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Théorie Di Big Bang

Commentaire de texte : Théorie Di Big Bang. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  4 Juin 2014  •  Commentaire de texte  •  493 Mots (2 Pages)  •  666 Vues

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Combien de fois a-t-on entendu cette citation (dans les embouteillages, au supermarché, dans le métro…) ? Dès qu’une situation nous déplaît et qu’il y a d’autres personnes que nous impliquées, elle surgit, comme une vérité éternelle, une sentence irrévocable.

Pourtant, pensons-nous réellement que Sartre, le grand Sartre, a pu écrire cette phrase, qui a largement contribué à sa renommée, juste parce qu’il était agacé par d’autres que lui-même ?

Il faut revenir aux sources pour comprendre quel est le réel message. Nous sommes en pleine guerre, fin 1943. Sartre a déjà publié des études philosophiques (dont le fameux L’existentialisme est un humanisme), des nouvelles et des pièces de théâtre. Trois amis, dont Albert Camus, lui demandent d’écrire une pièce à monter facilement en vue d’une tournée. De là naît Huis clos.

« Je voulais, explique Sartre dans un numéro de 1965 de Télé dernière*, n’avantager aucun de mes trois personnages. Comment pouvait-on les garder sur scène comme pour l’éternité ? Ainsi, l’idée m’est venue de faire de chacun d’eux le bourreau des deux autres ».

Attention, pas de conclusion hâtive. Cette information n’est pas encore la clé de compréhension de cette phrase qui résume à elle seule l’ensemble de la pièce. Elle vient maintenant, dans la présentation de la pièce par l’auteur, enregistrée sur disque par Deutsche Grammophon (vers 1965 aussi). Accrochez-vous, c’est complexe !

« Je veux dire que si les rapports avec autrui sont tordus, viciés, alors l’autre ne peut être que l’enfer. Pourquoi ? Parce que les autres sont, au fond, ce qu’il y a de plus important en nous, même pour la propre connaissance de nous-mêmes. Nous nous jugeons avec les moyens que les autres nous ont fournis. Quoi que je dise sur moi, quoi que je sente de moi, toujours le jugement d’autrui entre dedans. Je veux dire que si mes rapports sont mauvais, je me mets dans la totale dépendance d’autrui et alors en effet je suis en enfer. Il existe quantité de gens qui sont en enfer parce qu’ils dépendent du jugement d’autrui ».

Si je résume grossièrement et simplifie, l’enfer c’est les autres parce qu’ils sont des miroirs déformants de nous-mêmes. Déformants car nous avons de mauvais rapports entre nous. Souvenons-nous, dans la pièce : Estelle vit comme un drame l’absence de miroir. Inès lui offre ses yeux pour qu’elle se maquille : c’est là l’enfer. Ayant de mauvais rapports, l’image que lui renvoie Inès est dégradante, insultante.

Enfin, il faut rappeler que Sartre est un humaniste, il déplore les mauvais rapports entre humains plus qu’il ne condamne.

C’est bien ce sens qui est la grandeur de la pièce et de l’œuvre de Sartre en général, la raison pour laquelle elle a été jouée dans toutes les langues, sur toutes les scènes, qu’on en a fait un disque et un film.

Désormais, plus d’excuse pour prononcer à mauvais escient cette sentence qui, en plus, fait de nous des êtres mauvais : nous accusons l’humanité de gêner notre bien-être personnel, quoi de plus égoïstes ?

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