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Commentaire littéraire Etienne de La Boëtie Discours sur la servitude

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Par   •  17 Janvier 2016  •  Commentaire de texte  •  2 609 Mots (11 Pages)  •  3 574 Vues

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Commentaire composé

 Discours de la servitude volontaire ,Etienne de La Boëtie

Depuis l’Antiquité, les philosophes s’intéressent à la question du bonheur et aux moyens d’y parvenir. Alors que pour certains c’est la recherche du plaisir et la maîtrise des passions qui va permettre d’atteindre l’ataraxie, pour d’autres il va s’agir de la liberté, principe désignant la possibilité d'action ou de mouvement sans contrainte. Ainsi, Etienne de la Boëtie, écrivain humaniste du XVIème siècle entreprend, à l’âge de seize ans, un discours (Discours sur la servitude volontaire) qui va lui permettre d’exposer ses idées sur la question. En axant sa réflexion sur le principe de « servitude volontaire » qui d’emblée parait contradictoire, Etienne de la Boëtie tente de bouleverser les consciences dans un bel exercice oratoire dans lequel il va s’engager fortement contre la tyrannie rendue possible, selon lui, par la passivité des peuples. Son but est d’exhorter le peuple à réagir et à se libérer du joug du tyran. C’est pourquoi nous pourrions nous demander comment, dans ce discours, La Boëtie parvient à convaincre les hommes qu’ils sont les seuls responsables de leur malheur. (Pour répondre à cette problématique,) nous montrerons, dans une première partie, que la force de ce discours réside dans le fait qu’il soit paradoxal. Puis, nous verrons comment La Boëtie dresse ici un tableau de la tyrannie. Enfin, nous relèverons ce qui permet de dire que ce discours est une affirmation des valeurs humanistes.

Dans une première partie, nous pouvons dire que ce texte est un discours paradoxal.

        Tout d'abord, le principe de servitude volontaire qui, de par son nom, est paradoxal est un moyen pour La Boëtie de faire émerger de son discours une vérité frappante. En effet, La Boëtie utilise un oxymore dans le titre même de son discours. Les deux termes « servitude » et « volontaire » sont deux termes opposés voire inconciliables et La Boëtie cherche ici à frapper l'esprit de ses interlocuteurs. Ainsi dès les premières lignes, il apostrophe ceux-ci d'une façon virulente en utilisant un vocabulaire péjoratif « pauvres », « misérables »,  « insensés », « opiniâtres » ligne 1. Ici la gradation en rythme ternaire a pour but de choquer les interlocuteurs en leur faisant prendre conscience de la responsabilité qui est la leur, de l'état de servitude donc de soumission dans lequel le peuple se trouve. Cette idée est accentuée par les nombreuses gradations en rythme ternaire qui abondent le texte comme par exemple aux lignes 2-3 « enlever », « piller », « dévaster » ou encore à la ligne 6 « biens », « familles », « vies ». Elles ont pour but de capter l'attention et d'insister sur les conséquences désastreuses de la servitude dans laquelle est plongé le peuple. Mais tout cela ne fait pas réagir le peuple qui reste passif comme le montre la tournure  passive  « vous vous laissez enlever » ligne 2 ou encore l'hyperbole « rien n'est plus à vous » ligne 5. Ici la passivité du peuple est dénoncée mais La Boëtie ajoute à son réquisitoire un autre argument. En effet, des lignes 10 à 12 La Boëtie  utilise une antithèse. Il oppose la multitude du peuple à l'unicité du tyran « deux yeux », « un corps » (métonymie), « nombre infini de vos villes »lignes 10-11  afin d'insister sur l'inertie et la stupidité d'un peuple qui accepte sa condition servile.  Nous avons montré ici comment le paradoxe est utilisé dans un but de réveiller les consciences.

