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Explication linéaire Marizibill

Commentaire de texte : Explication linéaire Marizibill. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Novembre 2020  •  Commentaire de texte  •  1 364 Mots (6 Pages)  •  15 429 Vues

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Objet d’études : La Poésie du XIXème siècle au XXI ème siècle

Explication linéaire du poème « Marizibill », tiré du recueil Alcools, d’Apollinaire.

Introduction : Ce poème appartient au recueil Alcools mais il avait déjà été publié avec d’autres poèmes comme « Rosemonde » et « Clothilde » dans la revue Les Soirées de Paris en 1912.

On retrouve dans Alcools une présence quasi omniprésente des femmes, aussi bien réelles qu’imaginaires. Si le poète déplore ses amours perdus dans la plupart de ses poèmes, notamment ceux dédiés à Marie et Annie, « Marizibill » se distingue de tous les autres car sa protagoniste n’est pas un objet de désir ou un amour perdu du poète : c’est une prostituée. Le titre est inspiré du prénom « Marie » et de la figure folklorique de Cologne« Sybille » une prophétesse antique.

Le poème se structure en trois quintils composés de vers octosyllabiques en rimes croisées. Inspiration médiévale car forme fixe, le vers octosyllabique est le plus utilisé.

Problématique : Comment Apollinaire métamorphose-t-il l’histoire individuelle d’une prostituée en une réflexion mélancolique et plaintive sur l’amour ?

Plan : I. Portrait atypique d’une figure féminine rhénane (v1 à 5) II. La dépravation comme expression de la modernité poétique III. Une dernière strophe élégiaque : le retour du poète

I. Portrait atypique d’une figure féminine rhénane (v1 à 5)

a. Une femme bien ancrée dans la réalité : Le poème commence avec un complément circonstanciel de lieu « Dans la Haute-rue à Cologne » qui plante un décor bien réel et qui rappelle le voyage en Allemagne du poète. Cette ville se situe dans l’Ouest du pays. On peut donc supposer que le poète a  rencontré cette femme, elle n’est pas un personnage inventé.

Au vers 2, les verbes sont conjugués à l’imparfait et nous révèle les habitudes de cette femme, qui semble aller et venir. Elle est toujours en mouvement. Le cadre nocturne du poème avec l’indication temporelle « le soir » est d’ailleurs propice aux excès, à la débauche et à la luxure.

b. Une description surprenante de cette femme : L’expression « Offerte à tous » au vers 3 nous dépeint une femme considérée comme une marchandise, que l’on « consomme » sans amour, sans égard, sans distinction. Elle est accessible, « à portée de mains », et diffère grandement des autres figures féminines du recueil : ici elle paraît inoffensive, et misérable car elle semble inspirée la pitié du poète. L’unique description physique tient en une expression : « en tout mignonne », qui se veut impersonnelle et indistincte. Ce portrait physique est général, il ne suscite aucune émotion chez le poète. La locution adverbiale « en tout » accentue l’indistinction physique de cette femme. Son physique n’intéresse pas le poète.

c. Cependant, nous avons accès à ses émotions, et ses états d’âme : elle est « lasse » adjectif au vers 4. On suppose qu’elle boit « buvait » et s’enivre pour échapper au réel. Les «  trottoirs » nous donne une nouvel indice sur sa profession et rappelle l’expression familière « faire les trottoirs ». Au vers 5, Le complément circonstanciel de temps « très tard » rappelle le cadre de cette description. « Les brasseries borgnes » : « borgnes » signifie bruyantes, et mal famées. Elle ne se noie pas seulement dans l’alcool mais également dans le bruit, comme si elle fuyait le silence.

Mini-conclusion : Apollinaire nous dresse plutôt un portrait psychanalytique et émotionnel de cette femme. Sa volonté est de montrer le réel. Le poète reste d’ailleurs à l’écart, il se tient à distance et observe, on ne remarque aucune marque de l’énonciation de ce dernier. Il s’inspire de la poésie médiévale en jouant sur les allitérations et les ressemblances phonologiques « trottoirs » « très tard » [tr], [ar].

II. La dépravation comme expression de la modernité poétique :

a. La débauche devient un art poétique : au vers 6, la syllepse « se mettait sur la paille » joue sur la polysémie de cette expression dont le sens propre rappelle son lieu d’exercice. Le sens figuré se veut plus choquant, car il indique qu’elle est réduite à la misère, comme le montre la présence de son proxénète au vers 7 « maquereau », puisque c’est lui qui récupère ses revenus et la maintient dans une pauvreté extrême. Le choix de ce terme « maquereau » n’est pas anodin. Apollinaire choisit le registre argotique pour qualifié le proxénète. De plus, les adjectifs épithètes « roux et rose » donnent une image primitive de cet homme. Le choix de ce vocabulaire populaire, voir vulgaire marque une volonté de choquer le lecteur. Au vers suivant (vers 8), il est également indiqué qu’il « sentait l’ail », ce détail peut susciter le dégoût. Le portrait de cet homme se veut répugnant, dégoûtant, et nous amène à ressentir de la compassion pour la prostituée.

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