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J-M.G LE CLEZIO, Étoile errante

Commentaire d'oeuvre : J-M.G LE CLEZIO, Étoile errante. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Avril 2018  •  Commentaire d'oeuvre  •  5 627 Mots (23 Pages)  •  1 097 Vues

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Œuvre intégrale n°1 : J-M.G LE CLEZIO, Étoile errante

Problématique :  le personnage le clézien :  miroir du monde, miroir de soi ?

Parcours dans l’œuvre

Parcours n°1 : Esther, un personnage en quête d’identité (BRUGIER-MARTIN Angèle, BOUWMEESTER Marine, GUERTON Juliette, LE GUEN Élodie)

 

Le personnage d'Esther mène un combat intérieur en quête de son identité. Dans le livre, deux prénoms, Esther et Hélène, lui sont attribués. Hélène est un personnage basé sur le mensonge, une couverture qui protège son identité juive aux yeux de son village. Ce mensonge ne va pas être accepté par le personnage, elle va jusqu'à dire : "Je ne m'appelle pas Hélène. Je m'appelle Esther." (p. 63). On remarque alors un déni de cette identité. La rupture brutale entre Hélène et Esther a lieu en même temps que l'émancipation de son enfance quand elle fuit son village : " Plus personne ne devrait lui dire Hélène." (p. 93). C'est durant cette même fuite que son père, qui représentait un idéal pour Esther, disparaît, laissant en elle un vide teinté d'un léger espoir ce qui la mène à sa recherche de soi.

 

Elle va, au cours de son périple, prendre connaissance de la religion, une voie qu’elle considèrera comme une forme d’apaisement, un moyen de se ressourcer et de se canaliser. C’est ainsi que, dans une église au cœur d’un village italien, « Festiona » (p.120), Esther ressent : « une chaleur intense, magique presque » (p 133). On pourra même aller jusqu’à dire qu’elle se sent moins seule, plus forte : « c’était comme s’ils étaient tous là, un instant encore […], elle sentait la force de leur regard » (p.133).

Quelques années plus tard, Esther, qui a dès lors dix-sept ans et qui vit à Paris avec sa mère Elisabeth, se rend à Jérusalem, cette ville dont son père louait les vertus : « la ville de la lumière, les fontaines, la place où se rejoignaient tous les chemins du monde » (p. 69). Les deux femmes partent de France sans volonté de revenir : « je sais que je vais quitter ce pays, pour toujours »(p.143) afin d’oublier, de tourner la page par rapport aux événements passés et d’enfin faire le deuil de son père : «c’était cela qu’il disait, mon père avait été recouvert par la terre, et il fallait bien l’oublier. » (p.144) C’est donc avec un nouvel espoir qu’Esther va se confronter à la vie, et se persuader que la fin ces tourments réside dans la rencontre avec cette ville.  C’est aussi, en quelque sorte, pour continuer à faire perpétuer la volonté, et le souvenir de son père, qu’elle s’y rend. 

 

Lors du voyage vers la ville sainte sur le « Sette Fratelli » (p.196), Reb Joël, un passager du navire, va lui apprendre toute la portée spirituelle de la religion; Esther boit ses paroles, fascinée, et y trouve un certain réconfort : « c’était comme une voix intérieure qui disait ce qu’on entendait » (p. 188), c’est donc à travers cette religion qu’elle extériorise sa pensée et se sent connectée. On remarque dans le livre d’Étoile errante que la langue de l’hébreu n’est quasiment jamais citée, laissant la place à de nombreuses paraphrases telles que « cette langue divine » (p.189) ou encore « ces paroles mystérieuses » ; « cette langue si belle » (p.81). On en déduit que Le Clézio caractérise ici la religion dans sa généralité comme étant un outil à sa quête d’identité et non pas uniquement le judaïsme comme on pourrait le penser.

 

Toute sa vie, Esther va se sentir directement liée à la nature qui va, comme pour la religion, lui permettre de connaître une forme de liberté et d’échappatoire à la guerre et à sa déchirure interne : «Esther se sentait bien […] alors petit à petit, la peur s’en allait » (p.44). Ce lien est donc mis en valeur, tout au long de l’œuvre, par de longues descriptions de la nature : « la lumière vibrait au-dessus de l’eau de la rivière. La vibration était partout, quand on tournait la tête, elle s’unissait au bruit de l’eau et au chant des criquets » (p.32). On peut notamment le remarquer lorsqu’elle s’évade de la prison à Nice : « Le ciel est d’un bleu intense, sans un nuage, tout brille dans l’air froid » (p. 179) « Je suis libre, j’ai en moi la liberté du vent, la lumière » (p. 180). 

 

 

Esther rencontre de nombreuses personnes tout au long de sa vie, tout au long de son « errance ».L’une d’entre elle va particulièrement la marquée jusqu’à en devenir un pilier du récit. C’est la rencontre entre deux mondes qui a lieu, entre Nejma, palestinienne musulmane et Esther, française juive, toutes deux fuyants la guerre. Les deux jeunes femmes ne parlent pas la même langue et presque tout les sépare mais malgré ça elles ressentent une force qui les connectent. Le Clézio crée un parallèle entre ces deux vies, Nejma est ainsi le pendant, un reflet, une part de l’identité d’Esther et on s’aperçoit que leurs vies comportent des similitudes . Esther a toujours l’espoir de la revoir et comme Nejma, ne cesse de repenser à cette rencontre: « Je pense encore à Nejma, ma sœur perdue […] que je dois retrouver » (p. 345).

    

  

Toute sa vie, Esther n’aura de cesse de se chercher, essayant de se construire un équilibre basé sur un espoir éphémère; celui de retrouver son père, d’aller à Jérusalem, de partir vivre au Canada. La mort de ses proches ne lui fait presque plus ressentir de peine mais ne fait qu’élargir un vide en elle résultant de l’accumulation de sa souffrance passée. Ainsi quand son mari « Jacques » perd la vie, Esther ne réagit pas : « Esther n’a rien dit. Ses yeux étaient secs » (p.310) ; « Esther n’a pas pleuré. Peut-être qu’il n’y avait pas de larmes à ce moment-là dans son corps, à cause de la guerre » (p .349) . Elle est de plus témoin d’un parallèle avec son enfance et la vie de son future enfant, puisque lui non plus, ne reverra pas son père : « Voilà, il ne reviendra pas, il ne reverra pas son fils » (p. 380). On remarque que le nom que donne Esther à son fils n’a rien d’anodin : « il portera le même prénom que mon père » (p. 321); il s’agit ici encore de faire vivre son père à travers quelque chose, quelqu’un.

 C’est à la fin de l’œuvre qu’Esther prend la décision de retourner à Saint Martin de Vésubie, et plus précisément là où son père est mort. C’est donc à ce moment qu’elle parvient à faire le deuil de son enfance brisée, de son père disparu, et de toute l’atrocité et l’incompréhension qui ont découlé de la guerre : « Elle sent une grande fatigue, une grande paix » (p. 350).

Parcours n°2 : Le personnage le clézien : miroir du monde, miroir de soi (Johanna Garcia, Camille Carenco, Audrey Rickard, Daniel Da Silva)

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