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La croissance et le développement : une introduction

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Par   •  9 Octobre 2022  •  Cours  •  10 001 Mots (41 Pages)  •  165 Vues

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Module I – partie 3 (ECG1) : L’économie mondiale d’un siècle à l’autre

Chapitre 1 : La croissance et le développement : une introduction  

L’historien italien Carlo CIPOLLA (1922-2000) a écrit que la Révolution industrielle peut être considérée comme « la rupture la plus importante dans l’histoire de l’humanité depuis le néolithique[1] ». En l’espace d’environ un siècle (de la fin du XVIIIème à la fin du XIXème s.), l’économie et la société d’un certain nombre de pays ont changé de façon importante. La Révolution industrielle (ou « première Révolution industrielle ») constitue le début de la croissance économique moderne.

Qu’est-ce que la croissance ? Pourquoi ne doit-elle pas être confondue avec le développement ? Quels rapports complexes ces deux phénomènes entretiennent-ils ?

  1. La croissance économique
  1. De quoi s’agit-il ? Quand est-elle apparue ?

La croissance économique est l’augmentation des richesses produites par une économie (valeur des biens et services produits) sur une période donnée. C’est donc un phénomène quantitatif qui peut se mesurer sur le court-terme mais aussi le moyen terme et le long terme.

L’apparition de la croissance dans un monde de quasi-stagnation :

Pour Angus MADDISON (The World Economy. A Millenial Perspective, 2001), les sociétés connaissent une hausse de la production à partir de la fin du Moyen-âge : autour de 0,2 - 0,3% par an, en moyenne, en terme réels de 1500 à 1800. Mais si la population croît, même faiblement, la croissance de la production est absorbée par celle de la population et finalement le revenu par tête a tendance à stagner. Avec la première Révolution industrielle, le produit réel décolle ; il est multiplié par 5 entre 1800 et 1945. La (première) « révolution industrielle » désigne le mouvement par lequel se développent, à un rythme + rapide et en quantités beaucoup plus grandes que dans les périodes antérieures, la production et les échanges de biens matériels standardisés.

Mais ce phénomène de croissance ne concerne alors encore qu’un nombre limité de territoires :

  • les pays dits du early start d’abord (Royaume-Uni, France, Belgique, Suisse pour l’essentiel) à partir de la fin du XVIIIème siècle. En France, les taux de croissance annuels moyens du produit industriel pour la première moitié du XIXème s. seraient de 2,5% et de 1,6% pour la seconde (Jean-Charles Asselain, 1984) ;
  • puis les pays dits followers autour des années 1840-1850 (espace germanique, Etats-Unis, Italie du Nord…) ;
  • puis les pays dits latecomers (Russie et surtout Japon notamment) à partir des années 1870-1880, lorsque commence la deuxième Révolution industrielle dans les pays pionniers.

C’est-à-dire que l’essentiel de l’espace mondial ne connaît pas encore ce phénomène de croissance. Il faut attendre les années 1960 pour assister au « décollage » (au sens de début de la croissance) d’autres pays (voir graphique)

  1. Mesurer la croissance ne va pas sans poser de problème

Pour mesurer la croissance, on utilise traditionnellement un agrégat, le PIB = produit intérieur brut (l’économiste Simon KUZNETS (1901-1985) en est largement à l’origine (années 1930)). D’où la définition de François PERROUX (1903-1987), souvent citée dans les dissertations : la « croissance est l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues, d’un indicateur de dimension ; pour une nation, le produit global en termes réels ».

Le PIB est égal à la somme des valeurs ajoutées, à laquelle on ajoute la taxe sur la valeur ajoutée et les droits de douane. La valeur ajoutée d’une unité économique (une entreprise par exemple) est égale à la valeur de la production de cette unité moins la valeur des consommations intermédiaires.

Cet indicateur qu’est le PIB est essentiel mais il a des limites de plus en plus souvent mises en avant.

Pour permettre des comparaisons entre les Etats, la conversion de tous les PIB dans une monnaie unique (le $ des Etats-Unis) pose une première difficulté : les comparaisons sont dépendantes des fluctuations du taux de change (nous sommes entrés dans la 1ère moitié des années 1970 dans un système de changes flottants). D’autre part, 1 $ ne permet presque rien aux Etats-Unis alors que dans les pays les plus pauvres, cette somme minime donne un pouvoir d’achat non négligeable. D’où le calcul du PIB à parité de pouvoir d’achat (PPA). Au lieu de convertir les PIB en dollars selon le taux de change en vigueur, on prend en considération les prix intérieurs (à partir d’un panier de consommation standard de près de 3000 produits) et on exprime les PIB réels en dollars internationaux. Il s’agit là d’une unité de compte et non pas d’une monnaie. Un pays dont les prix sont bas et où, en changeant un $ américain dans la monnaie nationale, on a un pouvoir d’achat > à celui que donne un $ aux EU, aura son PIB réel, c’est-à-dire à parité de pouvoir d’achat, augmenté. Exemple : la valeur du PIB/hab passe d’environ 700 à près de 1700 $ au Burkina Faso (Afrique subsaharienne). En éliminant les différences de niveaux des prix, on peut donc faire des comparaisons internationales.

Si l’on en reste au cas des pays dits « sous-développés » ou « en développement », on peut se demander pareillement si le PIB a toujours un sens. Certains pays ont un PIB inférieur à 400 $/an, question tragiquement simple : comment ces populations (même si l’on connaît les phénomènes de sous-nutrition et de malnutrition) peuvent-elles survivre ? Leur PIB/hab traduit une survie théoriquement impossible et pourtant la majorité semble quand même disposer du minimum biologique… En fait, on se heurte à une difficulté essentielle qui est la 2ème limite. Le PIB a été mis au point pour chiffrer des économies monétarisées où personne n’échappe au circuit monétaire. Il se révèle donc inadapté pour rendre compte d’économies dont la structure est différente et où coexistent un secteur monétarisé et un secteur non monétarisé. Il faut donc prendre en compte l’autoconsommation qui peut peser très fortement. On a parfois des interprétations trompeuses d’une hausse constatée du PIB dans un pays. Elle peut en effet correspondre, non pas à une augmentation de la production totale, mais à une monétarisation croissante de l’économie. Et celle-ci peut se faire aux dépens de l’économie d’autoconsommation : par exemple des cultures commerciales qui prennent la place de cultures vivrières. Autre limite : une partie de l’activité économique donne lieu à échange, mais n’est pas prise en compte dans le PIB, car elle n’est pas déclarée. Ce qui est appelé « secteur informel » tient une place mineure dans les économies des pays développés, mais joue un rôle très important dans les pays en développement. Le PIB, faute de pouvoir le mesurer, se trouve ainsi dans l’incapacité de mesurer exactement la production réelle. Rappelons par ailleurs, que, même dans nos économies, les activités domestiques (jardinage…) et les productions non déclarées existent et ne sont donc pas prises en compte par le PIB. Ce sont aussi les activités bénévoles qui ne sont pas comptabilisées dans le PIB. Or elles améliorent souvent le bien-être de ceux qui en bénéficient (soutien scolaire dans un centre social, par exemple).

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