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Analyse linéaire l'école des femmes acte I scène III

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Par   •  20 Janvier 2019  •  Analyse sectorielle  •  2 271 Mots (10 Pages)  •  6 187 Vues

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Analyse linéaire Théâtre n°1

L’école des Femmes, Molière, 1962 : Acte I, Scène 3

                    Le texte étudié est la scène trois de l’acte un de la pièce L’école des femmes écrite par Molière en 1662. Cette pièce met en scène Arnolphe, un barbon ingénieux qui pour ne jamais souffrir d’être un jour trompé veut épouser Agnès, jeune fille qu’il recueille dès l’âge de quatre ans et qu’il s’est appliqué à faire élever dans la plus grande ignorance des choses de la vie. Ingénieux mais mis en échec par ses excès de confiance, Arnolphe tout au long de la pièce ne cesse d’être trompé ou de se tromper. La scène qui précède celle étudié en est le premier exemple notoire : Georgette répond d’abord « triste ? non. » à Arnolphe qui lui demande si Agnès était triste de ne pas le voir pendant un long moment puis, voyant que celui-ci insiste elle décide de lui mentir et se moque de lui, le comparant à une « âne », un « mulet » que Agnès aurait pris pour lui à chaque instant, impatiente de la voir. Ainsi la troisième scène débute t’elle après cette première tromperie et fait entrer en scène le personnage d’Agnès pour la première fois, annonçant entre les lignes que le mari qui entreprend tout pour ne pas être cocu est l’est d’ores et déjà.  En effet, ce qui fait l’intérêt de cette scène est qu’il s’agit de la première apparition d’Agnès et rencontre sur scène avec Arnolphe.  Pourtant ignorante elle semble se jouer d’Arnolphe qui ne s’aperçoit de rien. Cette scène relativement courte composée uniquement de neuf répliques partagées entre Agnès et Arnolphe sous les yeux de Georgette et Allain peut être divisée en deux moments. Jusqu’au début du vers 239 : « Que faites-vous là ? », Agnès qui parait bien naïve conformément au portrait qui en est fait dans la scène d’exposition donne satisfaction à Arnolphe qu’elle berne subtilement. Puis, dès la fin du vers 239 « Je me fais des cornettes. » et jusqu’à la fin de la scène, Agnès révèle de manière à peine voilée qu’Arnolphe est cocu tandis que celui-ci est ridiculisé par son attitude satisfaite.

