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Internet Nous Rend-il Idiot ?

Mémoire : Internet Nous Rend-il Idiot ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Septembre 2014  •  1 728 Mots (7 Pages)  •  1 425 Vues

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Internet nous rend-il idiots ?

Il se passe quelque chose à l’intérieur de nos crânes : les cogniticiens en sont certains, le travail sur écran a déjà modifié nos structures cérébrales. Difficultés de lecture, problèmes de concentration, d’assimilation… L’« Homo interneticus » serait-il un crétin ? Des experts répondent en six points.

Ouvrir un livre est une expérience étonnante à conseiller à tous ceux qui, comme moi, passent leur vie sur Internet. Au hasard : « Ce sont de jeunes filles fraîches et jolies qui présentent aux coups de ces marteaux énormes les petits morceaux de fer […]. » (In Le Rouge et le Noir de Stendhal (Gallimard,“Folio classique”, 2000)). Pas de mot souligné en bleu pour indiquer une explication cachée, pas d’échappatoire vers un lien hypertexte, juste une phrase têtue, qui ne veut pas délivrer son sens, et encore moins disparaître. Cette impression que les mots rebondissent comme des balles autour de notre cerveau sans jamais s’y arrêter, nous l’avons tous ressentie à un moment ou à un autre. Lire, se détendre, suivre une conversation, être à l’écoute de ses proches, se « poser », tout simplement, ne va plus de soi. Les raisons, nous les connaissons trop bien : le stress du travail, une vie hachée par les tâches quotidiennes, le manque de sommeil… Mais une nouvelle explication, déconcertante, pourrait venir éclairer autrement le phénomène : et si Internet avait provoqué une révolution silencieuse à l’intérieur de nos crânes ? En six grandes questions, voici quelques éléments de réponses.

Modifie-t-il nos circuits neuronaux ?

Nicholas Carr, journaliste et écrivain, a été l’un des premiers à avoir jeté le pavé dans la mare, déclenchant une énorme polémique l’été dernier dans les milieux scientifiques. « En l’espace d’un battement de cil à l’échelle de l’histoire du monde, explique-t-il, nous nous sommes tous assis des heures devant un écran diffusant des images, des sons et des textes mélangés ensemble, sans réaliser la réelle étrangeté de cet outil. Ni l’effort inédit que notre cerveau doit produire en permanence pour réévaluer, réorganiser ce qui lui apparaît à l’écran. » De nombreuses études ont démontré la capacité du cerveau à s’adapter, c’est ce que l’on appelle la « plasticité cérébrale ». C’est donc certain, Internet modifie nos circuits neuronaux. Mais jusqu’à quel point ? Les instruments d’observation du cerveau ne sont pas assez performants pour le dire, mais le faisceau de présomptions est là : « L’écran irradie littéralement notre cerveau, et ce des heures durant, observe Nicholas Carr. Nous sous-estimons le temps que nous passons sur Internet, nous sous-estimons la gymnastique cérébrale que cela demande. Et pour ma part, je suis persuadé que je ne pense pas de la même façon qu’avant… »

Nous empêche-t-il de lire ?

« Nous avons mis plus de mille ans à apprendre à lire, rappelle le cogniticien Thierry Baccino, professeur de psychologie cognitive et ergonomique. Tout dans la lecture – l’espace entre les mots, la forme des caractères, etc. – a demandé un effort progressif d’adaptation à notre cerveau. Le passage à l’écran semble naturel, mais il n’en est rien. » Le travail du cerveau consiste, schématiquement, à intercepter, mémoriser et traiter les informations qui lui parviennent depuis tous nos capteurs sensoriels (nez, bouche, oreilles…). Devant un écran, à l’évidence, c’est l’oeil qui est mis à contribution. Or, il est établi sans conteste que la connexion oeil-cerveau est peu adaptée à cette façon de lire : le temps de traitement d’une information visuelle est augmenté de plus de 30 % sur un écran ! « En conditions habituelles, lorsqu’il lit, l’oeil humain ne peut distinguer que quatre à six signes à la fois lors d’une “fixation oculaire” qui dure environ deux cent cinquante millisecondes, affirme Thierry Baccino. Devant un écran, l’oeil s’affole. Les signes sont beaucoup plus nombreux en termes de formes et de couleurs, ils surgissent, vous captent, sont furtifs et vous demandent une attention accrue. » Tous ceux qui passent des heures à lire sur Internet devraient donc trouver dans la lecture linéaire d’un bon vieux livre de poche une belle occasion d’apaiser leur cerveau !

Sature-t-il notre mémoire ?

Les quelque deux cent mille informations visuelles qui parviennent au cerveau toutes les secondes sont beaucoup plus difficiles à mémoriser, parce qu’elles ne lui parviennent pas avec la même cadence, avec la même cohérence : publicités intempestives, dédales de liens hypertextes…, sur Internet beaucoup trop de données nous font perdre le fil, interrompent nos processus cérébraux. Cela se traduit directement par une surchauffe de notre mémoire de travail, celle qui nous permet, par exemple, de retenir quelques secondes un numéro de téléphone, une date, nécessaires pour enchaîner l’action suivante : téléphoner, griffonner une note dans un agenda… S’il est possible d’enchaîner rapidement ces actions, comme en « pilotage automatique », il est surhumain d’essayer de tout faire à la fois. Et pourtant, c’est ce type d’effort qu’Internet exige de notre cerveau. Et en jet continu. « Cela dit, précise François Taddei, chercheur à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), le corpus de savoir de l’humanité est immense, et plus personne ne peut prétendre tout connaître, comme au temps de Diderot. » L’apprentissage scolastique, l’intelligence du « par coeur » n’ont plus cours. La question n’est

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