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Comment Victor Hugo parvient-il à pousser le lecteur à réfléchir à la situation des êtres rejetés, et à ressentir compassion et amour pour tout ce qui l'entoure ?

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Par   •  4 Janvier 2020  •  Commentaire de texte  •  1 711 Mots (7 Pages)  •  1 309 Vues

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INTRODUCTION

Le poème "J'aime l'araignée" a été écrit par Victor Hugo, chef de file du mouvement romantique. Il est tiré du recueil Les Contemplations, publié durant son exil en 1856. Le poème est composé de sept quatrains alternants décasyllabes et pentasyllabes en rimes croisées. Le poète cherche à se battre contre les préjugés sur les araignées et les orties. Il livre un texte qui a pour vocation d'éveiller la compassion pour ces êtres généralement haïs. Il pousse le lecteur à adopter sur eux un nouveau regard. Ce qu'il défend réellement, ce sont tous les opprimés, victimes de préjugés.
Comment Victor Hugo parvient-il à pousser le lecteur à réfléchir à la situation des êtres rejetés, et à ressentir compassion et amour pour tout ce qui l'entoure ?
Dans une première partie, nous verrons en quoi le poème est un éloge paradoxal de l'araignée et de l'ortie. Dans une seconde partie, nous analyserons comment le poète pousse le lecteur à adopter un nouveau regard sur le monde et à se montrer aimant et compatissant.

  1.  UN ELOGE PARADOXAL

  1. Les paradoxes du poème
  • Le poème de Victor Hugo repose sur des paradoxes. Le poème est lyrique. On retrouve l'expression des sentiments personnels de Victor Hugo sur l'ortie et l'araignée. On note la présence du pronom personnel "je". Le poète s'exprime à la première personne. C'est l'amour qui est transmis au lecteur. Il y a une répétition du verbe "aimer". Victor Hugo insiste sur ce sentiment. Au dernier vers du poème, on trouve même une allégorie de l'amour. En effet, le poète choisit d'écrire le mot avec une majuscule, comme s'il s'agissait d'une personne : "Amour". Cependant, le sentiment de l'amour est associé à celui de la haine. Dès le début, on trouve ainsi l'antithèse : "Parce qu'on les hait".
  • Le paradoxe est également visible dans la structure même du poème. En effet, il y a une alternance entre décasyllabes et pentasyllabes. Le décasyllabe est un vers conventionnel très utilisé, alors que le pentasyllabe est très peu usité. Il y a un effet de rupture, on ne s'attend pas à ce que ces deux types de vers soient associés.
  • On relève l'anaphore de "parce que". Victor Hugo justifie son choix poétique. Il explique en effet qu'il parle d'amour pour des êtres comme l'ortie et l'araignée justement parce qu'on ne les aime pas, tout comme il mêle des types de vers qui vont rarement ensemble pour surprendre et étonner.
  • Le poème repose donc bien sur des paradoxes. Le principal est l'amour du poète pour des créatures jugées mauvaises.
  1. Un portait négatif
  • Victor Hugo fait le portrait négatif de l'ortie et de l'araignée, utilisant les préjugés généralement associés à ces deux êtres.
  • On relève le champ lexical de l'obscurité : "noirs êtres rampants", "ombre des abîmes", "sombre nuit", "plante obscure".
  • On relève le champ lexical de la tristesse : "morne souhait", "les tristes captives", "pauvre animal", "mélancolie".
  • On relève le champ lexical du mal et de la peur : "maudites", "le mal", "leur fauve horreur", "la mauvaise bête et la mauvaise herbe".
  • Victor Hugo rappelle que l'ortie pique avec le terme "piqûre". Il rappelle que l'araignée tisse une toile pour attraper ses victimes avec "de leur guet-apens". Il ne fait pas l'impasse sur les caractéristiques négatives de ces deux êtres.
  • Le thème de la mort est associé à l'ortie et à l'araignée : "ombre des abîmes", "sombre nuit".
  • On relève, en anaphore, une insistance, une mise en relief de causes accumulées : "parce que..., parce que...". Ces insistances accablent l'araignée et l'ortie et deviennent des motifs pour les défendre, pour les réhabiliter.
  • En apparence, l'ortie et l'araignée ne peuvent donc provoquer que la peur, l'horreur, voire le dégoût. Victor Hugo ne nie pas leur nature répulsive. Toutefois, de façon paradoxale, c'est pour cela qu'il les aime.
  1. Des êtres victimes de préjugés
  • Le poète défend l'ortie et l'araignée. Il estime qu'elles sont victimes de préjugés.
  • Le poète exprime sa compassion pour l'ortie et l'araignée, les décrivant comme des créatures fragiles : "chétives".
  • Le poète souligne la situation terrible de l'ortie et de l'araignée en les associant à des prisonnières : "captives". Ce dont elles sont prisonnières, ce sont les préjugés. Cette idée d'emprisonnement est renforcée par l'utilisation des termes "guet-apens" et "fatals nœuds".
  • On relève le terme "victimes" qui est utilisé dans le poème au vers quinze. Cette idée est renforcée par l'utilisation du mot "sort". C'est comme si l'ortie et l'araignée n'avaient pas choisi cette situation. Le poète insiste d'ailleurs sur ce thème en utilisant l'adjectif "fatals".
  • On peut parler de registre tragique. En effet, le poète développe l'idée de fatalité. L'ortie et l'araignée ne peuvent pas échapper aux préjugés contre elles : "maudites", "fatals".
  • On relève une métaphore qui désigne la mort à laquelle l'ortie et l'araignée sont associées : "Parce qu'elles ont l'ombre des abîmes". Si ces deux créatures sont craintes et haïes, c'est parce qu'elles rappellent la mort, mais ce n'est pas de leur faute.

