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Nation et formes de solidarites

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Par   •  21 Mars 2013  •  2 050 Mots (9 Pages)  •  958 Vues

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Sujet :

« En partant du cours, de lecture réalisée à partir de la bibliographie distribuée et d’un exemple, montrez comment la définition du concept de Nation et son évolution dans le temps et l’espace sont parfois le résultat d’une « guerre des mémoire ». Dans une seconde partie, à partir de cet exemple décrivez et analysez les rapports parfois antagonistes entre mémoire historique et mémoire familiale qui interviennent dans la construction identitaire »

« Enfant, ma grand-mère me soufflait une chanson que je prenais pour une comptine futile :

Vous n’aurez pas l’Alsace et la Loraine,

Et malgré nous, nous resterons français,

Vous avez pu germaniser la plaine,

Mais notre cœur, vous ne l’aurez jamais. » (Thierry GLORIS, scénariste)

A l’heure où le débat sur l’identité nationale déchaîne les passions, il est intéressant de voir « Malgré Nous, ELSASS », une bande dessinée, raconter le destin d’un jeune homme en quête de sa personnalité, de son identité, face au chaos de l’histoire dans un pays en guerre. Une fiction, certes, qui « n’a pas la prétention de faire œuvre historique ni de relater par détail et l’exactitude, le drame des « Malgré-nous, ni de l’Alsace en particulier ». Mais qui « veut faire percevoir une réalité bien singulière de notre hexagone », comme le dit encore son auteur.

Dans un premier temps, la réflexion portera sur le concept de Nation avec une conceptualisation dans le temps et dans l’espace. Nous verrons à travers ces définitions que le concept de Nation est parfois le résultat d’une « guerre des mémoires ». Dans un second temps, à partir de l’exemple, nous dériverons et analyserons les rapports parfois antagonistes entre mémoire historique et mémoire familiale qui interviennent dans la construction identitaire.

La plupart des auteurs de notre époque constatent la difficulté d’arriver à une définition simple et univoque de la nation, écueil peut-être explicable du fait qu’il existe au moins cinq sortes de nations. ( nation ethnique, nation civique, nation culturelle, nation sociopolitique et nation diasporique)

Mais c’est surtout au XIXème siècle que le concept devient primordial dans l’histoire. Il symbolise le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes : les sentiments « nationalistes » ont commencé à émerger avec les grandes conquêtes de Napoléon en Europe. En Prusse, pour se rebeller face à la domination napoléonienne, on évoque l’unité du peuple allemand. Le texte fondateur est le Discours à la nation allemande de Fiche en 1806. C’est la première vision : la vision allemande de la nation. Celle-ci est un peuple issu de la même origine et qui partage la même culture. La nation, selon FICHE, a des caractéristiques objectives : culture, race, religion, histoire, langue etc. La deuxième vision est la conception française de la nation, définie par Ernest RENAN dans « Qu’est-ce qu’une nation ? » en 1882. Pour l’auteur, la nation est un « vouloir-vivre ensemble », c’est-à-dire une communauté d’individus qui, quelque soit leurs origines culturelles ou ethniques, ont cette envie de faire partie d’une entité. C’est la vision traditionnelle Française, et c’est sur ce principe que fonctionne la République française. Les nations européennes sont nées dans des conditions historiques si différentes qu’elles ont suscité une littérature à la fois idéologique et savante, fondé sur l’idée qu’il existait deux idées de la nation. Ainsi, Theodor MOMMSEN justifiait la politique d’annexion de l’Alsace en 1871 par la germanité ethnique, linguistique et culturelle des Alsaciens, alors que les historiens français invoquaient, eux, le « vœu des nations » (Renan), la « volonté » et la « consentement libre des peuples », en affirmant que l’« Alsace était française par la nationalité et la sentiment de la patrie ». (Fustel de Coulanges) D’un point de vue sociologique, « la nation historique moderne – symboliquement née avec la Révolution française et qui a connu son épanouissement en Europe occidentale jusqu’à la Première Guerre mondiale – a été une forme politique, qui a transcendé les différences entre les populations, qu’il s’agisse des différences objectives d’origine sociale, religieuse, régionale ou nationale ou des différences d’identité collective, et les a intégrées en une entité organisée autour d’un projet politique commun », nous précise Dominique SCHNAPPER. Ainsi, la définition du concept de nation et son évolution restent d’abord le fait des historiens qui ont toujours contribué directement ou indirectement à développer la mémoire nationale. En ce sens, Alain TOURAINE dit que « l’idée de nation est plus politique que culturelle ou communautaire » et rajoute que la communauté est devenue nation à partir du moments où « elle a réfléchi sur elle-même et a acquis la conscience d’être une société politique ».

Par conséquent, l’identité d’une nation est toujours en constante évolution, se modifie et se complexifie. La nation est située dans le passé et fondée sur le consentement dans le présent, une acceptation de l’héritage reçu par les individus. Dans cette vision, quelle mémoire est laissée en héritage aux alsaciens aujourd’hui ? Comment concevoir l’idée de nation entre une mémoire nationale officielle et celle d’une mémoire spécifique et parcellaire ?

Pour Daniel LINDENBERG , l’oubli, la manipulation, le souvenir parcellaire provoqueraient la « guerre », notre relation à l’histoire consistant ainsi à toujours « hésiter entre l’oubli et la mémoire ». En fait, chaque conflit mémoriel serait la continuité de la « guerre » précédente qui se renouvellerait sous des formes et des thématiques nouvelles. Dreyfus, Vichy, Mai 68…A chaque fois explique-t-il, la même volonté d’effacement et le même échec. Dès lors, la représentation d’une chose passée peut-être un acte anodin quand il s’agit de souvenirs personnels. Mais, « dès que ces représentations touchent plus profondément l’individu, dès qu’elles entrent en contradiction avec les discours officiels, les fondements du droit ou les souvenirs d’autres groupes de personnes ayant vécu les mêmes événements, la réminiscence devient moins évidente

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