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Préjugées

Commentaire d'oeuvre : Préjugées. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Mars 2015  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 545 Mots (7 Pages)  •  535 Vues

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A- Une question paradoxale (analyse des termes)

Paradoxale parce que les préjugés nous apparaissent justement comme des impensés. Et des impensés qui se présentent comme pensés. Ce sont des idées reçues qu’un examen approfondi fait apparaître comme fausses. Ex. les préjugés raciaux, sexistes, sociaux, culturels…

Ce qui distingue cette “idée reçue et fausse” d’un “stéréotype” (litt. “empreinte solide”, métaphore issue de l’imprimerie : un trait caractéristique généralisé à l’ensemble d’un groupe), c’est que le stéréotype, lui, peut se révéler juste. Ce qui la distingue des autres idées fausses (erreurs, illusions) c’est qu’elle n’a pas fait l’objet d’un examen (une idée fausse peut résulter d’un examen faussé).

Le préjugé est une idée reçue qui a été pensée par d’autres : c’est une pensée inerte, une pensée “toute faîte” - un “prêt à penser” standard, une “pensée empruntée” (comme on dit “un air emprunté”) et dont on se sert sans plus d’examen.

Passer du préjugé au véritable jugement requiert alors l’intervention de la pensée. La pensée pense contre les préjugés. Ex. la pensée scientifique, celle qui s’appuie sur des preuves issues de l’expérience et sur des procédures de validation rationnelles. Elle vise à considérer l’objet pour ce qu’il est lui-même, et distingue entre ce qui lui appartient en propre et ce qui est plaqué sur lui à partir de l’extérieur. Le biais entourant le jugement c’est ce qui empêche le jugement de se régler strictement sur l’objet, autrement dit ce qui fausse l’adéquation entre le jugement et la chose.

B- “S’affranchir” des préjugés : une exigence non seulement intellectuelle, mais également morale (contextualisation, caisse de résonnance)

C’est dans cette acception du verbe “penser” que la question prend son sens. Ici nous pouvons convoquer des exemples où “penser sans préjugés” se fait nécessité impérieuse : les jurés d’assise doivent considérer l’accusé tel qu’il est, indépendamment de tout préjugé à son égard; les scientifiques doivent s’efforcer d’avoir à l’égard de l’objet de leurs jugements une neutralité (la “neutralité axiologique”) pour ne pas fausser leur jugement (ex. un politologue qui pratiquerait une analyse à partir de ses seules opinions); les critiques d’art, de cinéma, les critiques gastronomiques (préjugés ad hominem contre le chef par exemple)… les citoyens en général qui ont à se prononcer sur une question avec pour seule préoccupation l’intérêt général - et la vie politique abonde de questions qui ne sont pas simples à trancher, sur lesquelles nous avons des préjugés que nous pouvons remettre en cause (par exemple le nucléaire, la famille, l’entrée en guerre…).

S’affranchir des préjugés, c’est le corollaire de l’exigence de penser par soi-même. Contre l’opinion dominante. Autrement dit de penser librement. Or "c’est ôter toute moralité à mes actions que d’ôter toute liberté à ma volonté". Penser sans préjugés est donc un impératif moral. Comme toute oeuvre d’émancipation, cela réclame de l’audace, un certain courage, voire le risque d’affronter une certaine solitude.

Dans l’allégorie de la caverne de Platon (République, livre VII) : les prisonniers sont enchaînés. Ce que l’allégorie montre, c’est à quel point nous sommes attachés à nos préjugés : ce sont des repères. Une certaine représentation du monde / une représentation certaine du monde. L’opinion dominante est une opinion qui cherche à dominer pour se conforter elle-même. La pression sociale entourant les préjugés est intense : elle peut s’avérer destructrice. Cf. l’inquisition contre Giordano Bruno, l’affaire Dreyfus etc. Cf. aussi le film Douze hommes en colère qui met en scène un homme seul en prise avec les préjugés de onze autres.

On a donc une nécessité - penser sans préjugés, une question : est-ce possible ? et une question sous-tendue : si c’est possible, comment s’y prendre ?

C- Se libérer des préjugés : une démarche méthodique (première piste de réponse)

Idée directrice : nous devons faire le tri dans nos certitudes. Reconnaître celles qui sont fiables et celles qui sont erronnées. C’est la tache que s’est assignée Descartes. Les préjugés sont hérités de l’enfance - “de ce que nous avons été enfants avant que d’être homme”. Les Méditations métaphysiques : passage du doute méthodique au doute hyperbolique. Les quatre préceptes du Discours de la Méthode et leur mise en oeuvre dans les Méditations. L’idée claire et distincte comme critère ultime. Le cogito comme proposition vraie “toutes les fois que je la prononce”.

La limite de la démarche : sans l’acceptation du risque de préjuger, la pensée risque de se retrouver seule avec elle-même (limite de la première piste)

II- Penser, c’est aussi devoir préjuger

A- La pensée est constante activité, pas simple réceptivité (reprise du sens de “penser”)

Penser

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