| Explication linéaire n°1 : « Le dormeur du Val » Auteur : Arthur Rimbaud Date : 1870 | 
| « Je vais vous présenter une lecture linéaire du poème « Le dormeur du Val » de Arthur Rimbaud » | 
| Introduction :  Guerre franco-prussienne en 1870 ; Rimbaud = témoin direct de cet évènement au cours de sa 1ère fugue d’aout 1870. On ignore si le poème se fait l’écho d’une scène vécu par l’artiste toutefois poème chargé d’une dimension polémique : opposition ferme à la guerre et à l’Empire (Napoléon III)Le recueil « Les cahiers de Douai » dont est issu le poème est le cri d’un révolté contre la religion, la guerre, l’Empire et la société bourgeoiseLe recueil se compose de 5 cycles : la sensualité et les émotions amoureuses ; la satire grinçante et enjouée ; la condamnation de la guerre ; la révolte sociale et politique et enfin ; la bohème, la liberté et le bonheur de vivre. « Le dormeur du val » s’associe aux poèmes « Le mal » ; « Morts de 92 » ; « L’éclatante victoire de Sarrebruck » ou encore « Rages de César » afin de former le cycle de la condamnation de la guerre. Le poème propose une représentation impressionniste d’un cadre en apparence idyllique où se repose un jeune soldatToutefois, plusieurs éléments entrent en dissonance et génèrent un effet de malaise qui annoncent la pointe du sonnet et son jeu de renversement. 
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| Problématique :  Comment l’auteur à travers la représentation d’un soldat endormi au cœur d’une nature magnifiée prépare la chute brutale du sonnet au service d’une dénonciation de la guerre ?  | 
| Mouvements du texte :  Vers 1-4 : Une représentation ambivalente d’un cadre idyllique qui acquiert une dimension programmatique Vers 5-8 : Un portrait déconcertant qui met à jour la dimension polémique du sonnet et annonce la transfiguration à venir du jeune soldatVers 9-14 : Le temps de la révélation et de la transfiguration du soldat en figure christique
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| Analyse linéaire 1er mvmt :  « C’est un trou de verdure où chante une rivière. Accrochant follement aux herbes de haillons » « trou » ; « une rivière » + convocation des sens : vue (« verdure », « d’argent ») ; toucher (« accrochant ») et ouïe (« chanter ») = code du locus amoenus = cadre idyllique  participe présent « accrochant » + adverbe « follement » = amener au sein du cadre un mouvement, vie : peinture impressionniste« chante » personnification de la nature = nature juvénile 🡪entre en contraste avec la vie du soldat 🡪 la nature se gorge de la vie du soldat Allitération en « r » = met en valeur la fixité du soldat Métaphore de l’eau : « des haillons d’argent » 🡪 rôle d’annoncer la guerre et la mort
 « D’argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons » Mouvement vertical du soleil jusque dans le val : préposition « de » + mouvement horizontal de la rivière 🡪 image de la croix du Christ qui s’est sacrifier pour nous changer = espoir que la mentalité change grâce à son poème et au sacrifice du soldat (martyr)🡪 DIMENSION CHRISTIQUERedéfinit « val »🡪 jeu de révélation après la périphrase= esthétique de la révélation 🡪 DIMENSION PROGRAMMATIQUE de l’ensemble du poème Code locus amoenus avec féminité (« une rivière » ; « une montagne ») + masculinité (homophonie « luit » 🡪 « lui ») = amants MAIS reprends les codes pour mieux les détourner 🡪 pas d’amants puisque cadavre
 
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| Analyse linaire 2nd mouvement :  « Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant sans le frais cresson bleu, » Postposition « soldat jeune » 🡪 mise en valeur de l’adjectif = démontrer horreur de la guerre🡪 jeunesse associée à la guerre = contre nature de la situation = DENONCIATION DE LA GUERRE Code du locus amoenus : sensualité « jeune » ; « bouche », « nue » MAIS déconstruit par « soldat » 🡪 dimension polémique = détruit le cadre idyllique, il joue avec nous Participe passé à valeur durative « ouverte » et participe présent « baignant » = mouvement figé donc mort Tête dans l’eau, posture étrange🡪 créer un malaise : poème est un jeu de devinetteDIMENSION CHRISTIQUE : lettre « o » très présente = rappel de l’auréole + « bleu » alias couleur de la pureté 
 « Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut » Homophonie « dort 🡪 « or » , met en évidence l’alchimie et la métamorphose de la mort du soldat : transfiguration à venir « dort » ; « étendue » ; « lit » = euphémisme de la mort🡪 sommeil OPPOSITION préposition « dans » ; « sous » = tombeau , enseveli dans la nature« nue » = dimension sacré + « lit vert » promesse d’un renouveau = connotation christiqueAdjectif « pale » couleur cadavre/macabre « lumière pleut » personnification avec un verbe impersonnel qui devient personnel= nature humanisée, elle absorbe la mortalité du soldat. 
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| Analyse linéaire 3èmemouvement :  « Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : » « glaïeuls »🡪 vient du latin « gladius » qui signifie la glaive donc évocation de guerre 
 Fleur mortuaire = soldat mort mais Fleur du renouveau et victoire=Dimension sacrée  Polyptote participe présent « souriant » / conditionnel « sourirait » 🡪 un sourire figé (suspect)Répétition de « dort » + comparaison « enfant malade » 🡪 suspect, passage cadre euphorique à dysphorique =ESTHETIQUE DE LA REVELATION 
 « Nature, berce le chaudement : il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur la poitrine » Personnification de la nature = vierge qui berce l’enfant (Marie et Jésus) Importance au sensation + négation = insiste sur le fait qu’il ne perçoit rien, soldat mort Allitération en « f » (« froid »+ « parfums »+ « font »+ « frissonner »)= on entends les parfums ( ouïe et odorat) =synesthésie « la main sur la poitrine » 🡪 position ambivalente (paisible ou défense) = repousse jusqu’au bout a révélation 
 « Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit . » Acrostiche « lit » (Les, Il, Tranquille) 🡪 euphémisme ou homophonie « lit » incitant le lecteur à mieux enquêter Rejet de « tranquille » = euphémisme, différer la pointe « deux trous rouges au côté droit »= métonymie, cause pour effet 🡪 atténue l’effet Figure christique, double du christ= christ crucifié puis planter pour vérifier sur son coté droit 
 
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