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Sous L'orage Le Respect De La Parole Donée

Mémoire : Sous L'orage Le Respect De La Parole Donée. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Mars 2013  •  1 949 Mots (8 Pages)  •  1 229 Vues

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L’autorité paternelle bafouée

On a déjà mentionné en passant l’intrigue de Sous l’orage. On examinera la façon dont elle est construite et l’intérêt qu’elle apporte au déroulement des événements du récit. L’intrigue de ce roman est bâtie sur l’opposition entre le choix du père et celui de sa fille. D’une part, selon la tradition, le père a choisi comme époux pour sa fille un homme qui lui plaît ; d’autre part, sa fille, selon sa conception nouvelle du mariage, a choisi un jeune homme qu’elle aime. Il faut souligner que celle-ci a appris à l’école sa conception nouvelle du mariage d’amour.

C’est là le nœud de l’intrigue et le lecteur est obligé de s’arrêter pour se poser des question : Que fera le père ? Permettra-t-il à sa fille d’épouser la personne qu’elle aime ? Ou bien, la forcera-t-il à épouser l’homme qu’il lui a choisi ? La jeune fille fera-t-elle un mariage heureux ou malheureux ? Se soumettra-t-elle à l’autorité paternelle ? Ou bien, se révoltera-t-elle contre son père ? Comment en sortira-t-elle ? Ces nombreuses questions que le lecteur se pose démontrent la réussite d’une véritable intrigue d’amour, telle qu’on la trouve dans le théâtre classique français. C’est le mérite de S. Badian en tant que romancier. Comme l’a justement remarqué J. Chevrier.

« Cette situation dramatique, qui rappelle maintes comédies de Molière, est l’occasion pour Seydou Badian de dresser un réquisitoire aussi bien contre l’autorité abusive des anciens que contre la domination européenne au Soudan. Le roman constitue également un témoignage précieux sur l’évolution du Mali à la veille des changements politiques qui devaient conduire à l’indépendance » [16]

Mais l’œuvre de Badian va plus loin que ne l’imagine Chevrier car, « l’autorité abusive des anciens », la « domination européenne » et les phénomènes de l’indépendance, ne sont pas des faits particuliers au Mali. Bien au contraire, ce sont les caractéristiques de l’Afrique noire tout entière.

Dans la situation dramatique du roman, nous constatons qu’il y a une impasse temporaire dans le déroulement de l’action.

« Alors que le père Benfa regardant sa fille pensait à Famagan le marchand, Kany, au fond d’elle-même se sentait liée à Samou pour la vie... oui, pour la vie. Ce mot, ils se l’étaient maintes et maintes fois dit depuis qu’ils s’étaient vus » [17]

Si le père et sa fille restent chacun intransigeant dans son camp, on ne peut pas ne pas se poser la question : Pour sortir de cette impasse, qui cèdera ? Le père ou sa fille ? En plus, il faut remarquer que l’enjeu est grand pour le père aussi bien que pour sa fille. Le père ne peut pas céder sans compromettre son autorité paternelle et par là la tradition. D’une part, sa fille ne peut pas céder sans compromettre son amour ; d’autre part, elle ne peut pas se révolter contre son père sans risquer ses études. Dans cet univers romanesque, il est intéressant d’observer de près le cours des événements qui, dans la vie réelle, peuvent prendre une dimension différente de celle qu’on analyse dans l’abstrait. On constate que sur le plan humain il y a un conflit entre le père et sa fille. Mais au niveau abstrait du terme, c’est un conflit entre l’autorité paternelle et l’amour ; et pour que l’amour triomphe, il faut que la jeune fille se révolte contre son père car, si elle cède, elle compromettra et l’amour et ses études, tout en épousant l’homme qu’elle n’aime pas. Mais une question se pose : la jeune fille peut-elle sauver son amour sans mettre fin à ses études ? Il n’est pas certain qu’elle puisse continuer ses études sans le soutien financier de son père, étant donné que l’éducation n’est pas encore gratuite en Afrique. En l’occurrence, on ne peut pas deviner avec précision quelle sera l’issue de ce conflit. Tout dépend des deux personnages dans la mesure où l’un ou l’autre peut changer d’avis et par là changer le cours des événements.

Malgré l’opposition de Kany, le père Benfa continue de préparer, à l’insu de sa fille, le mariage de celle-ci avec le vieux Famagan, l’homme qu’il lui a choisi. La mère de Kany, maman Téné, est très attachée à sa fille. Elle est au courant du projet du père Benfa et en redoute le résultat :

« On comprend donc que ce projet de mariage, au lieu de joie inspirait plutôt de l’inquiétude à maman Téné. Celle-ci prévoyait des orages elle imaginait déjà les pleurs et les sanglots de sa fille le jour où on lui apprendrait qu’elle appartenait à Famagan » [18]

Ce texte apporte beaucoup d’éclaircissements sur cette question inquiétante : quelle sera l’issue de ce conflit ? Le texte révèle le sentiment profond de la mère à l’égard d’un mariage forcé que le père prépare pour sa fille. Certes, la mère connaît bien le père et sa fille, et ç’est pourquoi elle « prévoyait des orages » dans cette affaire du mariage. A partir de ce moment, on peut attendre une issue orageuse du conflit.

Ayant conclu le mariage de Kany à, l’insu de celle-ci, le, père Benfa charge la mère de faire part de sa décision à sa fille et demande à son fils aîné d’en faire autant aux cadets qui n’ont pas assisté aux délibérations des anciens. Les cadets n’ont pas assisté aux délibérations sur le mariage de leur sœur probablement parce qu’on les avait jugés trop jeunes pour avoir voix au chapitre. Ainsi maman Téné transmet-elle le message du père à sa fille :

« Kany, ton père et ses frères se sont réunis. Ils ont décidé que tu épouses Famagan. Sache donc te conduire en conséquence. Dans la rue, au marché, partout où tu seras, n’oublie pas que tu as un mari désormais. Et les gens t’observeront. C’est la parole de ton père » [19]

Ce texte met en évidence un exemple du mariage forcé

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