La Mondialisation

Ces trente dernières années, l’histoire a semblé s’accélérer : effondrement du mur de Berlin et du système communiste, domination de l’économie américaine, suprématie de l’idéologie néolibérale, diffusion des nouvelles technologies à travers un monde globalisé, mais aussi creusement des inégalités, crises financières à répétition, guerres… Tous ces évènements s’inscrivent dans un vaste processus de transformation économique, sociale et politique à l’échelle de la planète. C’est l’émergence progressive d’un nouveau capitalisme mondialisé sous l’effet de grandes forces, dont les nouvelles technologies et la globalisation financière.

D’où sort le nouveau monde dans lequel nous vivons ? Cinq ruptures majeures permettent de le comprendre (Cohen, 2006). La première est celle qui a été produite par ce qu’il faut appeler la « troisième révolution industrielle ». Cette première rupture concerne donc la révolution technologique. Tout comme il y eut une première révolution industrielle à la fin du XVIIIe siècle, puis une autre à la fin du XIXe siècle, il est utile de penser la période actuelle comme une troisième révolution industrielle. Au XVIIIe siècle, ce furent la machine à vapeur, mais aussi le métier à tisser et la métallurgie. Á la fin du XIXe siècle, ce sont l’électricité, le téléphone et le moteur à explosion qui transforment le monde. De nos jours, on parlerait d’internet, du microprocesseur et des ordinateurs de bureau.

La seconde rupture est sociale, elle procède d’une nouvelle façon de concevoir le travail humain. Liée à la précédente, elle relève de l’organisation du travail. De même que l’électricité va de pair avec l’organisation scientifique du travail (OST), le taylorisme, de même aujourd’hui la révolution informatique va de pair avec une nouvelle organisation du travail qui semble indissociable de son avènement. Le fait que ces phénomènes soient liés entre eux ne signifie nullement que la technologie produit mécaniquement son propre mode d’organisation sociale. Ces méthodes de production nouvelles ne sont pas directement nées de la révolution informatique, mais l’informatique permet d’en radicaliser l’usage, et de créer de nouvelles applications pour lesquelles se développera l’idée de la « mise en réseau » d’unités de productions complexes, au sein et en dehors de la firme.

La troisième rupture est une révolution culturelle, que l’on associe souvent à un éveil de l’individualisme contemporain, marqué en France par Mai 68 pour certains auteurs, et qui vient remettre en question le « holisme industriel » qui avait prévalu jusque-là.

La quatrième rupture vient des marchés financiers et de leur développement fulgurant depuis les années 1980. On parle alors d’une révolution financière,

souvent décrite comme la prise du pouvoir des marchés financiers dans le management des entreprises, et dans leur capacité à orienter leur périmètre d’activité et leur organisation. Cette rupture marque le point de départ du nouveau capitalisme « actionnarial ». Ce nouveau régime capitaliste est caractérisé par l’interventionnisme des fonds de pension et la manière dont la « gouvernance d’entreprise » impose aux firmes certaines normes (A.Orléan, 1999). Tout au long des années 1980,

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