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Beaumarchais lecture analytique acte II scene 1

Commentaire de texte : Beaumarchais lecture analytique acte II scene 1. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  12 Février 2018  •  Commentaire de texte  •  2 888 Mots (12 Pages)  •  651 Vues

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OE 2 : LA 3: Mariage de Figaro ou la Folle journée , acte II, scène 1

La scène que nous allons étudier est la première scène de l’acte II du Mariage de Figaro de Beaumarchais, pièce jouée pour la première fois en 1784 . Cette scène, qui ouvre l’acte II, se déroule, comme la première scène de l’acte I, dans une chambre, mais cette fois-ci, il s’agit de celle de la Comtesse. Nous savons depuis l’acte I que Chérubin est amoureux de la Comtesse, sa marraine, et que le Comte, homme volage, délaisse son épouse pour séduire d’autres femmes et notamment Suzanne. Là est le sujet des préoccupations de la Comtesse. Cette scène ne fait donc pas avancer l’intrigue mais apporte d‘autres éléments au spectateur. Réunissant la Comtesse et Suzanne pour la première fois, elle révèle une telle complicité entre maîtresse et servante qu’on peut presque parler d’amitié. La Comtesse, apparue brièvement dans l’acte I, est ici au cœur de la scène. À la fois attendrie par l’attitude de Chérubin et attristée par celle de son époux, elle apparaît comme un personnage complexe et assez grave.

Nous nous demanderons quels liens unissent la Comtesse et Suzanne ? Pour pouvoir répondre à cette question, nous étudierons dans un premier temps le cadre de l’action qui est particulièrement propice à une intimité entre la Comtesse et sa femme de chambre. Puis nous verrons que Suzanne connaît parfaitement les inquiétudes de la Comtesse qui se confie à sa servante et qui est prête à l’aider à épouser Figaro.

I-L’univers privé d’une maîtresse et de sa servante

A. Chambre et accessoires, signe d’intimité féminine

1- Comme la première scène de la pièce, celle-ci se déroule dans une chambre, mais qui s’avère plus luxueuse et plus raffinée que la précédente, à l’image de la personne qui l’occupe. Elle est meublée, alors que celle des domestiques était « à demi démeublée ». Les adjectifs qui la qualifient dans les didascalies en soulignent l’élégance : il s’agit d’ «une chambre à coucher superbe » ; elle est spacieuse : nous notons la présence d’un « grand lit en alcôve ». Les didascalies suivantes signalent la présence d‘une « bergère » (grand fauteuil ). La chambre est un lieu intime, que partagent d’autant mieux les deux femmes que Suzanne est femme de chambre de la Comtesse.

2- Les portes et les fenêtres, indiquées dans ces didascalies («La porte pour entrer s’ouvre et se ferme à la troisième coulisse à droite ; celle d’un cabinet, à la première coulisse à gauche. Une porte dans le fond va chez les femmes. Une fenêtre s’ouvre de l’autre côté ») permettent ou empêchent l’intrusion de personnages extérieurs. Elles jouent un rôle dans cette scène: à plusieurs reprises, il est question des portes qui, une fois fermées, renforcent cette intimité. « Ferme la porte, Suzanne » est la première réplique de la Comtesse. Elle désire en effet avoir, avec sa servante, une conversation confidentielle : cet impératif est suivi d’un autre, invitant Suzanne à lui révéler des secrets : « Et conte-moi tout dans les plus grands détails », l. 6. Ce lieu est aussi un lieu féminin, et notamment fermé au Comte, dont le domaine est extérieur : Suzanne l’aperçoit depuis la fenêtre l. 40 « Ah ! Voilà Monseigneur qui traverse à cheval le grand potager, suivi de Pédrille, avec deux, trois, quatre lévriers ».

3- Le Comte chasse, ce qui correspond à une activité masculine, réservée à sa classe sociale. Suzanne l’évoque de façon vivante, en mouvement. Mais on peut y voir, de façon métaphorique, une autre forme de chasse liée à son libertinage. La réponse de la Comtesse : « nous avons du temps devant nous », l. 42 souligne que le Comte est encore assez loin pour qu’elles puissent continuer à converser tranquilles. Sa présence en ces lieux et en ce moment est donc des plus indésirables. Des objets viennent renforcer l’atmosphère intime et féminine de cette première scène.

4-Au théâtre, les objets symboliques et présents durant toute la pièce sont appelés des « motifs ». La Comtesse, troublée, se sert d’un éventail, l. 30 et 36. Certes, l’éventail a ici sa fonction habituelle, celle de rafraîchir la personne qui s’en sert. Mais c’est un objet très féminin et qui pouvait aussi servir de communication codée entre une femme et un homme qui la courtisait. Chérubin s’est emparé avec empressement (comme le montre la scène que décrit Suzanne) d’un ruban de la Comtesse, l. 19 : « puis il a vu votre ruban de nuit que je tenais : il s’est jeté dessus », raconte Suzanne. Ce ruban représente manifestement pour Chérubin, qui fétichise cet objet, une métonymie de la Comtesse. Les deux femmes respectent les conventions. Nous pouvons donc penser à première vue qu’elles ont des relations maîtresse/servante conformes à leurs rangs respectifs.

B. Des relations qui respectent les hiérarchies conventionnelles mais qui sont dépassées

1-La Comtesse tutoie Suzanne qui la vouvoie, l. 6,...Elle donne des ordres : « Ferme la porte Suzanne », ligne 5, « Ouvre un peu la croisée sur le jardin » l. 36...Suzanne désigne le Comte par l’expression « Monseigneur » l. 10 et la Comtesse Madame », l. 8, alors que la Comtesse appelle sa servante par son prénom et utilise même un surnom « Suzon », l. 9, 15... C’est la Comtesse qui dirige la conversation : elle pose des questions et Suzanne y répond. À aucun moment, Suzanne ne prend d’initiative pour mener elle-même la conversation : l. 6 « Conte-moi tout », l. 9 : « Quoi, Suzon, il voulait te séduire ? », l. 23 : « Eh bien, Suzon ? » l. 27 : « Laissons ces folies »...Lorsque Suzanne dit que le Comte « voulait [l’] acheter », l. 11 au lieu de la « séduire » et introduit cela en disant : « Il n’y met pas tant de façons », elle se montre consciente de la place sociale qu’elle occupe.

2-Cependant, nous constatons très rapidement qu’elles sont très proches et qu’au-delà des conventions sociales une véritable complicité existe entre elles. Le surnom déjà cité de « Suzon » est une marque d’affection. Elle s’adresse aussi à elle avec tendresse en employant l’adjectif possessif « ma » et des adjectifs comme « pauvre » et « chère » ; ainsi, semblent-elles partager le même sort : « Ma pauvre Suzanne » l. 27 puis l. 32 « Ma chère ». 3-Elles parlent alors du Comte et ce sujet, qui aurait pu provoquer la jalousie de la Comtesse et les éloigner, les rapproche au contraire. Les deux femmes se disent tout. « Ferme la porte, Suzanne,

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