L'ortie et l'araignée sont victimes de préjugés, et Victor Hugo appelle le lecteur à avoir de la compassion pour elles, comme pour tous les opprimés.

  1. Un appel à la compassion

  1. Les opprimés et l’injustice
  • La fonction du poète contemplatif et romantique est de poser le regard et la lumière sur toutes choses. Le poète s'émeut et se donne pour mission de sensibiliser, d'inviter le lecteur à prendre conscience de la misère et de la souffrance des déclassés et des opprimés.
  • Le poème de Victor Hugo est symbolique. Il utilise l'ortie et l'araignée pour parler de tous les opprimés et dénoncer l'injustice.
  • On relève une métaphore qui associe l'araignée à un mendiant : "L'araignée un gueux". Victor Hugo parle de tous les marginaux. Il souligne également que c'est l'apparence repoussante de l'araignée qui terrifie les autres, tout comme c'est l'apparence piteuse du "gueux" qui déplaît aux hommes.
  • Victor Hugo va également plus loin. Il semble faire un parallèle entre l'artiste, l'araignée et l'ortie. En effet, il écrit au vers neuf : "Parce qu'elles sont prises dans leur œuvre." Le terme "œuvre" fait évidemment penser aux artistes. Ces derniers sont souvent considérés comme des êtres marginaux. On peut donc supposer que Victor Hugo se reconnaît lui-même dans l'araignée et l'ortie. Par ailleurs, il écrit : "Il n'est rien qui n'ait sa mélancolie." On trouve ici l'image du poète romantique, torturé par ses sentiments, par la tristesse en particulier.
  • Victor Hugo utilise le registre pathétique pour émouvoir le lecteur. Pour cela, il développe le champ lexical de l'emprisonnement : "captives", "guet-apens", "prises", "nœuds".
  • Le registre lyrique permet d'exagérer les sentiments de pitié qu'il convient de nourrir à l'égard de l'araignée et de l'ortie. Il y a une répétition de l'interjection "Ô". Elle sert à apostropher le lecteur.
  • La ponctuation utilisée dans le poème est excessive. Les phrases se terminent par des points d'exclamation. Cela souligne la compassion du poète, indigné par l'injustice dont souffrent l'araignée et l'ortie.
  1. Un appel au lecteur
  • Victor Hugo s'adresse au lecteur, le poussant à se révolter également de la situation des opprimés.
  • On relève l'apostrophe "passants" au vers dix-sept, destinée au lecteur.
  • Le poète utilise l'impératif présent. Il donne des ordres au lecteur, le supplie de se montrer empathique : "Plaignez la laideur, plaignez la piqûre, / Oh ! plaignez le mal !" La répétition du verbe "plaindre" est insistante.
  • L'utilisation des registres lyrique, pathétique et tragique a pour but d'éveiller la compassion du lecteur. Il est poussé à jeter un nouveau regard sur le monde, à voir l'injustice commise envers ceux qui sont différents, marginaux.
