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Qu'est-ce que l'être humain selon Aristote ?

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Par   •  16 Octobre 2022  •  Dissertation  •  4 077 Mots (17 Pages)  •  559 Vues

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L’ÊTRE HUMAIN

notes pour un cours

automne 2022

Edouard Montpetit

Dario De Facendis


Pendant toute la durée de notre cours, nous poserons une seule question : qu’en est-il de l’être humain, qu’en est-il de l’espèce humaine ?

Cette question a toujours été au cœur de la pensée philosophique et, même quand elle n’est pas attaquée de front, elle est toujours présente en filigrane dans les œuvres des grands philosophes.

Mais la philosophie n’est pas seule à la poser. L’art dans toutes ses manifestations —et ce depuis son origine— est une des formes les plus éclatantes de cette volonté de l’être humain de se comprendre lui-même, et toutes les disciplines qui forment les sciences humaines (sociologie, psychologie, anthropologie…) sont dévouées à cette question.

Mais, évidemment, la science la plus importante pour l’étude de l’être humain reste l’anthropologie et il est impossible, aujourd’hui, de ne pas s’y référer quand on pose la question de la nature et de l’évolution de notre espèce.

C’est pour cette raison que dans l’introduction à notre cours nous donnerons beaucoup d’importance aux découvertes et aux théories anthropologiques contemporaines, en les mettant en relation avec ce que nous disent les philosophes et en particulier Aristote que nous utiliserons comme guide dans notre démarche. En effet Aristote est le premier à se pencher sur la question de la nature humaine de la façon la moindrement systémique et il va élaborer sa théorie anthropologique en partant de ce qu’on pourrait affirmer être la base de toute connaissance et qui consiste dans l’effort de donner les définitions de base de l’objet dont on veut promouvoir l’étude.

Définitions de base sont celles qui servent à circonscrire l’objet de la recherche. Pour comprendre cela, il suffit de penser l’idée d’objet de la façon la plus concrète, en se referant à la réalité qui nous entoure. Moi, par exemple, j’écris cela assis à une table, sur laquelle se trouvent plusieurs objets : un ordinateur, des livres, des plumes, des cahiers. Toutes ces choses ne se confondent pas dans un ensemble homogène et indifféré, mais cohabitent chacune en étant ce que chacune est. Cela est déterminé d’abord par leur contour. Ainsi la table est cette chose carrée, doté de quatre pattes, composée de bois, et qui est séparée du cahier qui lui est rectangulaire, fait en papier, qui est bien plus petit de la table sur lequel il repose, etc. etc. En disant cela, je définis déjà grosso modo chaque chose. Une définition de base dans un texte de philosophie consiste dans la même opération de distinction, sauf qu’elle est de nature conceptuelle. Ça ne concerne pas des choses, mais des idées.

Aristote dans son œuvre nous donne quatre définitions de l’être humain qu’il s’agira de mettre à l’épreuve :

1) L’être humain est l’animal doué de logos.

2) L’être humain est l’animal politique

3) L’être humain aime imiter

Mais avant même de commencer à analyser cela, il faut comprendre une chose très importante, sans laquelle nous parlerions au hasard : chacune de ces définitions ne peut être valable que si, et seulement si, elle peut assumer une valeur universelle. En effet, si ces définitions concernent la nature humaine, elles doivent pouvoir concerner tout être humain, peu importe de quelle époque, société, culture ou ethnie, car pour qu’il soit considéré comme étant humain il doit être conforme à cette même nature. À l’intérieur de cette universalité, il peut exister des très grandes variations et particularités, mais elles prennent naissance néanmoins à l’intérieur de quelque chose de commun, l’universel justement. Cela est évident du point de vue physiologique : je peux dire, par exemple, que les êtres humains normalement constitués ont des yeux, et cela est un universel, mais je ne peux pas dire que tous les êtres humains ont les yeux noirs, car il s’agit là d’un trait particulier qui n’a d’aucune façon une valeur universelle. Mais cela est évident aussi du point de vue culturel : tout être humain parle, mais pas tous les êtres humains parlent la même langue ! Malgré qu’il y ait des milliers et des milliers de langues dans le monde et dans l’histoire, il n’en reste pas moins que toute langue est traduisible en n’importe quelle autre langue, sans exceptions ; de la même façon que tout être humain normalement constitué ayant des relations sexuelles avec un membre de l’espèce de sexe opposé peut donner naissance à un être humain. Cela démontre une chose, ô combien importante, l’unité de l’espèce humaine et donc l’égalité principielle des êtres humains.

L’être humain est l’animal politique.

«La communauté achevée formée de plusieurs villages est une cité dès lors qu’elle a atteint le niveau de l’autarcie pour ainsi dire complète ; s’étant constituée pour permettre de vivre, elle permet une fois qu’elle existe de mener une vie heureuse. Voilà pourquoi toute cité est naturelle puisque les communautés antérieures [la famille, le village, les premières cités et les tribus soumises à un roi] dont elle procède le sont aussi.[…].

        Il est manifeste, à partir de cela, que la cité fait partie des choses naturelles, et que l’homme est un animal politique, et que celui qui est hors cité, naturellement bien sûr et non par le hasard des circonstances, est soit un être dégradé soit un être surhumain […] C’est pourquoi il est évident que l’homme est un animal politique plus que n’importe quelle abeille et que n’importe quel animal grégaire. Car, comme nous le disons, la nature ne fait rien en vain ; or seul parmi les animaux l’homme a un langage. Certes la voix est le signe du douloureux et de l’agréable, aussi la rencontre-t-on chez les animaux ; leur nature, en effet, est parvenue jusqu’au point d’éprouver la sensation du douloureux et de l’agréable et de se les signifier mutuellement. Mais le langage existe en vue de manifester l’avantageux et le nuisible, et par suite le juste et l’injuste. Il n’y a en effet qu’une chose qui soit propre aux hommes par rapport aux autres animaux : le fait que seuls ils aient la perception du bien, du mal, du juste, de l’injuste et des autres notions de ce genre. Or avoir de telles notions en communs c’est ce qui fait une famille et une cité». [Aristote. La politique, I]

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