                      Sur scène sont présent Georgette, Alain, Arnolphe et Agnès qui apparait. Lorsqu’il la voit, Arnolphe est plein d’excitation comme l’indique le point d’exclamation du vers 231. Il remarque sa jeune protégée « la besogne à la main », c’est-à-dire qu’elle est venue à lui avec un ouvrage de broderie. Puisque à la fin du vers 231 Arnolphe prononce ceci » C’est un bon témoignage » on peut supposer qu’il s’agit là d’une manigance d’Agnès qui sachant la volonté d’Arnolphe d’en faire une femme modèle et docile veut l’apaiser et le convaincre de sa soumission. En effet le mot témoignage que le pronom démonstratif « c’est » associe à la besogne fait de celle-ci la gageure de la « bonne conduite » d’Agnès. Aux vers suivant : 232 puis le début du vers 233, Arnolphe s’adresse ainsi à Agnès « Hé bien, Agnès, je suis de retour du voyage : / En êtes-vous bien aise ? » pour la saluer. L’onomatopée « Hé » suivit du complément circonstanciel de manière « bien » est connoté condescendant car Arnolphe semble interpeler la jeune fille par un bruit plus que par un salut courtois qu’il fait suivre du mot « bien » adressé d’avantage aux enfants qu’aux adultes. Il la nomme puis annonce être de retour de voyage, avant même de lui avoir demandé de ses nouvelles il utilise le « je » qui renforce l’impression d’un personnage confiant, peut-être égocentré et participe donc du ridicule que revêtira le personnage qui pêche par excès de confiance. Au lieu de lui demander « êtes-vous bien aise », il ajoute le pronom personnel « en » et demande seulement si la jeune fille est heureuse de son retour. Question à laquelle elle répond brièvement dans la seconde moitié du vers 233 par un respectueux et mesuré « Oui, Monsieur, Dieu Merci » qui révèle par la ponctuation hachée des virgules et sobre du point qu’elle n’éprouve aucune excitation à le revoir. De surcroit l’utilisation de ces quatre mots simples et très polis montrent qu’Agnès répond sur un mode très formel comme si elle récitait une phrase apprise par cœur. Elle n’est pas du tout familière ou intime à contrario d’Arnolphe qui la nommait ou utilisait exclamation et onomatopée. Au vers 234, Arnolphe répond ainsi « Et moi de vous revoir je suis bien aise aussi. » à une question que ne lui a pas retournée Agnès.  Ce qui crée un comique de la situation, plus précisément de « décalage » car Arnolphe qui se place dans une position de supériorité vis-à-vis de la jeune fille est en fait celui qui questionne et ne se voit pas retourner la question, il demande l’attention d’Agnès qui parait peu réceptive. Puis, c’est au vers 235 après avoir une nouvelle fois parlé de lui qu’il s’inquiète de la jeune fille la questionnant ainsi : « Vous vous êtes toujours, comme on voit, bien portée ? ». L’utilisation du groupe verbal « Bien portée » dénote du manque de délicatesse, de verve d’Arnolphe utilisant l’expression peu séduisante : « bien portante » au participe passé. Au vers 236 Agnès répond sans prononcer « oui » ou « non » mais sous-entend qu’elle s’est en effet toujours bien portée « Or les puces, qui {l}’ont la nuit inquiétée. » grâce à l’utilisation de « hors » complément circonstanciel de lieu (?).  Ce vers est un dizain contrairement aux répliques d’Arnolphe qui sont des alexandrins, toutes les répliques d’Agnès sont soit des moitiés d’alexandrin soit ce dizain jusqu’à lors, ce qui est représentatif de son désintérêt et de son empressement de retourner à sa « besogne » et qui contraste avec le comportement d’Arnolphe. Le virgule qui coupe cette réplique d’Agnès la troisième syllabe sépare dans le texte mais aussi dans la diction les « puces » et « la nuit inquiétée », bien que réunies par le prénom relatif « qui » il y a alors un doute sur ce qui troubla les nuits d’Agnès et « les puces » sonnent comme un alibi dont Arnolphe ne s’aperçoit. Alors, il lui répond » Ah ! vous aurez dans peu quelqu’un pour les chasser. » au vers suivant. L’exclamation et l’onomatopée « Ah » à nouveau l’arquent le décalage entre l’état d’esprit des deux personnages. Lui proposant de venir chasser les puces de son lit, Arnolphe une nouvelle fois déclare sa « flamme » à Agnès de manière très peu charmante. De fait voit-on la dimension dogmatique du personnage qui ne tente même pas de séduire Agnès qu’il se croit du. Au début du vers 238 la réponse d’Agnès « Vous me ferez plaisir » sonne clairement comme ironique et montre alors comment elle se joue de son soupirant. En effet, l’alexandrin tronqué en un sizain qui borne ses mots ainsi que la ponctuation indiquent que le « plaisir » est feint. A cela Arnolphe répond « Je le puis bien penser. » prenant alors la suite du sizain d’Agnès comme satisfait de cette réponse qu’il pense sincère et se satisfait de s’imaginer bientôt dans son lit. Le début du vers 239 est l’occasion pour Arnolphe de s’intéresser à la « besogne » d’Agnès à laquelle il demande « Que faites-vous donc là » en un nouveau sizain. La petitesse de cette réplique en comparaison avec le précédent débit de parole d’Arnolphe dénote d’un intérêt moindre pour ce que fait la jeune femme que pour ce que lui pense et veut dire de lui comme nous l’avons montré précédemment. Mais cette question est l’occasion pour Agnès d’assoir sa tromperie du barbon et d’afficher plus manifestement au spectateur sa malice.

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