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Politique climatique et environnement

Commentaire d'oeuvre : Politique climatique et environnement. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Mai 2020  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 804 Mots (8 Pages)  •  430 Vues

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DEVOIR 2

L’analyse en termes de classes sociales est-elle pertinente pour rendre compte de la structure sociale aujourd’hui ?

« L’histoire de toute notre société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes » déclarent en chœur Karl Marx et Friedrich Engels dans le Manifeste du Parti communiste en 1848. Ils inspirent Warren Buffet, qui déclare près de 150 ans plus tard : « c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre et qui est en train de la gagner ». L’analyse en termes de classes sociales apparaît alors au fondement des analyses anciennes et modernes de la structure sociale.

La classe sociale, dans son acception sociologique stricte, apparaît après la Révolution. Elle succède aux ordres de l’Ancien Régime pendant la Révolution industrielle. Elle désigne un groupe d’individus aux situations semblables. Marx affine cette définition : la classe se caractérise par sa place dans le système de production (c’est la classe « en-soi »). De plus, une classe n’est vraiment telle que lorsqu’elle prend conscience de ses intérêts communs (elle devient alors une classe « pour-soi »). La structure sociale peut se définir comme l’ensemble des relations qui unissent les individus d’un même groupe social.

Si, comme nous l’ont expliqué Marx puis Buffet, l’analyse en terme de classe sociale semble immuable, comment expliquer l’émergence d’une vaste classe moyenne qu’ont rendue visible les travaux d’Henri Mendras ? La pertinence de cette analyse peut être également remise en cause suite à l’affaiblissement de la conscince de classe, en particulier ouvrière, visible dans la chute des chiffres de syndicalisation. Les classes mobilisées sembleraient disparaître peu à peu, ne laissant que des groupes sociaux divers naviguer dans la large toupie de la structure sociale moderne. Au-delà du concept de classe, de nouveaux facteurs de différenciation sociale semblent aussi brouiller l’analyse en termes de classes sociales.

Finalement, l’analyse en termes de classes sociales est-elle pertinente pour rendre compte de la structure sociale aujourd’hui ?

Si la structure sociale semble toujours pouvoir être analysée à l’aune du concept de classe sociale à certains égards (I), il apparaît toutefois que ce concept a connu de vastes mutations qui le rendent moins pertinent pour décrire la nouvelle stratification de nos sociétés (II).

Le concept de classe sociale apparaît, à certains égards, toujours pertinent pour décrire la structure sociale : de forts clivages demeurent en effet malgré la moyennisation des Trente Glorieuses (A), et la fin de cette période de forte croissance serait même à l’origine d’un « retour des classes sociales » (B).

        Il apparaît d’abord que de forts clivages demeurent dans les sociétés modernes, rendant le concept de classe sociale opérant dans la première acception que nous avons définie : les classes sont marquées par de fortes différences dans leurs conditions de vie respectives. Certes, une moyennisation s’est produite après les années soixante. Henri Mendras, dans La Seconde Révolution française, explique en 1988 qu’une vaste constellation centrale, les cadres, s’est développée et véhicule désormais les valeurs en lieu et place des classes dirigeantes. Cette nouvelle catégorie rendrait diffuses les anciennes distinctions en termes de classes sociales. Les rapprochements des niveaux de vie expliqués pour Henri Mendras sont d’ailleurs visibles dans le document 3. En tre 1980 et 2012, les taux d’équipement des ménages en produits électroménagers et électroniques ont fortmeent progresser pour converger vers des valeurs extrêmement élevées, à l’exception du lave-vaisselle encore rare dans les petites surfaces pour des raisons pratiques plus que financières. Cette moyennisation, toutefois, ne doit pas occulter les forts clivages qui demeurent entre des groupes sociaux de revenus différents. La consommation ostentatoire demeure l’apanage des classes aisées depuis les travaux de Thorstein Veblen. Les coefficients alimentaires sont toujours, de même, fortement différenciés selon les groupes sociaux. Un membre d’une catégorie intellectuelle supérieure consomme ainsi trois fois plus de poisson qu’un ouvrier chaque année.

Plus significatif encore, les clivages demeurent prégnants en termes de pratiques culturelles. Certes, concédons ici encore que la culture populaire est devenue transclasse. Néanmoins, il subsiste encore une distinction entre ce que Bernard Lahire appelle les « univores » et les « omnivores ». Les classes supérieures, omnivores, se caractérisent ainsi par la diversité de leurs pratiques culturelles, à la différence des classes populaires univores. En somme, classes populaires et aisées écoutent désormais toutes du rap, mais ces dernières continuent pour autant d’aller à l’opéra. Les clivages mutent, s’affinent, mais demeurent.

Enfin, l’intégration à la vie sociale reste différenciée selon le niveau de revenu. Les classes populaires, du fait de leur expérience fréquente de chômage, sont plus éloignées du « foyer central » décrit par Halbwachs dans le cadre de sa théorie du feu de camp dans La classe ouvrière et les niveaux de vie.  Une analyse contemporaine pourrait être l’identification du travail à ce foyer central. Son éloignement, par le chômage, serait ainsi favorable à la survenue d’expériences de déqualification (Serge Paugam) ou de disqualification sociale (Robert Castel).

La fin de la période des Trente Glorieuses serait même à l’origine d’un « retour des classes sociales », selon l’expression de Louis Chauvel. La pertinence de l’analyse de la structure sociale en termes de classe sociale en serait encore renforcée. Ainsi, les inégalités économiques se creusent de nouveau. L’écart interdécile des revenus est de 4. Concernant le patrimoine, les 10% les mieux dotés ont des possessions d’une valeur 205 fois plus élevées que les 10% les plus pauvres. Moyennisation, disait-on ? En considérant une approche nominaliste empruntée à Max Weber, il serait plus approprié de dire que la classe demeure bel et bien, ici au sens économique. Les ouvriers et les employés pourraient ici être rapprochés, formant un nouveau prolétariat. Selon le document 1, un graphique issu de l’INSEE datant de 2015, leur effectif cumulé représente près de 50% de la population répartie dans l’ensemble des catégories socioprofessionnelles. La forte homogamie chez les cadres et professions intellectuelles supérieures favoriserait la fermeture des classes sociales sur elles-mêmes, et de facto le renforcement de leurs distinctions. Pierre Bourdieu, dans La distinction, explique la faible mobilité verticale par les capitaux dont disposent ces classes aisées et qu’elles mobilisent dans le champ économique.  Ce manque de fluidité social est objectif : les rapports de chance relatifs montrent que, sur cent fils de cadres, 53 le deviennent à leur tour. On a ainsi 34 fois plus de chances d’être cadre si on est fils de cadre plutôt que d’ouvrier. Les classes sont de retour.

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