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TD approche des genres littéraires

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Par   •  19 Octobre 2020  •  Cours  •  1 850 Mots (8 Pages)  •  2 896 Vues

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Analyse linéaire de l’extrait de Madame Bovary, première partie, chapitre XVIII

« Mme Bovary remarqua que plusieurs dames n’avaient pas mis leurs gants dans leurs verres… Charles vint l’embrasser sur l’épaule »

Introduction : contextualisation

Gustave Flaubert (1821-1880), fils d’un chirurgien réputé de Rouen, a voué sa vie essentiellement à la littérature : hanté par la perfection formelle, il consacre plusieurs années à écrire chacune de ses oeuvres (L’Éducation sentimentale, Salammbô…). Ses romans sont empreints de réalisme pessimiste (qui lui vaudra d’ailleurs, en 1857, un procès pour immoralité, à propos de la peinture de l’adultère dans Madame Bovary), mais aussi d’une ironie qui les rend très modernes. Gustave Flaubert a ainsi consacré toute sa vie à l’écriture. Je soulignerai ici qu’il a été influencé par les écrivains romantiques dont il a cherché à se démarquer. Ainsi avec Madame Bovary, il a voulu faire un roman « réaliste et psychologique ». Ce roman de Flaubert a été jugé à sa sortie pour « outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes moeurs » en 1857.

Emma Bovary est une héroïne qui, influencée par ses lectures de jeunesse rêve d’amour et de luxe. Fille d’agriculteurs, elle a reçu une certaine éducation, nourrie de lectures romanesques, et aspire à une vie pleine de grands sentiments, de luxe, d’exotisme… Pour échapper à son milieu, elle épouse un médecin de campagne, Charles Bovary, mais se retrouve finalement confrontée à la médiocrité de la vie provinciale dans le petit bourg de Yonville près de Rouen. Elle devient alors une proie rêvée pour Rodolphe, don Juan médiocre et sans scrupule, qui en fait sa maîtresse. Emma croit s’émanciper dans l’adultère qu’elle voit toujours comme une grande passion romanesque, et s’imagine qu’elle s’est libérée des lois sociales...

Nous allons maintenant étudier l’extrait de ce roman et répondre à la problématique suivante : Comment la dissonance entre les aspirations de l’héroïne et la réalité se manifeste-t-elle dans l’écriture ?

Le cadre spatio temporel de l’extrait permet d’identifier les deux mouvements que nous allons étudier successivement dans les deux parties de notre explication linéaire :

Première partie : le premier mouvement l.1-15 : un somptueux dîner

Ce premier mouvement vise à rendre compte de la fascination d’Emma Bovary pour un cadre enchanteur où va voir lieu un somptueux diner.

Le cadre fascine Emma car elle est invitée à une réception mondaine comme le montre l’expression « toutes ces femmes » qui souligne, avec le déterminant “toutes” la présence des nombreux invités. L’univers évoqué ressemble à celui d’un conte de fée ou à celui d’une cour royale, "Les dames, ensuite, montèrent dans leurs chambres s’apprêter pour le bal.” Emma est également fascinée par l’aspect luxueux du cadre comme le soulignent les noms "champagne", "grenade", "ananas“. Les serviteurs sont également évoqués au travers du pronom personnel indéfini "on" dans "on versa du vin ” ce qui contribue à accentuer l’aspect luxueux du cadre. Pour finir, les sens du personnage sont en alerte: la vue est stimulée, " sans cesse les yeux d’Emma revenaient“ à ligne 9, le goût également, "frissonna de toute sa peau en sentant ce froid dans sa bouche“ à la ligne 12. Cette fascination engendre une confusion entre la réalité et la perception qu'elle en a, trop influencée par ce cadre, comme le montrent les superlatifs, ligne 14-15, "Le sucre en poudre même lui parut plus blanc et plus fin qu’ailleurs. "

Cependant au fur et à mesure de la lecture, il nous est possible d’observer le décalage entre Emma Bovary et l’univers dans lequel elle est plongée à l’occasion de ce diner. Ainsi, la phrase « Mme Bovary remarqua que plusieurs dames n’avaient pas mis leurs gants dans leur verre » (l.1) permet d’observer qu’Emma ne connait pas les codes de la société dans laquelle elle se trouve. En effet, l’action de mettre ses gants dans son verre informe que l’on ne souhaite pas boire d’alcool. Or cette pratique est propre au monde dont vient Emma mais pas à celui de la « haute société » où les femmes boivent de l’alcool. Mais cette phrase montre aussi combien Emma est perspicace, elle est aux aguets pour savoir ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire, elle aimerait connaitre ces codes.

Il est également possible de relever dans ce passage des citations qui donnent des indications sur la sénilité du duc. Je citerai les extraits suivants et relèverai ce qu’ils indiquent :

  • Les expressions « courbé sur son assiette » (l.2) et  « laissant tomber de sa bouche des gouttes de sauce » (l.3-4) nous informent sur le fait que le personnage ne peut plus se tenir à table de façon convenable.
  • L’expression « lui nommait tout haut, dans l’oreille » (l.10) nous indique que le personnage est sourd.
  • Et enfin l’expression « qu’il désignait du doigt en bégayant » (l.10) nous indique que le personnage ne peut plus articuler.

Le personnage est donc bien sénile. La vieillesse l’a envahie et il a besoin d’assistance pour réaliser tous les actes de la vie courante. Pourtant, les expressions utilisées par Emma soulignent son admiration pour le duc :

  • « sans cesse les yeux d’Emma revenaient d’eux-mêmes » (l.10-11)
  • « quelque chose d’extraordinaire et d’auguste » (l.12)
  • « Il avait vécu à la Cour et couché dans le lit des reines ! » (l.12-13).

On observe qu’elle voit dans le duc ce qu’il a été et non pas ce qu’il est. Surtout, elle y voit le fait d’appartenir à la haute société de l’époque. Comme le montre la dernière expression à la ponctuation expressive (présence d’un point d’exclamation) « Il avait vécu à la cour et couché dans le lit des reines ! ». Cette phrase, au style indirect libre, est très intéressante car il s’agit d’un récit et pourtant cette phrase rend compte d’une parole. On ne sait pas qui la prononce, pourtant par le fait qu’elle manifeste de l’admiration pour la vie du duc, on peut supposer qu’il s’agit d’une pensée ou d’une parole qui provient d’Emma elle-même.

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