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Le Code General De Normalisation De Comptabilité

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Par   •  18 Février 2013  •  1 501 Mots (7 Pages)  •  870 Vues

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D’Ibn Khaldoun à la sociologie coloniale

La sociologie après l’indépendance du Maroc se retrouve avec un legs d’études et de monographies produites durant la période coloniale par des sociologues et des officiers des affaires indigènes, mobilisés par l’administration coloniale au profit d’une intervention se basant sur une connaissance de la société marocaine de l’époque.

Signalons que suivre le grand itinéraire de la sociologie en terre marocaine ne pourrait se faire sans évoquer Ibn Khaldoun, que les sociologues marocains des années d’après l’indépendance enseignaient aux étudiants comme un précurseur de la sociologie. La figure d’Ibn Khaldoun demeure insolite dans l’histoire de la pensée sociologique arabe. S’il a initié une sorte d’objectivité dans l’analyse de la dynamique des sociétés et des dynasties, il n’a pas été suivi dans cette voie par ses successeurs penseurs arabes qui se sont inscrits dans la continuité d’une lecture normative et religieuse de la société. Pourquoi Ibn Khaldoun est-il demeuré sans héritiers dans la pensée arabe ? Une telle question dépasse le cadre de cette contribution.

La réflexion sur la sociologie au Maroc, son évolution et ses thématiques, débouche sur « cette naissance illégitime » qui eut lieu durant la période coloniale. Déjà la sociologie est associée à une déterritorialisation de la science au profit de l’expansion coloniale qui ne pouvait se passer de la connaissance du colonisé. Revenir sur cela, c’est revenir sur une demande idéologique dans sa forme la plus accomplie. Les publications régulières telles que les Archives Berbères, Hespéris Tamuda, Archives marocaines, ainsi que l’abondante littérature sociologique, encadrée à la fois par les sociologues français et par les officiers des affaires indigènes ont constitué un héritage colossal et nécessaire à la connaissance de la société marocaine de l’époque.

La demande faite à la sociologie provient d’un projet de société. Il s’agit d’un projet colonial où la science est mobilisée pour fournir un encadrement scientifique. Inutile de rappeler la thèse de Robert Montagne sur « les berbères et le Makhzen » qui représente le summum de la théorie coloniale. Néanmoins, affirmer le caractère idéologique et colonial de la sociologie coloniale est une tautologie. Ce fait, cependant, ne lui retire point le mérite d’être une connaissance empirique organisée et fouillée. Examiner ce savoir, ses thématiques est un projet qui dépasse le cadre de cet article. Mais soulignons néanmoins qu’une sociologie naissante après l’indépendance du Maroc en 1956commence par se positionner par rapport à cet héritage.

Engagement et décolonisation

La genèse de la sociologie du Maroc indépendant est fortement associée au nom de Paul Pascon (1932-1985, naturalisé marocain en janvier 1964). Il fonda avec des collègues appartenant à différentes disciplines la première structure de « recherche ». Faire de la sociologie était alors conçu comme une action militante qui devait compter sur le rôle de l’État. Et comme l’État était perçu comme l’acteur central du changement et du développement, les premiers chercheurs, majoritairement de gauche, étaient, pour ainsi dire, forcés d’accompagner, d’impulser, d’orienter l’action publique tout en défendant leur engagement politique, leur autonomie de pensée et l’intérêt des masses populaires. La majorité des études à caractère sociologique, effectuée par Paul Pascon et ses collègues, était réalisée dans le cadre des politiques publiques (politique agraire, politique hydraulique…).

• Mohamed Guessous (né en 1939) a fortement contribué à la formation de la première génération de soc

Si l’apport de Paul Pascon à la sociologie rurale a été des plus importants, en raison de sa production qui témoigne d’une rigueur scientifique, d’autres sociologues affiliés à d’autres institutions universitaires se sont inscrits dans cette sociologie d’engagement tels que Abdelkébir Khatibi et Mohamed Guessous .

La sociologie pratiquée dans les années 1960 et 1970 se voulait critique sur le plan théorique et politique. Décoloniser l’appareil conceptuel colonial était presque un slogan, une précaution que tout chercheur – progressiste – doit professer et éventuellement mettre en œuvre. Selon Abdelkébir Khatibi, la « décolonisation de la sociologie suppose une non dépendance scientifique de la métropole et une politique scientifique critique basée sur l’analyse comparative des pays sous-analysés ou plutôt mal analysés » .

La tâche essentielle de la sociologie consiste à mener un double travail critique : déconstruire les concepts ethnocentristes des sociologues qui ont parlé à la place des Marocains, et mener une critique du savoir et des discours élaborés par la société marocaine (ou arabe) sur elle-même. Dans un article intitulé « Décolonisation de la sociologie », Abdelkébir Khatibi écrit :

« Du point de vue de ce qu’on appelle encore le tiers monde, nous ne pouvons prétendre

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