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Chiffre de la délinquance

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Par   •  4 Janvier 2019  •  Dissertation  •  2 071 Mots (9 Pages)  •  627 Vues

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Les chiffres de la délinquance

Introduction :

Depuis longtemps, l’insécurité a été débattue par le public. Mais, elle n’est devenue prioritaire qu’au 19e entre les grandes crises économiques des années 1880 et la 1ère guerre mondiale. Pourquoi ? C’est parce que pendant cette période que l’on a devenu plus conscient du phénomène de la délinquance. Cette conscience l’a rendu non seulement un objet d’étude mais aussi le cœur d’un débat juridique, politique et sociologique.

En effet, ce débat a commencé par le médecin-criminologues Cesare Lombroso (1835-1909). Lombroso considérait la délinquance héréditaire. Dans son œuvre « L’Uomo delinquente » 1876, il croyait que les gens délinquants sont nés comme ça et qu’ils se distinguent des honnêtes citoyens par des stigmates physiques qui permettaient de les reconnaitre à l’œil nu. Charles Féré, un médecin-chef français (1852-1907) pensait la même chose en disant que la criminalité était « une dégénérescence héréditaire directe ». Dans son ouvrage « dégénérescence et criminalité » 1888, il dit qu’il faut considérer ces délinquants comme des déchets de l’adaptation, des invalides de la civilisation et qu’ils ne méritent ni haine ni colère, puisque ce n’est pas leur faute qu’ils sont nés comme ça. Mais, si la société ne veut pas voir précipiter sa propre décadence, elle doit se prémunir indistinctement contre eux. Selon Anne Carol (1995), ces théorie ont dominés le monde médical au moins jusqu’à la 2e guerre mondiale. Après cette dernière, la délinquance a pris un nouveau visage.

Face à ces croyances, plusieurs sociologues ont décidé de rechercher des explications sociales au crime, et affirmer que comme le suicide, il est un fait social « normal ». Le 1er, à s’intéresser aux dimensions sociales du crime, était Gabriel Tarde (1843-1904) en 1886 et Henri Joly (1839-1925) en 1889. Malheureusement, aucun des deux n’a élaboré des recherches sociologiques spécifiques sur le crime.

C’est Émile Durkheim qui, en 1895, a étudié plus profondément l’aspect social de la délinquance, et en 1897, il a fondé un groupe autour la revue « année sociologique » et qui a pour objectif de rendre la sociologie un véritable programme scientifique. Gaston Richard (1860-1935) en était un membre, et il a été chargé par Durkheim de rechercher la section « sociologie criminel et statistique moral » eu sein de la revue. Selon Laurent Mucchielli dans son œuvre « sociologie de la délinquance », Richard a tenté de poser les bases d’une sociologie du crime, en opposition avec la biologisation et la racialisation des comportements alors dominantes. Toutefois, il considère que leur travail a été un échec pour trois raisons : la force du milieu des psychiatres, la forte cohésion du monde médical autour d’une conception naturellement héréditariste et la quasi-disparition des recherches sociologiques en ce domaine. Du coup, les recherches scientifiques européennes se réduisent jusqu'aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale à un monopole juridico-psychiatrique centré sur le délinquant, comme Philippe Robert l’a affirmé.

Selon Laurent Mucchielli, la sociologie de crime trouve un deuxième souffle après la 2e guerre mondiale avec Edwin Sutherland. En 1945, il a écrit « is White Collar Crime a crime ? » où il considère la délinquance comme un comportement appris. Pour lui, la réponse de la question, qu’il a posée, est positive, car il définit la délinquance comme actes commis contraires à la loi, pour lesquels il est prévu des sanctions, et qui sont de surcroît commis volontairement par leurs auteurs.

