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Le processus de légitimation en France pour la singularité des enfants intellectuellement précoces

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Par   •  29 Avril 2023  •  Dissertation  •  1 251 Mots (6 Pages)  •  164 Vues

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Le processus de légitimation en France pour la singularité des enfants intellectuellement précoces

Lorena Borges da Rocha

Surdoués, intellectuellement précoces, hauts potentiels ou zèbres, sont des acronymes utilisés de nos jours pour représenter une population qui n’a souvent que le nom de « sur-douée ».

En France, le sujet de la précocité intellectuelle a parcouru un long chemin pour arriver à la médiatisation et la légitimation actuelle.

Les représentations sociales au fil de l’histoire, autour de ces enfants qualifiés de surdoués, ont été alimentées par des stéréotypes, les obligeant à se taire au nom de l’égalitarisme. Car l’école française a été construite autour de la notion d’égalité pour tous, sous couvert d’une prétention à l’universalité. Les individualités dans le cadre scolaire, surtout les « exceptionnelles » n’ont que peu de place pour s’exprimer[1].

Pour que la légitimation et la prise en compte des spécificités de ces enfants intellectuellement précoces puissent s’opérer aujourd’hui, avons-nous réussi à dépasser les stéréotypes de privilégiés et le refus de l’individualisation en France ?

Alors que l’adaptation à la réalité de ces enfants dits surdoués à l’école est bien plus précaire que ne pense la société, c’est dans les années 1970, qu’un groupe de parents militants décident de s’engager pour la légitimation du statut de ces enfants et la prise en compte de leurs spécificités. Un long processus qui les mènera à la surexposition médiatique et aux avancées institutionnelles actuelles.

Loin d’être un don d’intelligence supérieure, le surdon intellectuel est bien plus souvent la source de souffrances et de problèmes d’ordre psychologique, scolaire et social pour les enfants et les familles concernées [2].

Afin de trouver une place pour leurs enfants dans une société méconnaissant le phénomène, un groupe de parents militants a créé une association en 1971 à Nice, tenant pour meneur, le jeune psychologue d’alors Jean-Charles Terrassier. L’Association pour les Enfants Surdoués (ANPES) avait comme cause de faire connaitre la notion de « surdoué » au plus grand nombre. Elle militait pour la prise en compte de ces enfants qui méritaient d’être considérés pour le bien-être collectif, alors même que cela était perçu comme une quête de privilèges pour une élite intellectuelle[3]. Mais l’émergence en France du « genre psychologique spécifique » que représente les enfants surdoués n’a pas eu bon écueil.

En 1978, le « Congrès national sur les enfants surdoués », organisé à Nice par l’ANPES, a été largement couvert par la presse. Même si l’objectif principal était de montrer les spécificités de ces enfants et la nécessité de les prendre en compte pour leur « bien-être individuel », une cause cachée n’allait pas passer inaperçue. En effet, le congrès exposait également la « richesse naturelle » que représentait ces enfants. L’intelligence devenait ici une cause pour le « bien-être collectif ». Aussi, même si la médiatisation de l’événement a permis de  diffuser à plus large échelle la notion de surdoué, les commentaires de l’évènement n’ont fait que discréditer l’initiative et élargir l’illégitimité de la cause portée par l’Association. En effet, l’ANPES avait été accusée d’inciter à la discrimination par le haut de ces enfants, déjà bien privilégiés par leur haute intelligence.

La quête pour la reconnaissance de l’individualité de leurs enfants, a poussé les militants de l’ANPES a se réinventer et à trouver un nouvel angle d’abordage d’action dont l’intention était tournée vers le bien-être des enfants. Comme souligne le sociologue Lignier, un repositionnement symbolique s’est opéré. Les enfants surdoués deviennent alors des enfants « intellectuellement précoces ». Les parents adhérents à l’association témoignent de leurs difficultés et le sujet devient alors d’ordre psychologique, dans un registre d’assistance et de soin à des enfants en souffrance. Jean-Charles Terrassier, parle dans son premier livre paru en 1981, de dyssynchronie pour désigner le décalage entre le développement intellectuel et le développement psycho-moteur ou affectif de ces enfants. Le registre autour du bien-être de ces enfants trouve un accueil bien plus favorable de la presse, et c’est dans une suite logique qu’il se trouvera présent dans les rubriques d’émissions dédiées aux questions de société. Malgré les efforts, aucune reconnaissance institutionnelle pérenne n’a vu le jour après ces efforts.

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