        Ensuite, nous pouvons clairement percevoir de quelle manière La Boëtie tente de faire émerger l’idée de révolte dans l’esprit du peuple. En effet, celui va multiplier les attaques contre le peuple qu’il juge responsable de l’état de dépendance dans lequel il se trouve. Il souhaite ainsi les persuader des humiliations dont ils sont victimes et cela avec leur acquiescement. En effet, on constate la présence de nombreuses accusations violentes contre le peuple et La Boëtie va  utiliser le registre polémique pour toucher son auditoire. On voit cela, des lignes 13 à 19 où on peut observer une récurrence du pronom personnel « vous » qui désigne le peuple « plus que vous », « qui vous épient ». Ici, La Boëtie place ce pronom personnel en position sujet pour montrer que ce n’est que par son consentement que le peuple subit des préjudices. En outre, l’idée de complicité est également présente à travers les questions rhétoriques des lignes 14 à 19 « D’où tire t-il les innombrables argus qui vous épient si ce n’est de vos rangs », « Quel mal pourrait-il vous faire si vous n’étiez receleur du larron qui vous pille ». Celles-ci sont utilisées dans le but de marquer l’indignation de l’auteur mais aussi son incompréhension face à cet état. Elles servent aussi à interpeller le peuple sur sa passivité et sa complicité. On remarque par ailleurs à l’intérieur de ces questions rhétoriques, une gradation (lignes 18-19)  « receleurs », « complices », « traîtres » servant à montrer la gradation de la complicité. On peut aussi observer que La Boëtie a recours à des subordonnées circonstancielles de condition « D’où….si ce n’est » ligne 14, « Comment a t-il…s’il ne les emprunte de vous »ligne 15 qui ont pour but ici de montrer que la force du tyran n’est rendue possible qu’à la condition de la faiblesse du peuple  et qu’il ne tient qu’à lui d’échapper à ce conditionnement.  Cette idée se retrouve également au travers de l’antithèse ligne26 « vous vous affaiblissez afin qu’il soit plus fort ». Pour mettre en valeur toutes ces idées, La Boëtie joue sur les sonorités comme on le voit des lignes 13 à 19 avec une allitération en V (récurrence du « vous », mais aussi des lignes 20 à 29 « voleries », « assouvir », « vautrer »). Tous ces procédés nous permettent d’apprécier la force de persuasion d’un jeune écrivain dont les propos virulents ont pour dessein d’amener le peuple à une révolte. Nous venons d’étudier en quoi ce discours était un discours  paradoxal et nous avons vu que sa force résidait dans les différents procédés utilisés par l’auteur pour exhorter le peuple à réfléchir. Mais, La Boëtie ne se contente pas de faire un réquisitoire contre le peuple, il va également charger le principe de tyrannie. Nous allons donc maintenant montrer  qu’un véritable tableau de la tyrannie se dégage  de ce discours.

        

        Dans une seconde partie, nous allons montrer que le discours d’Etienne de La Boëtie offre un véritable tableau de la tyrannie.

        Tout d’abord, nous pouvons voir que l’auteur veut mettre en avant l’universalité de la tyrannie pour montrer que c’est un problème qui concerne chaque homme. Cela va lui permettre d’éviter la censure car il ne va citer aucun tyran en particulier. Celui qui est responsable du malheur du peuple est désigné par le pronom personnel « il » « il en fasse », « il puisse », « il soit plus fort »tout au long du texte Pour éviter de désigner un coupable, La Boëtie va avoir recours à la périphrase comme on peut le voir à la ligne 8 « l’ennemi », à la ligne 10 « ce maître ». Ici, il s’agit de groupes nominaux mais on trouve des périphrases bien plus complexes comme des lignes 8 à 10 où l’on observe la présence d’un emboîtement de subordonnées relatives « que », « pour qui » « pour la vanité duquel ». On relève également d’autres périphrases désignant le tyran et qui vont permettre d’insister sur sa cruauté. Ainsi, aux lignes 18-19 les groupes nominaux « larron », « meurtrier » mettent en valeur l’idée que le tyran n’a pas de scrupule à voler et à tuer pour parvenir à ses fins. L’art du détour est ici utilisé pour marquer la généralité d’un propos. En effet, une portée générale se dégage de ce discours qui s’adresse à tous les peuples opprimés et à tous les tyrans violents. Par ailleurs, une autre idée est suggérée à travers la comparaison « comme un colosse » de la ligne 32 qui est suivie d’une proposition relative « dont on dérobe la base ». Ici, l’auteur souhaite convaincre le peuple  que le tyran ne peut exister sans lui. D’ailleurs les termes « tomber » et « se briser » lignes 32-33 dénotent bien l’idée que le tyran n’est pas un être insurmontable.  Nous avons montré à travers ce discours, l’aspect universel du pouvoir tyrannique.

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