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Commentaire, La trahison, Claude Sales, incipit

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Par   •  9 Juin 2017  •  Commentaire de texte  •  2 465 Mots (10 Pages)  •  964 Vues

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Commentaire définitif Claude Sales La Trahison,  l’incipit

Claude Sales est né le 21 juillet 1930, c'est un écrivain et journaliste de nationalité française. Claude Sales a été officié en Algérie, commandant une section chargée de missions de guerre psychologique dans les hauts plateaux de l’est algérien. Il a failli être assassiné par les appelés algériens qui travaillaient avec lui. Il se souvient de cette guerre ambiguë, qui reflète des violences contemporaines. Après ses classes et l’école des officiers de réserve en France, Claude Sales a été aspirant puis sous-lieutenant en Algérie de juin 1958 à décembre 1959. Chef de poste sur les hauts- plateaux algériens, il raconte 40 ans plus tard l’histoire qu’il a vécue dans le livre " La Trahison ". L’histoire publiée en 1999 se déroule en 1959 dans un poste militaire dans l'est de l'Algérie.

Problématique : quel est le rôle du souvenir dans cet incipit ?

I Une mémoire obsessionnelle :

A  L’obsession et le choc

1 Un souvenir marquant qui le poursuit et persiste

La guerre d’Algérie gît là comme une obsession pour le narrateur dans le roman « La Trahison », il n'est pas possible de l'oublier. Dès les premières lignes de l’incipit, il nous dévoile ces « visages qui vous poursuivent toute la vie ». Ces visages, répétés tout au long du texte font ressurgir les images du passé : « des rencontres oubliées, des évènements rejetés, des sentiments refoulés » Cette énumération (L7) souligne que les faits, au départ voulaient être enterrés dans un passé à jamais derrière soi. Le narrateur insiste par l’emploi des participes passés « refoulés » et « rejetés » sur la nécessité de laisser derrière soi des souvenirs qui blessent et font souffrir.

En vain, il ne peut les chasser : une mémoire qui persiste, des souvenirs qui resurgissent et tournent à l’obsession « une présence insistante » (L6). Il prend conscience qu’il ne peut « la chasser » (L6)

Ces souvenirs le hantent pendant des jours et des mois/ Les indices temporels sont essentiels pour marquer le lecteur et lui signifier l’importance de cette résurgence qui assaille le narrateur. Les traumatismes liés aux guerres entraînent un long temps de latence pour essayer de regarder en face ce qui s'est passé. Nous retrouvons l’expression de la durée : « toute la vie » (L1), « des semaines, des mois » (L5), « passé » (L7), « près de quarante ans » (L9), « aujourd’hui » (L11)… . Les verbes au passé-composé : « nous nous sommes connus » (L12), « nous avons vécu » (L15-16) expriment ces  actions passées mais qui ont encore des conséquences dans le présent.

2 Un passé douloureux

L'installation dans une situation d'amnésie, à propos de l'Algérie, conduit à une interrogation sur l'oubli. Après la terrible période de la guerre, comment est-il possible de vivre perpétuellement en état de mémoire frénétique, mélancolique, envahissante ? Il faut peut-être aussi, quelquefois oublier pour vivre. Ce qui explique que parfois ces visages « s’absentent pendant des semaines, des mois. » (L5)

Dès le deuxième paragraphe, le narrateur nous présente le contexte de façon succincte : il a rencontré Taieb pendant « la première guerre d’Algérie, celle de l’indépendance » (L13). Tout est dit, sous ces mots, lourd de sens, le narrateur se rappelle les conditions du conflit : les combattants ne se font que rarement face (une guerre sans front). Il est difficile de savoir où les combattants de l’ALN se cachent. L’ennemi peut être partout. Coups de main, guerre d’embuscades, guérilla (ennemi invisible).

B Une mémoire sélective qui se précise au fil du temps

1. Des détails marquants, d’autres oubliés

Nous découvrons que la mémoire est le domaine de l’irrationnel, elle échappe à notre contrôle « ils apparaissent sans raison à l’improviste » (L3-4). Le parallélisme de construction en souligne les conséquences : « tantôt les traits flous comme dans un brouillard, tantôt au contraire dessinés d’une ligne nette » (L4-5). La mémoire est imprévisible, l’antithèse « flou », « net » marque cet état où l’homme ne peut retrouver tout le vécu de cette guerre, elle devient fractionnée, elle n’est que l’écho d’un passé lointain. Ces repères cités aux lignes 14-15 sont aussi imprécis : « une vingtaine d’années », « moi cinq ou six ans de plus », « une trentaine de soldats », « des mois » : souvenirs peu précis, qui ne l’ont pas spécialement marqué !

 Cependant, il se souvient de la date et de sa condition en tant que soldat : « en 1958 » (L13) : date précise, « Il était caporal dans la section que, sous-lieutenant, je commandais » (L14-15) : précision et détail. Nous constatons que la mémoire est sélective. La mémoire apparaît comme le moyen de se réfugier dans ce qui peut paraître sûr, dans le vécu personnel, individuel.

2 Une mémoire organisée par une précision des souvenirs

Dans le premier paragraphe : « des visages » sont  « flous » : la mémoire est indéterminée, vague. « Les traits » de ces visages sont « flous comme dans un brouillard » (L4), cette comparaison souligne l’épaisseur  et la difficulté de se remémorer des souvenirs douloureux qui ont marqué le narrateur. Le brouillard est le symbole de l’indéterminé, d’une phase de l’évolution : quand les formes ne se distinguent pas encore mais qui seront remplacées par des formes nouvelles précises (ce que nous constaterons dans le deuxième paragraphe). Le brouillard représente une période transitoire entre deux états.

Dans le deuxième paragraphe : « Taieb » : le visage prend une identité : « il était caporal dans la section » (L14-15). Ce visage a un passé, il a vécu avec le narrateur, en « 1958 » (L13),  et a fait la « guerre d’Algérie ».  Ses souvenirs occultés par le narrateur semblent revenir à la surface. Il déterre ce qu’il avait enfoui au plus profond de la mémoire. La métaphore « déchirant le linceul » (L8) suggère bien ce travail de mémoire qu’entreprend le narrateur. La mémoire semblait morte mais le narrateur, grâce à l’écriture la ressuscite.

Enfin, la question du désir de construction d'identité personnelle, à travers des réappropriations de mémoire, est importante. Quand le narrateur nous partage le fait « qu’aujourd’hui, je ne cherche plus à le fuir… » (L11), il accepte que sa mémoire joue son rôle et lui révèle des faits enfouis et qu’il puisse revenir sur « tout ce qu’il me rappelle » (L12). L’auteur dans cet extrait nous partage qu’on ne peut oublier ses souvenirs, il faut vivre avec.

C Du général au particulier

Si au départ le texte présente des souvenirs imprécis où l’auteur emploie un vocabulaire indéterminé « visages », « flous » et l’article indéfini « des », il s’achève sur le rappel de faits définis ; une date, « 1958 », « la guerre d’Algérie », « jusqu’au jour ».. Nous partons aussi d’une expérience personnelle à un débat sur la mémoire, l’inconscient. « Vous » (L1) : l’auteur s’adresse à tous les individus, parle de la mémoire en général, de l’inconscient, et des souvenirs impossibles à chasser qui hantent chacun de nous.

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