En France, il existe 4 types de délinquance : le vol, les infractions économiques et financières, les crimes et délits contre les personnes et autres infractions (stupéfiant, la police des étrangers, etc.). Depuis le dernier quart du 20e, le nombre des infractions commis ou les chiffres de délinquance se sont augmentés graduellement jusqu’à aujourd’hui. Toutefois, les victimes ne les signalent pas toujours, ce qui crée un écart entre la mesure statistique et le phénomène réel. On appelle ça les chiffres noirs de la délinquance. Donc, les questions qui se posent, peut-on réellement mesurer la délinquance ? Si oui, comment le faire ? Et comment interpréter les chiffres ?

Dans un premier temps, nous allons analyser les différents outils utilisés pour mesurer la délinquance et dans un second temps, nous allons aborder la question de l’évolution de la délinquance en France et invoquer les différents facteurs qui ont en contribué.

  1. La délinquance : une menace de l’ordre social qu’il faut mesurer
  1. Les statistiques officielles et leur limite

Les statistiques officielles proviennent de 2 sources : les statistiques judiciaires et les statistiques policières. Les premiers sont les plus anciens, puisqu’ils sont produite par le « compte générale de l’administration de la justice criminelles » depuis 1825. Elles regroupent les condamnations prononcées et les personnes incarnées. Toutefois, pas toutes les infractions ne sont portées à la connaissance des tribunaux et certaines affaires sont classées sans suite, ce qui rend cette statistique très limitée comme mesure réelle de la délinquance. À cette statistique s’ajoute celle des policiers depuis 1950. Elles sont aujourd’hui la source principale de la délinquance. Néanmoins, elle est aussi limitée come mesure du fait qu’elle varie avec le changement de la législation et elle dépend de la propension des victimes à porter plainte.

Selon Laurent Mucchielli dans son article « Les techniques et les enjeux de la mesure de la délinquance », la statistique policière se présente sous la forme d’une nomenclature d’infractions (107 postes) dans laquelle sont renseignés quatre types d’information :

  • Les « faits constatés » : ce sont les procès-verbaux dressés par les fonctionnaires à la suite des plaintes des victimes ou de leurs propres constatations (flagrants délits, opérations de police judiciaire). Ce sont ces « faits constatés » qui sont généralement appelés « chiffres de la délinquance » dans le débat public, ce qui constitue une erreur fondamentale. En effet, ne sont comptabilisés ni l’ensemble des faits délinquants réellement commis ni même la totalité des faits délinquants connus de la police et de la gendarmerie.
  • Les « faits élucidés » : la majorité des « faits constatés » sont déclarés par les victimes et ne sont pas élucidés, le plus souvent parce que ce sont des plaintes contre X suite à un vol, un cambriolage ou une dégradation. La victime ignore l’identité de l’auteur et la police ne le retrouvera jamais. En revanche, les agressions sont davantage élucidées parce que la victime dénonce le plus souvent un auteur qu’elle connaît.
  • Les « personnes mises en cause » : élucider une affaire signifie avoir réuni un faisceau de preuves suffisant pour clore la procédure et la transmettre à la justice. Après les faits, la statistique de police et de gendarmerie compte ainsi des personnes « mises en cause » et donne trois précisions démographiques : leur sexe, leur statut de mineur ou de majeur et leur nationalité française ou étrangère.
  • Les indicateurs répressifs : les policiers et les gendarmes comptent enfin le nombre de gardes à vue qu’ils ont réalisées ainsi que le nombre de personnes « écrouées » c’est-à-dire placées en détention provisoire à l’issue de leur première présentation devant le juge. Ce dernier chiffre n’est pas totalement fiable car l’information n’est pas toujours saisie. En revanche, le nombre de gardes à vue constitue un indicateur important du travail répressif des fonctionnaires.

Selon Sébastien Roché : « Les statistiques policières peuvent être utilisées pour présenter la comparaison des rythmes des évolutions dans le temps entre pays (ou pour un groupe de pays), mais pas pour donner une estimation du volume réel de vols et de violences d'un pays à l'autre à un moment donné » (Roché, 1993). La différence entre la criminalité « réelle » ou « totale » et la délinquance apparente (ou enregistrée) représente le chiffre noir de la délinquance.

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