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Les Prix Nobel De L'économie De 2008 à 2012

Note de Recherches : Les Prix Nobel De L'économie De 2008 à 2012. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Février 2014  •  3 315 Mots (14 Pages)  •  844 Vues

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Exposé des prix Nobel d’économie de la période 2008 a 2012

Introduction générale

I. Le prix Nobel 2OO8 : Paul Krugman, prix Nobel d'économie 2008

A. Nationalité

Il y a des années où expliquer ce qui justifie un prix Nobel d'économie est compliqué; les économistes les plus réputés dans leur profession ne sont que rarement connus du grand public, et leurs travaux sont parfois ésotériques, prennent la forme d'articles durs d'accès. Le prix décerné cette année à Paul Krugman pose le problème inverse : il est célèbre (pas forcément pour ses travaux académiques d'ailleurs) et il a tant écrit que ce n'est pas le vide qui guette le commentateur, mais le trop-plein. Voici donc quelques éléments sur Krugman, chercheur, vulgarisateur, intellectuel engagé - avec quelques remarques plus personnelles.

B. Apport théorique

Qu'est-ce qui justifie le prix Nobel pour Krugman? Un bon point de départ est d'aller lire la note d'information qu'y consacre le site de l'académie Nobel. La récompense est décernée pour ses travaux "sur le commerce international et l'économie géographique". Krugman a contribué à répondre à cette question simple : pourquoi les activités productives sont-elles localisées là ou elles se trouvent, et qu'est-ce qui détermine les échanges entre nations ou régions?

L'histoire de l'analyse économique sur ce sujet est celle d'une accumulation patiente de connaissances, de modèles visant à expliquer les flux commerciaux et la localisation régionale des activités de production. Le premier modèle est le modèle ricardien, expliquant les échanges internationaux et les spécialisations par les différences de productivités relatives entre nations - la théorie dite des avantages comparatifs, selon laquelle les nations se spécialisent dans les secteurs dans lesquels leur productivité est soit plus forte, soit pas trop faible, par rapport aux autres pays. Cela explique par exemple pourquoi la France exporte des voitures vers la Tunisie, et importe des produits textiles de ce même pays : la productivité du secteur textile tunisien est plus basse qu'en France, mais la productivité du secteur automobile tunisien est encore plus basse, ce qui justifie des échanges mutuellement avantageux. Le modèle ricardien, quoique très simple, est probablement l'une des idées les plus contre-intuitives de la science économique, au point que sa compréhension est presque un test permettant de savoir si une personne est économiste ou non. A cette explication des échanges par la technologie s'est ajoutée leur explication par les dotations en facteurs de production, dans le cadre du modèle d'Hecksher-Ohlin, retranscrit par Samuelson.

Si ces modèles constituent une façon d'expliquer les échanges et la localisation de la production, ils souffrent d'un problème méthodologique majeur : l'absence de prise en compte de la possibilité de rendements d'échelle croissants - le fait que l'augmentation de la production dans un secteur va en accroître la productivité, créant potentiellement des effets renforçants en cas de spécialisation dans celui-ci. Les rendements croissants posent un problème pratique : la grande difficulté à être traduits en modèles "traditionnels", permettant d'utiliser le concept d'équilibre, et donc de savoir "ou l'on va finir par se trouver". Les économistes connaissent depuis longtemps l'existence de rendements croissants - on peut penser à la manufacture d'épingles chez Smith, ou à leur description par Marshall - mais ceux-ci posent un problème : dès lors que l'on cherche à établir un modèle les prenant en compte, on se retrouve avec des divergences, ou des équilibres multiples, ne permettant pas de savoir ce qui va se produire.

Par ailleurs, les échanges internationaux, s'ils sont partiellement expliqués par le modèle ricardien, présentent des caractéristiques que celui-ci ne prend que difficilement en compte : les échanges ne sont pas seulement inter-industriels, mais intra-industriels. La France exporte des automobiles vers l'Allemagne, et importe des automobiles d'Allemagne; sauf à supposer que les voitures allemandes sont fabriquées avec une technologie différente des voitures françaises, le modèle ricardien ne permet pas d'expliquer ce genre de flux, qui représente pourtant une part très forte du commerce mondial, qui se fait pour l'essentiel entre pays similaires s'échangeant des produits similaires.

Des tentatives pour intégrer les rendements croissants dans les modèles de commerce international avaient été faites; Krugman s'est même demandé si finalement, tout n'était pas déjà dans le très peu lu (tout le monde se contentant de la version simplifiée de Samuelson) Bertil Ohlin. Mais cela se limitait à quelques intuitions - les rendements croissants doivent avoir de l'importance - sans qu'il soit possible de les traduire de façon intelligible. Le problème, c'est que sans modèle, il est impossible de comprendre comment intégrer les rendements croissants : à la limite, ceux-ci devraient impliquer que toute la production ne s'effectue qu'à un seul endroit; mais l'utilisation de modèles à rendements décroissants, s'ils parviennent à aboutir à un résultat moins absurde, impliquent des formes de commerce et de localisation insuffisants pour décrire la réalité.

C'est là qu'intervient Krugman. Après avoir rédigé une thèse sur les crises de balance des paiements - un sujet qu'il traitera, pour le grand public, inlassablement par la suite - il a, comme d'autres, cherché "la grande idée" qui lui permettrait de faire une carrière de chercheur. Il devait trouver sa grande idée en attendant un avion dans l'aéroport de Boston : construire un modèle simple permettant de décrire les flux commerciaux en intégrant les rendements croissants et leur impact sur la localisation de la production et de la consommation. Son modèle s'écrit rapidement : l'article le décrivant fait une dizaine de pages. Il se basait sur des travaux d'Avinash Dixit, et si l'on peut avoir un regret aujourd'hui, c'est que celui-ci n'ait pas été récompensé en commun avec Krugman tant leurs travaux sont liés. La solution, qu'avait entrevue Marshall, consiste en particulier à distinguer les rendements au niveau de la firme et au niveau de la branche; autre

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