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Robert Desnos

Lettre type : Robert Desnos. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Mars 2014  •  Lettre type  •  1 855 Mots (8 Pages)  •  650 Vues

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Nous souhaitons mettre en place une stratégie Robert Desnos naît à Paris au 32, boulevard Richard-Lenoir1. Il est le second enfant de Lucien Desnos et Claire Guillais. En 1902, la famille s'installe dans le quartier populaire des Halles où son père est mandataire pour la volaille et le gibier, mais également adjoint au maire de l'arrondissement. Ils habitent 11, rue Saint-Martin, dans « ce coin de Paris qui sent le soufre »2 où, jadis, les alchimistes et autres sorciers se livraient à d'étranges métamorphoses. Gérard de Nerval avait d'ailleurs trouvé là une source à ses voyages imaginaires. En 1913, la famille déménage pour le 9, rue de Rivoli, un autre univers3. Mais ce Paris interlope des artisans et des commerçants marque profondément l'enfant et apparaîtra abondamment dans son œuvre. Ses rêveries sont nourries par le spectacle insolite des rues, entre cloître Saint-Merri et Tour Saint-Jacques-la-Boucherie, et le monde varié des images que lui offrent aussi bien les affiches que les illustrations de l'Épatant et de l'Intrépide ou les suppléments illustrés du Petit Parisien et du Petit Journal.

Robert Desnos en premier communiant, 1911.

À six ou sept ans, Desnos dessine d'étranges formes sur ses cahiers. À douze ans, il passe à la couleur et son monde secret se teinte de fantastique. L'enfant se rêve enfant libre.4 Desnos fait sa première communion en 1911 en l’église Saint-Merri. À l'école, il n'est pas bon élève. Il s'ennuie profondément et ne supporte pas le discours patriotique qui s'y développe. Il préfère lire Les Misérables de Hugo et s'embarquer avec les marins de Baudelaire. Il se passionne aussi pour la culture populaire : romans - Émile Gaboriau, Eugène Sue, Jules Verne5 ou Ponson du Terrail -, et bandes dessinées, avec une affection particulière pour l'insaisissable Fantomas dont les exploits sont relatés au cœur d'ouvrages bariolés de couleurs. Il plonge avec délice dans ce romantisme de gare engendré par les Mystères de New York, ou de Chicago, voire de Paris. Les surréalistes se retrouveront plus tard sur ce point en baptisant le merveilleux dans la naïveté populaire Poésie involontaire4. Avec le cinéma, ses aventures livresques deviennent presque réalité. De tout cela, Desnos témoignera dans ses récits et ses critiques de films.

Pour l'heure, il n'est encore qu'adolescent lorsqu'en 1916, avec pour seuls bagages un certificat d’études acquis en 1913 et son brevet élémentaire, il décide de quitter l'école Turgot. Face à un père désireux de l'encourager à poursuivre ses études pour embrasser une carrière commerciale, il oppose son désir farouche de devenir poète. Mis en demeure de se débrouiller tout seul, relégué — mais il le veut aussi — dans une chambre de bonne, il multiplie les petits boulots. On le trouve, un temps, commis dans une droguerie de la rue Pavée6, mais le plus important est ailleurs : Desnos, buvant l'eau vive de ce qui s'offre à lui, se forge une solide et vaste culture autodidacte. Pendant que le premier conflit mondial s'éternise, il fréquente des jeunes gens en commune révolte contre cette boucherie des tranchées. Dès 1918 il a commencé à écrire quelques poèmes, dont certains sont publiés dans Tribune des jeunes, une revue de tendance socialiste. Ses influences se nomment peut-être Apollinaire ou Rimbaud ; plus sûrement Laurent Tailhade, Germain Nouveau et, très certainement, ces anonymes putains des nuits de Saint Merri que le garçonnet avait contemplées du haut de son sixième étage, au croisement de la rue des Lombards et de la rue Saint-Martin...

Les putains de Marseille ont des sœurs océanes

Dont les baisers malsains moisiront votre chair...

Ce Fard des Argonautes, daté de 1919, et publié la même année dans la revue d'avant-garde Le Trait d'union, oscille entre illuminations d'un certain Bateau Ivre et grand fourre-tout mythologique issu des magazines à sensation. D'ailleurs, côté alexandrins, Desnos s'embrouille souvent avec la métrique et certains de ses vers ont treize pieds... À ceux qui le lui feront remarquer, intellectuels ayant digéré leurs classiques, Desnos rétorquera : « Je ne suis pas philosophe, je ne suis pas métaphysicien... Et j'aime le vin pur »4. Le jeune homme n'a pas de culture savante ; il s'est construit en vrac, pataugeant dans l'immédiat de la vie qu'il mange à pleine dents, et les rêves des nuits qu'il note au tout premier réveil. « Ce que les écrivains ont à dire s'adresse à tous », répète-t-il devant les langages obscurs et les amphigouris des poètes sérieux... Son éveil à la chair ne s'est également pas fait sérieusement. Pas d'amours adolescentes ni d'ombres de jeunes filles en fleurs : c'est en plein hiver à seize ans, dans les bras d'une imposante matrone, que tout cela s'est joué4.

Dans cet immédiat après-guerre, Desnos devient secrétaire de Jean de Bonnefon et gérant de sa maison d'édition. Il fréquente des gens infréquentables, des anticonformistes clopinant du côté de l'hôtel de ville. Vers 1920, grâce à l'étonnant poète Louis de Gonzague-Frick, il est introduit dans les milieux littéraires modernistes. Chez Georges-Elzéar-Xavier Aubaut, homosexuel notoire et fort singulier personnage qui se farde comme Pierre Loti, se pare de bijoux et se dit ancien secrétaire de Huysmans7, il rencontre Benjamin Péret et l'aventure Dada. Mais, malgré ses efforts, Desnos ne parvient pas à pénétrer ce milieu. Qui plus est, l'heure de son service militaire a sonné. Il part pour Chaumont puis au Maroc. Lorsqu'il reviendra, juste un an plus tard, les tempêtes dadaïstes auront déjà fait long feu8.

Le surréalisme et les premiers écrits

Pendant qu'il joue les tirailleurs entre dattiers et palmiers en s'efforçant de tromper son ennui comme il peut, à Paris, les dynamiteurs de la pensée

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