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Mémoire sur la langue des signes

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Par   •  25 Mars 2013  •  6 611 Mots (27 Pages)  •  1 019 Vues

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Mémoire sur la langue des signes

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Catégorie: Littérature

Soumis par: Elise 26 mars 2012

Mots: 7087 | Pages: 29

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nts de se développer intellectuellement mais également socialement.

Dans la Grèce antique, Platon utilisait le terme de « logos » qui signifie la parole mais également la raison. Pour lui, quelqu’un qui ne parlait pas ne pouvait donc pas raisonner. Son disciple Aristote estimait que l’absence de langage interdisait aux sourds l’accès aux notions abstraites et morales. Pour lui, l’ouïe était quelque chose de nécessaire à l’intelligence. Il disait :

C’est l'ouïe qui rend les plus grands services à la pensée, puisque c'est le langage qui est cause que l'homme s'instruit, et que le langage est perçu par l’ouïe […]. C'est que le langage se compose de mots, et que les mots ne sont jamais que des signes. Voilà bien pourquoi, parmi les hommes qui de naissance manquent de l'un de ces sens, les aveugles-nés sont plus intelligents que les sourds-muets.

ARISTOTE, De la sensation et des sensibles, Petit traité d’histoire naturelle, Édition les Belles Lettres, Paris, 1953.

Les sourds communiquaient donc avec les personnes entendantes par le biais de gestes et de mimes plus ou moins compréhensibles.

A la fin du 4e siècle, Saint-Jérôme (Père de l’Eglise) faisait cette constatation : les sourds «pouvaient apprendre l’Evangile par les signes et utilisaient dans la conversation journalière des mouvements expressifs de tout leur corps ». Saint Augustin, dans sa correspondance avec Saint-Jérôme, évoquait l’existence d’une famille sourde très respectée de la bourgeoisie milanaise, et dont les gestes formaient les mots d’une langue.

Quelquefois, des communautés religieuses médiévales ont recueilli de jeunes sourds. Certaines congrégations pratiquant la règle du silence, les bénédictins, ont pu bénéficier d’une amorce de communication gestuelle.

Au 16e siècle, Montaigne écrivit : « Nos muets disputent, argumentent et content des histoires par signes. J’en ai vus de si souples et formés à cela qu’à la vérité, il ne leur manque rien à la perfection de se savoir faire entendre. » (Essais, Livre II, chapitre 12). Il ajouta plus tard : « Ils ont besoin des alphabets des doigts et grammaire en gestes ». Il confirme donc que les sourds avaient formé une communauté bien avant le 16e siècle, bien qu’ils fussent isolés des autres personnes.

B. Education et reconnaissance des sourds.

1. Des personnes entendantes s’occupent des sourds.

Durant le Moyen-Âge, les sourds-muets étaient considérés comme des parias de la société, des surexploités, des sous-humains.

À cette époque, le sourd était privé de tous ses droits. En effet, il ne pouvait ni hériter, ni se marier. Pourtant, certains ont commencé à s’intéresser à leur cas et ont commencé à vouloir les éduquer. D’abord, plusieurs précepteurs ont tenté d’apprendre aux sourds à parler. Puis par la suite d’autres ont eu recours aux gestes pour leur enseigner.

a. La méthode oraliste.

L’Église considérait le sourd comme sans âme, puisque sans parole, et lui interdisait de participer aux rites religieux.

Mais c’est en Espagne, pays pourtant très catholique, qu’apparurent au 17e siècle les premiers éducateurs d’enfants sourds, nés de nobles fortunés. Ils étaient des précepteurs spécialisés qui utilisaient un alphabet manuel. Leur but était d’apprendre à ces enfants à lire et à écrire, mais surtout à parler.

Pedro Ponce de Leon, moine bénédictin ayant vécu de 1520 à 1584, éduquait des enfants sourds de familles nobles. Il montra en public le succès de cette éducation. Le travail de ce moine fut poursuivi par Juan Pablo Bonet (1579-1623).

Peu à peu ces tentatives trouvèrent écho dans les cours d’Europe, et amenèrent d’éminents savants à s’y consacrer. Par exemple, en Angleterre, en 1653, John Wallis, mathématicien anglais mais surtout précurseur de la phonétique et de l’éducation des sourds et de l'orthophonie, publia le premier traité d’instruction des sourds. Selon lui, il serait utile d’apprendre les « gestes naturels » des sourds et de s’en servir pour leur enseigner « notre langage ». En Hollande et en Allemagne, les premiers enseignants de sourds connus rejetèrent complètement les gestes naturels. Pour eux, les gestes ne peuvent pas être un outil valable pour exprimer la pensée humaine et ne pourront jamais en eux même former une langue. En France, Jacob Rodrigue Pereire (1715-1780), précepteur d’origine portugaise dans de riches familles d’enfants sourds, utilisait l’alphabet manuel de Juan Pablo Bonet et quelques gestes de sa propre invention pour certaines syllabes mais, refusait lui aussi d’utiliser les gestes naturels des sourds. Ainsi, l’élève touchait la gorge du professeur et essayait d’imiter à la fois les vibrations des cordes vocales qu’il sentait et l’articulation des organes qu’il arrivait à voir.

Cela montre que quelques sourds ont donc été éduqués par des précurseurs en la matière avec succès : on découvre alors que les sourds sont intelligents et qu’ils peuvent apprendre un langage pour exprimer leur pensée. Mais à l’époque, ce langage doit rester exclusivement la langue orale des enseignants qui éduquent les sourds. On n’arrive pas à concevoir que les sourds aient le pouvoir de communiquer autrement qu’avec le langage parlé. En effet, au 17e et au début du 18e siècle, un homme éduqué est quelqu’un qui parle bien. S’il n’y a pas de parole, alors il ne peut y avoir de pensée ; pour eux la parole est la condition à tout langage intérieur.

Dans la seconde moitié du 17e siècle, les philosophes remettent en question les certitudes passées dans le domaine de la relation de la parole et de la pensée, ce qui va améliorer les choses.

De plus, les difficultés et les échecs rencontrés dans ces efforts d’oralisation conduisirent peu à peu les chercheurs à trouver d’autres moyens de communication pour les sourds, que l’audition et la parole.

C’est

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