne semblent placés sur sa route que dans un but utilitaire : le plus souvent pour l'éclairer sur son procès, rarement pour l'aider, jamais pour devenir des amis ou des familiers. Seule Mlle Bürstner - figure énigmatique sur laquelle il faudra revenir - semble présenter quelque intérêt aux yeux de K. Mais cet intérêt ne débouche sur rien de précis et Mlle Bürstner ne réapparaîtra que dans les dernières pages du roman. La solitude de K. paraît irrémédiable.

Le sens du respect et les scrupules

D'autres composantes de la personnalité de Kafka s'incarnent dans le personnage de K... Son sens très vif du respect, par exemple, qui allait de pair avec un esprit scrupuleux à l'excès se retrouve lors de l'épisode de l'arrestation de K. La colère du personnage s'explique en grande partie par l'irrespect dont font preuve les deux commissaires : intrusion dans sa chambre, familiarité déplacée, consommation de son déjeuner mettent K. hors de lui et le font sortir de sa réserve.(pp. 44 à 65) Quant aux scrupules de l'écrivain, ne se retrouvent-ils pas, dès l'origine, dans cette quête méthodique qui, même si elle est interrompue par de multiples « divertissements », n'est jamais abandonnée ? Scrupuleux, K. l'est en effet doublement : dans sa volonté patiente et méticuleuse d'éclaircir son cas, mais aussi et surtout dans la conscience de son impuissance à résoudre le fond du problème, qui se révèle à travers le bilan pathétique qu'il tire de sa vie : « J'ai toujours voulu dans le monde mener vingt choses à la fois. C'était un tort : dois-je partir comme un imbécile qui n'a jamais rien pu comprendre ? Y avait-il encore un recours ? Existait-il des objections qu'on n'avait pas encore soulevées ? Certainement. » (p. 366) Regrets et remords sont clairement exprimés. Les objections multiples et récurrentes, toujours renaissantes, du personnage font écho à celles-là mêmes que Kafka

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