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Iphigénie - Racine - La scène d'exposition - Commentaire

Commentaire de texte : Iphigénie - Racine - La scène d'exposition - Commentaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Janvier 2018  •  Commentaire de texte  •  1 631 Mots (7 Pages)  •  3 940 Vues

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Iphigénie, Racine, 1674

La scène d'exposition

Proposition de commentaire composé

        La pièce de Racine, Iphigénie fut représentée pour la première fois à la cour de Versailles en 1674. Si comme l'affirme l'auteur dans sa préface pour le public de l'époque « il n'y a rien de plus célèbre dans les poètes que le sacrifice d'Iphigénie », nous pouvons sans doute dire qu'aujourd'hui Racine et son Iphigénie ont remplacé en notoriété celui dont le dramaturge s'inspirait : Euripide. Il est évident que le théâtre ne peut se dissocier de la représentation, de la mise en scène, ou encore du jeu des acteurs, cependant les vers de Racine peuvent parfois se suffire à eux même.  Nous allons donc nous pencher sur la scène d'exposition et tenter de déceler comment tout en respectant les règles de la tragédie classique elle en est un modèle[1]. Nous verrons par quels détours propres à la tragédie classique le dramaturge suscite la curiosité du lecteur et du spectateur, puis nous nous attarderons sur la présentation des personnages indissociables des lieux qui habitent la pièce et enfin nous étudierons le tragique et le pathétique qui planent sur cette scène d'exposition.

        La scène d'exposition a pour rôle principal de susciter l'adhésion du lecteur ou du spectateur, toute la tension et toute l'attention se concentrent sur cette première scène. Ici la pièce s'ouvre sur une scène dont l'atmosphère secrète immerge le lecteur ou spectateur dans l'intrigue et le fait complice de la scène, piquant ainsi sa curiosité. En effet grâce au verbe « éveiller » employé par Agamemnon dès le deuxième hémistiche de la pièce, ainsi qu'aux vers d'Arcas « Quel important besoin / Vous fait devancer l'aurore de si loin ? » (v.3-4) nous comprenons que le jour n'est pas encore levé, la pénombre créé cette atmosphère intime. Le champ lexical de l'ouïe avec le verbe « entendu » (v. 7) et les noms « voix » et « oreille » au vers 2, et « bruit » au vers 7 renforce cette pénombre. Marqué par la polysyndète du vers 9 « Mais tout dort, et l'Armée, et les Vent, et Neptune. » le silence de mort qui règne dans l'Aulide favorise le caractère confidentiel de cet échange. Ce calme inquiétant est aussi matérialisé par la métaphore du vers 6 « Vos yeux seuls et les miens sont ouverts dans l'Aulide » indiquant par la synecdoque « vos yeux seuls et les miens » Agamemnon et Arcas comme étant les seuls éveillés. La scène se clos sur l'arrivée de deux personnages Achille et Ulysse et le départ précipité d'Arcas. Le levé du jour en témoigne le vers 168 « Déjà le jour plus grand nous frappe, et nous éclaire », symbolise comme les premiers vers, le début de la pièce respectant ainsi l'unité de temps.

        Les thèmes qui irriguent le théâtre classique sont très souvent connus des spectateurs et lecteurs car les dramaturges s'inspirent des tragédies antiques. De fait il est fréquent que l'auteur laisse traîner dès la scène d'exposition des indices de la résolution de la pièce. Cela participe de la fonction de cette première scène qui est de susciter l'adhésion du spectateur ou du lecteur. En effet ces derniers se sentent impliqués, et connaissant les éventuelles fins, ils sont à même de comprendre les doubles sens des paroles de certains personnages, ou du moins d'être intrigués par certaines paroles. Ils verront alors leur attention récompensée lors de la résolution. Dans les paroles de Calchas, rapportées par Agamemnon, au vers 59 « Une fille du sang d'Hélène » si nous ne comprenons pas immédiatement qu'il s'agit d'Eriphile ce vers nous interpelle. Mais encore quand Agamemnon, donnant à Arcas le billet pour annoncer à Iphigénie et Clytemnestre que l'hymen est différé, lui demande de préciser que « des froideurs d'Achille / On accuse en secret cette jeune Eriphile » (v. 153-154) le lecteur peut percevoir l'ironie tragique des propos d'Agamemnon, qui pensant inventer cette excuse ne sait pas qu'Eriphile sera plus tard un réel obstacle à cette union.

        Tout en attirant les faveurs du lecteur ou du spectateur, la scène d'exposition permet aussi au dramaturge de présenter les personnages, leur caractère, leur rang social. Cependant cela doit se faire tout en respectant la vraisemblance. Dans cette scène c'est la relation entre Arcas et Agamemnon qui est mise en évidence, en effet Agamemnon est le premier à prendre la parole et dès le deuxième hémistiche de son premier vers par une forme emphatique il se présente lui même comme roi : « C'est ton Roi qui t'éveille ». Nous pouvons également noter qu'il tutoie son interlocuteur, qui lui en revanche le vouvoie dans sa première réplique l’apostrophant également après avoir lui aussi utilisé une formule emphatique pour réaffirmer ce qui a été dit « C'est vous-même, Seigneur ! » (v. 3). La relation hiérarchique entre ces deux personnages est aussi matérialisée par l'apparition de leurs prénoms dans cette scène, on remarque qu'Agamemnon se nomme dès le premier hémistiche du premier vers de la pièce «  Oui, c'est Agamemnon », tandis que le spectateur n'apprend le nom du deuxième personnage qu'après de cinq répliques. De plus c'est Agamemnon qui l’apostrophe au vers 55 « Et quel devins-je Arcas ! ». Il faut également noter que c'est ce réveil soudain et le grand trouble d'Agamemnon qui justifient qu'Arcas interloqué, ne trouvant pas de justification à un tel état lui rappelle naïvement ses fonctions et sa situation prospère, informant ainsi par le truchement de la double énonciation le spectateur ou le lecteur. De fait nous apprenons du vers 17 au vers 39 la situation : Agamemnon roi de « la plus riche Contrée », époux de Clytemnestre, père d'Iphigénie promise à Achille, dirige l’expédition vers Troie, retardé par les vents.

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