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Jeannot et Colin, Voltaire

Dissertation : Jeannot et Colin, Voltaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  7 Novembre 2017  •  Dissertation  •  1 419 Mots (6 Pages)  •  4 744 Vues

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 « Jeannot et Colin », Voltaire

     L’extrait que nous allons étudier est tiré du conte Jeannot et Colin écrit par Voltaire, écrivain du 18ème siècle, connu pour ses contes philosophiques, comme par exemple Candide. Voltaire a 69 ans lorsqu’il compose Jeannot et Colin. Le passage que nous allons analyser se trouve au début du livre et nous montre la situation initiale et l’élément perturbateur : Jeannot et Colin sont deux jeunes amis qui s’aiment beaucoup et un jour, l’un d’entre eux, Jeannot reçoit un habit de noble et abandonne son fidèle ami pour la richesse. Nous pouvons nous demander comment le narrateur peut, dans un récit et sans intervenir explicitement donner au lecteur le soin de construire du sens et d’éveiller son esprit critique. Pour répondre à cette question, nous analyserons dans un premier temps, le récit réaliste et son déroulement, ensuite le deuxième niveau de lecture qui est plus implicite et pour finir, les intentions de l’auteur, les cibles de la critique et le travail qu’a à faire le lecteur pour reconstituer la leçon qui se cache derrière le masque apparent du conte.

      L’auteur dénonce ici les travers de la société de son temps par l’humour. Voltaire cherche une complicité avec le lecteur en disant que Jeannot et Colin étaient « fort jolis pour des Auvergnats », il fait une satire des Auvergnats en pensant qu’ils sont plutôt laids. L’auteur fait partager son point de vue à ses lecteurs qui ne doivent pas être d’Auvergne. Il se moque aussi de son personnage, Jeannot par une antiphrase qui fait appel à la complicité du lecteur. Ce dernier sera d’accord avec Voltaire du mauvais goût d’un costume à trois couleurs et comprendra que quand Voltaire dit qu’il est « de fort bon goût », il pense l’inverse. La fin est plutôt comique car il dit que Jeannot a « un sourire de protection assez noble ». L’adverbe assez devant l’adjectif noble est humoristique car on ne peut pas mesurer la noblesse. On est noble ou on ne l’est pas. Voltaire utilise des hyperboles quand il parle de « Colin [qui] sentit son néant et [qui] pleura ». Le vocabulaire utilisé est disproportionné par rapport à la situation. Il se moque encore une fois des nobles à travers l’hyperbole lorsqu’il dit que « Jeannot partit dans toute la pompe de sa gloire ». Il a juste un costume à trois couleurs qui est certainement de mauvais goût et se fait appeler Monsieur de la Jeannotière. Sa noblesse se limite à ces deux critères qui n’ont rien d ‘extraordinaire.

      Voltaire veut aussi critiquer, dénoncer d’autres travers de la société de son temps mais d’une façon plus mordante, au moyen de procédés ironiques.

Quand il parle de «  la ville d’Issoire […], ville fameuse dans tout l’univers pour son collège et ses chaudrons », il emploie une hyperbole ironique en disant que c’est une ville connue et il associe deux mots (collège et chaudrons) pour faire naître l’amusement du lecteur. Le collège peut faire la renommée d’une ville mais n’a pas de rapport avec les chaudrons. Le rapprochement est comique. Quand il énumère tous les impôts à payer, il fait une accumulation humoristique pour montrer aux lecteurs que les impôts étaient lourds et qu’on « ne se trouvait pas puissamment riche au bout de l’année ». Le terme « pas puissamment riche » est une litote. Voltaire sous-entend qu’à la fin de l’année, on était très pauvre. Voltaire se moque des nobles en anoblissant le prénom plutôt commun de Jeannot en Monsieur de la Jeannotière et en insistant sur les désignations mondaines comme « monsieur son père », « monsieur son fils ».

      Le narrateur est présent par un regard distant par rapport à l’histoire qu’il raconte, qui sans formuler directement de critique, alerte le jugement du lecteur.

      L’auteur veut dénoncer la fragilité de l’amitié qui existe entre deux personnes inégales. Il nous dit par exemple qu’ « ils s’aimaient beaucoup, avaient de petites familiarités », cela nous prouve qu’ils étaient très proches mais que l’argent a fait oublié l’amitié à Jeannot car une fois riche, « Jeannot [prend] un air de supériorité qui [afflige] Colin ». L’accumulation des termes « il n’étudia plus, se regarda au miroir et méprisa tout le monde » contient une relation de conséquence, Jeannot n’étudie plus, il se regarde au miroir, donc il ne s’intéresse plus qu’à l’apparence physique et oublie l’intelligence et il méprise tout le monde y compris son ami d’enfance, Colin. L’amitié entre deux personnes inégales est fragile car les personnes les moins riches peuvent se sentir délaissées ou les personnes les plus aisées, se sentir supérieures et abandonner leurs anciens amis. A la fin des études des personnages, on aurait pu s’attendre à une séparation sentimentale et douloureuse car ils se quittent alors qu’ils se connaissent depuis leur enfance. Au contraire, Jeannot laisse tomber Colin et ne se soucie plus de lui.

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