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François de Malherbe, Beaux et grands bâtiments

Commentaire de texte : François de Malherbe, Beaux et grands bâtiments. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  21 Septembre 2016  •  Commentaire de texte  •  2 296 Mots (10 Pages)  •  7 260 Vues

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François de Malherbe est un poète français du 16ème et du 17ème siècle. Il est l’un des personnages emblématique du passage du mouvement baroque au mouvement classique et devient l’un des plus grands théoriciens classiques. Dans son poème Beaux et grands bâtiments, on retrouve une forte marque classique à travers l’évocation des jardins à la française, des constructions de la renaissance, des fontaines. Cette nouvelle expérience de l’art est très en vogue à cette époque et devient une source d’inspiration pour nombres d’auteurs, peintres et artistes en tout genre. Cependant, Malherbe semble trouver en ce nouvel art une manière de penser qui ne lui convient point. Comment malherbe parvient-il à glisser son avis sur la place de la femme et une critique de l’art de la nature à travers un poème qui semble en faire l’éloge ?

Malherbe débute son poème par des termes extrêmement élogieux à l’égard des « bâtiment » dont il est question. La « structure » évoquée correspond aux codes architecturaux datant de l’antiquité que Malherbe prône conformément à son appartenance au mouvement de l’Harmonie Classique. On note donc l’idée de noblesse qui se dégage de cette architecture, appuyée par la présence du « plus digne des rois » au vers 3. Cette architecture « sublime » et teintée de grande noblesse ne se limite pas seulement à la terre mais elle s’applique à l’univers tout entier, comme le dit Malherbe au vers 3.

Ainsi, le poète termine sa première strophe en annonçant que l’art architectural prend peu à peu la place de la nature. Le roi se rend maître de la nature par le biais de l’art, de l’architecture. La construction du sonnet en alexandrins accentue la noblesse, la grandeur et la beauté des jardins. On retrouve le champ lexical du bien être à travers des termes comme « superbes », « digne », « beaux » qui rappelle le locus amoenus. 


Le début de la deuxième strophe nous explique comment l’art peut surpasser la nature. Les artistes s’efforcer de lui donner l’aspect qu’ils souhaitent, ils la façonnent, lui imposent des limites : c’est ainsi que sont édifiés les grands jardins de la Renaissance. L’usage veut que la nature revête une figure féminine, ce qui nous conduit ici à une ambiguïté, une contradiction. D’un côté, nous avons l’image de la femme modelée selon le désir des conventions, de l’homme et de l’artiste. La femme perd donc sa liberté et devient un objet de mode qui se doit de se conformer aux contraintes des mouvements, des façons de penser. Cependant, les « fleurs » du vers 6 sont mises en relation avec les « grands bâtiments […] superbes de matière » des vers 1 et 2. Malherbe attribue ici une forme de virilité à la femme, une puissance, une force qu’il qualifie d’ « éternelle » au vers 1. La femme est donc à la fois emprisonnée, enfermé, limité par des contraintes et pourtant serait un être possédant force et virilité. C’est ce que dénonce Malherbe veut montrer dans cette strophe : la femme possède une force importante et c’est pour cela que l’homme veut la maîtriser, la ôter sa liberté afin qu’elle ne puisse pas user de cette force.

De plus, on constate que le poète s’éveille aux merveilles de la nature, mais de la nature aménagée, contrôlée, il se délecte de cette position de supériorité. L’artiste devient la figure de la force au sein de la société.

Le « démon » dont il est ensuite question est la figure du jardinier qui s’efforce de maintenir le jardin en bon état même au court de l’hiver qui menace son art. En effet, au même titre que la peinture, l’art du jardinage a pour but d’évoquer des sensations, des émotions au spectateur. Ces mêmes jardins sont d’ailleurs des lieux consacrés à l’amour, d’où l’évocation de la femme quelques vers plus tôt. 


Le premier tercet exprime à présent très clairement la passion du poète envers les « lieux » qu’il vient de mentionner, c’est-à-dire à la nature artificielle, et donc les femmes de son époque. Les termes « fontaines » et « canaux » encadrés par les « désirs » et les « plaisirs » sont des mots très brutaux pour évoquer la sexualité de la femme. Pourtant, au milieu de tant de passions, le poète se voit « chagriné ». En effet, toutes ces passions en lien avec la nature, ces passions animales, Malherbe n’en veut pas. Pour lui seul l’amour véritable compte. Il reconnaît les attraits des femmes, de la beauté de ces dernières au travers de la beauté de la nature, ses « appas », mais ces derniers ne l’intéressent pas.

La volta se trouve au troisième vers du premier tercet et non pas au premier vers de celui-ci, comme le lecteur pourrait s’y attendre. Il se trouve donc dans l’attente de cette volta qui exprime le sentiment de tristesse du poète puisque lui-même attend de revoir sa bien-aimée Caliste. L’attente du lecteur reflète donc l’attente du poète.

Ainsi le poète n’est pas tout à fait réceptif au monde qui l’entoure, il ne peut le voir dans sa totalité sans sa bien-aimée, elle représente une partie de lui qui lui permet d’apprécier le monde, la nature, l’art dans sa globalité. Malherbe restitue donc à la femme la place qu’il considère être la sienne. Elle n’est plus un objet dont la puissance est enfermée mais un être à part entière dont l’homme a besoin pour apprécier le monde tout à fait.

La structure du poème reflète cette idée. Le sonnet est en effet une forme très contraignante qui symbolise l’emprisonnement de la nature, la maîtrise de l’homme sur celle-ci par l’art du jardinier, et ainsi la place secondaire de la femme montrée comme un objet source de passions. Cependant, Malherbe joue avec les codes du sonnet comme il joue avec les codes de la société : le retard de la volta ainsi que le message caché du poème visent à replacer la femme à la place que Malherbe pense être la sienne : un être beau et charnel qui doit susciter l’affection plutôt que le désir, l’amour plutôt que la passion, et qui forme un tout en présence de l’homme qui l’accompagne.

« Beaux et grands bâtiments », de François de Malherbe constitue donc une critique de la société contemporaine à son œuvre et ce dernier s’efforce de rétablir l’ordre qui lui semble juste et utilisant la métaphore de l’art des jardins alors en pleine expansion et ainsi à la portée de tous.

François de Malherbe est un poète français qui s’impose comme un des chefs de file du classicisme avec sa mesure et son soucis de clarté. Son influence sur la poésie

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