La religion comme entrave à la liberté
Commentaire d'arrêt : La religion comme entrave à la liberté. Recherche parmi 303 000+ dissertationsPar dfzdf • 9 Décembre 2025 • Commentaire d'arrêt • 1 962 Mots (8 Pages) • 5 Vues
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I. La religion comme entrave à la liberté
A. L'aliénation psychologique : la religion infantilise l'homme
Exemple : Freud et la névrose religieuse
Freud, dans L'Avenir d'une illusion (1927), analyse la religion comme "névrose obsessionnelle universelle de l'humanité". Selon lui, Dieu n'est qu'une projection du père infantile idéalisé : l'être humain, angoissé par sa vulnérabilité face à la nature et à la mort, crée une figure paternelle toute-puissante qui le protège et donne un sens à sa souffrance. Cette croyance relève du même mécanisme que la névrose : des rituels répétitifs (prières, rites religieux) destinés à apaiser l'angoisse. Pour Freud, la religion infantilise l'humanité en l'empêchant d'affronter rationnellement la réalité. Le croyant demeure dans un état de dépendance psychique, incapable d'assumer sa condition d'adulte orphelin dans un univers indifférent. La vraie liberté exigerait de dépasser cette illusion consolatrice par la raison scientifique, même si cela implique de renoncer au réconfort qu'offre la foi. La religion empêche ainsi l'homme de devenir majeur, pour reprendre le vocabulaire kantien : elle le maintient dans une minorité volontaire où il préfère l'autorité rassurante d'un Père céleste à l'angoisse de l'autonomie.
B. L'hétéronomie morale : la soumission à une loi extérieure
Exemple : Kant et les limites de la raison
Emmanuel Kant, dans La Religion dans les limites de la simple raison, tente de dégager le noyau rationnel et universel des religions historiques. Pour Kant, toute religion positive contient deux dimensions : une dimension historique et contingente (révélations, rites, dogmes particuliers), et une dimension morale universelle, accessible à la raison pure pratique. Cette seconde dimension constitue la "vraie religion", celle qui commande à tout être raisonnable d'agir selon l'impératif catégorique. La vraie liberté morale réside dans l'autonomie : se donner à soi-même sa propre loi par la raison. Or, les religions révélées imposent une hétéronomie : elles demandent d'obéir à des commandements venus d'ailleurs, d'une autorité extérieure (Dieu, les Écritures, l'Église). Même si ces commandements coïncident avec ce que la raison prescrit, leur obéissance n'a de valeur morale que si elle procède de la libre adhésion rationnelle, non de la soumission aveugle. La religion positive risque donc toujours de substituer la crainte du châtiment ou l'espoir de la récompense à la pure motivation morale. Elle peut certes véhiculer des vérités morales, mais elle les enveloppe dans des formes historiques contingentes qui menacent l'autonomie du sujet moral.
C. La violence théocratique : quand la religion confisque la liberté politique
Exemple : Rousseau et les dangers du double pouvoir
Jean-Jacques Rousseau, dans Du Contrat social (Livre IV, chapitre 8), analyse la tension entre foi religieuse et citoyenneté politique. Il constate que le christianisme, en séparant l'autorité spirituelle de l'autorité temporelle ("Rendez à César ce qui est à César"), a introduit une division fatale dans le cœur des citoyens : l'homme devient "double", obéissant tantôt aux lois de la cité, tantôt aux commandements de l'Église, sans pouvoir intégrer ces loyautés concurrentes. Cette schizophrénie est source d'instabilité politique, comme l'ont montré les guerres de religion. Plus encore, lorsque le pouvoir religieux prétend régenter la vie publique, il confisque la liberté politique des citoyens en imposant une orthodoxie et en punissant l'hérésie. Les théocraties, qu'elles soient chrétiennes (États pontificaux), islamiques (Iran post-révolutionnaire) ou juives (certains courants du sionisme religieux), subordonnent la loi civile à la loi divine interprétée par une caste cléricale. Les individus perdent alors leur liberté de conscience, d'expression et d'organisation politique, puisque toute dissidence devient blasphème. L'histoire est jalonnée d'Inquisitions, de bûchers, de persécutions des hérétiques et des apostats, témoignant de la violence que déploie la religion lorsqu'elle s'arroge le pouvoir temporel.
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II. La religion comme condition de la vraie liberté
A. La libération de l'aliénation matérialiste
Exemple : Marx retourné - la théologie de la libération
Paradoxalement, c'est en reprenant certains outils de Marx que Gustavo Gutiérrez, dans Théologie de la libération (1971), montre comment la foi peut être agent de libération. Gutiérrez relit l'Exode non comme un mythe intemporel mais comme paradigme de libération historique : Dieu intervient dans l'histoire pour libérer un peuple esclave de l'oppression pharaonique. Cette libération n'est pas seulement spirituelle (du péché) mais intégralement humaine : politique, économique, sociale. L'"option préférentielle pour les pauvres" signifie que Dieu Se révèle dans la lutte contre les structures d'oppression. Alors que Marx voyait la religion comme opium endormant la conscience révolutionnaire, Gutiérrez montre qu'une foi authentique peut au contraire éveiller à la conscience de l'injustice et mobiliser pour la transformation sociale. La religion libère ici l'homme de l'aliénation matérialiste du capitalisme qui réduit la personne à sa force de travail, et de l'aliénation consumériste qui mesure la valeur humaine à la possession. En affirmant la dignité transcendante de chaque personne comme image de Dieu, la foi fonde une résistance aux systèmes qui chosifient l'humain. Le Royaume de Dieu commence ici-bas, dans l'édification d'une société juste, refusant le dualisme qui sépare le spirituel du temporel.
B. Le fondement transcendant de la dignité et des droits
Exemple : Levinas et la responsabilité infinie
Emmanuel Levinas, dans Totalité et Infini, développe une philosophie où l'éthique précède l'ontologie, enracinée dans la tradition biblique. Pour Levinas,
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