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Critique De L'article «Le Sociologue Dans L'action Collective Face Au Risque» De Marc Mormont

Dissertation : Critique De L'article «Le Sociologue Dans L'action Collective Face Au Risque» De Marc Mormont. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  29 Juin 2014  •  1 740 Mots (7 Pages)  •  1 290 Vues

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Critique de l’article «Le sociologue dans l’action collective face au risque» de Marc Mormont.

Marc Mormont, « Le sociologue dans l’action collective face au risque », Développement durable et territoires [En ligne], Varia, mis en ligne le 02 novembre 2009, consulté le 04 mars 2014.

URL : http://developpementdurable.revues.org/8235

DOI : 10.4000/developpementdurable.8235

Par Marie-Josée Yelle, étudiante au B.A en sociologie à l’Université Laurentienne

Quel rôle peut jouer la sociologie dans la prise en compte et la gestion du risque dans nos sociétés dites «du risque»? C’est la question à laquelle tente de répondre Monsieur Marc Mormont, licencié en sociologie de l'Université de Louvain (1973) et chercheur en sociologie au SEED/Université de Liège dans son article «Le sociologue dans l’action collective face au risque». Il s’est consacré, ces dernières années, à la sociologie de l'environnement dont il a dessiné la situation en France pour se tourner ensuite vers différentes formes de risque, car selon lui, le risque est l'autre vision moderne de la nature. À sa question il formule deux hypothèses. Sa première est que les risques ne peuvent être réduits par des méthodes d’objectivation qui dénient au public un rôle actif. La deuxième propose que la sociologie aurait sa place dans la participation active à une reconfiguration des collectifs face au risque. Dans les prochains paragraphes, vous trouverez les étapes de son raisonnement et sa conclusion, suivi de la critique que j’ai formulé.

Le risque est une composante de longue date de nos sociétés industrielles modernes, les transformant en sociétés assurantielles (F.Ewald,1976) créant des systèmes d’assurance par rapport aux risques encourus. Dans son article, M. Mormont nous rappelle, dans un premier temps, la théorie de Monsieur Ulrich Beck sur la «société du risque». Ce qui change est la nature du risque, les «risques modernes» sont non-assurables puisque l’étendue des dommages et les probabilités sont incalculables. La plupart du temps, les populations concernées ne peuvent ni agir, ni être compensées puisqu’elles sont non identifiables (ex : générations futures). «La diffusion de l’idée d’une société dangereuse n’est pas sans conséquences» ; l’auteur nous met ici en garde contre les risques d’une société de contrôle, une dynamique à l’encontre de sa première hypothèse, celle qu’il appelle lui-même «la capture de la peur». La construction de «dispositifs de contrôle» (Deleuze,1990) prétend amener une réponse technico-scientifique aux peurs que les nouveaux risques suscitent, en contrôlant les flux via l’information. «Elle consiste à s’appuyer sur la peur pour constituer le risque comme justification d’une organisation symétrique des relations» (M.Mormont, 2009). Ceci prive les acteurs principaux (producteurs, consommateurs, victimes potentielles) de toutes prises puisque ceux-ci s’en remettent aux spécialistes (souvent biaisés puisque mandatés par l’industrie).

C’est à ce risque que Monsieur Mormont propose une alternative et développe son approche de l’action collective à travers la coordination et des multiples formes qu’elle peut prendre selon les rapports sociaux, dans une perspective de l’action organisée. Selon lui «le risque est construit dans un rapport social et reconstruit ce rapport social dans un même mouvement»; le risque a ici deux fonctions : non seulement il projette les acteurs dans l’avenir et interroge leur existence ou permanence, mais il interroge également les rapports entre ceux qui sont concernés (responsables ou victimes). C’est ici que vient la coordination par une prise en compte simultanée des coûts et bénéfices attribués à chaque partie. «Les risques environnementaux nouveaux (climat, perte de biodiversité, etc.) ne peuvent faire l’objet d’une action collective de prise en charge que si les conditions de la coordination sont acquises, à savoir un instrument cognitif de définition du risque et un instrument normatif ou principe de coordination» (M.Mormont, 2009). Ce qui est pris en compte dans l’opération de définition du risque détermine aussi sa définition cognitive et contribue à définir les frontières des collectifs concernés. Ceci positionne la démarche scientifique de mesure et d’évaluation qui d’un côté dépend des collectifs à prendre en compte et de l’autre, propose des instruments pour constituer ou reconfigurer l’action collective.

Les risques environnementaux sont des menaces induites par l’activité humaine (U.Beck, 2001). De ce fait, les différents acteurs ne veulent pas voir le risque et on se heurte souvent à «des attitudes qui vont du déni du risque à l’amplification du risque». C’est ici que Monsieur Marc Mormont interroge le rôle de la recherche sociologique. Il est souvent demandé au sociologue d’éclairer les perceptions ou les représentations du risque. Ces demandes viennent, la plupart du temps, de l’État ou d’entreprises lorsqu’ils font face, selon eux, à une irrationalité populaire face au risque s’opposant à la définition scientifique objective de ce risque. Ainsi, on attribue au sociologue un rôle d’objectivation où il doit définir en quoi les acteurs se trompent et les raisons de l’erreur qu’on peut espérer corriger. On souhaite ainsi naturaliser les publics et en faire des objets manipulables dont on peut expliquer et changer les agissements. Pourquoi le sociologue ne se considérerait-il pas comme intervenant plutot qu’expliquant? En considérant «ses hypothèses et théories non pour ce qu’elles expliquent mais pour ce qu’elles contribuent à produire, sans qu’il puisse pour autant s’attribuer ni vouloir jouer un rôle prédominant dans l’action»(M.Mormont, (2009). La tâche du sociologue est alors plutôt de rechercher, avec les acteurs, des formes de coordinations nouvelles qui puissent faire évoluer la situation dans le concept recherche-intervention

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