  • Le poète demande au lecteur de faire preuve d'amour à l'égard des opprimés. Il demande la "grâce" pour eux. Cette idée, très chrétienne, est renforcée par celle qu'il faut aimer ce qui est laid, ce qui souffre. Le poète en appelle à la générosité de l'Homme.
  1. Un message de compassion
  • Le message de compassion et d'amour de Victor Hugo s'exprime de différentes façons.
  • Pour faire naître la compassion, Victor Hugo dresse un portrait pathétique de la situation de l'ortie et de l'araignée, enfermées dans leur condition. Il les associe au mal, aux ténèbres, à la tristesse. Il explique ainsi qu'elles ne sont pas à craindre, mais à plaindre.
  • La répétition anaphorique de "parce que" sert au poète à justifier son message d'amour et de compassion. C'est justement parce que l'ortie et l'araignée font peur qu'il faut les aimer. Victor Hugo développe l'idée d'une malédiction qui touche ces êtres. Il faut avoir pitié d'eux.
  • Victor Hugo oppose "tout" à "rien" aux vers vingt-et-un et vingt-deux. Il rappelle ainsi que ceux qui ont "tout" doivent plaindre ceux qui n'ont "rien". L'araignée et l'ortie n'ont rien.
  • Victor Hugo écrit que toute créature mérite de l'amour, et demande de l'amour : "Tout veut un baiser." C'est un appel universel à la compassion et à l'amour, qui est lié à la religion chrétienne. En effet, les chrétiens pensent qu'il faut aimer particulièrement les défavorisés, ceux qui n'ont rien, et le poète le rappelle au lecteur.
  • La personnification, à la fin du poème, de l'araignée et de l'ortie permet d'insister sur cette idée qu'elles ne demandent qu'à être aimées : "La mauvaise bête et la mauvaise herbe / Murmurent : Amour !" En les humanisant, Victor Hugo rend l'ortie et l'araignée dignes d'être aimées. Il termine son poème sur un appel lyrique à l'amour, qui sous-entend la nécessité pour les hommes de se montrer compatissants.
  • L'amour ouvre et ferme le poème.

Victor Hugo surprend le lecteur en livrant un éloge paradoxal de l'araignée et de l'ortie. Il ne fait pas de ces créatures des êtres bons et beaux, mais assure qu'il les aime malgré leur laideur et leurs caractéristiques négatives. Dans un poème à la forme originale, il insiste surtout sur le fait qu'ortie et araignée sont victimes de préjugés. En effet, elles ne cherchent qu'à être aimées, mais les hommes se détournent d'elles. Victor Hugo fait de ces deux créatures des représentantes de tous les opprimés, voire même du poète romantique. Il lance un appel lyrique à l'amour et à la compassion, en interpellant à de multiples reprises son lecteur. Avec ce poème, Victor Hugo pousse les hommes à jeter un nouveau regard sur le monde, en se débarrassant des idées reçues. Il enjoint à voir au-delà des apparences, et rappelle que tout le monde mérite, et souhaite, l'amour.

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