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L'équilibre néoclassique

Étude de cas : L'équilibre néoclassique. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Février 2014  •  Étude de cas  •  3 867 Mots (16 Pages)  •  651 Vues

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L'équilibre néoclassique

Il est bien évident qu'on ne saurait présenter l'ensemble du courant néoclassique en quelques paragraphes, et que le texte qui suit n'a pas cette ambition. Il tente simplement de souligner quelques points qui me paraissent essentiels pour caractériser la démarche et les conclusions de cette filiation théorique. Il faut donc considérer ces points comme une introduction à l'étude des raisonnements néoclassiques, et non comme ces raisonnements eux-mêmes.

1. Contexte et dénominations

Chose étonnante, le courant néoclassique est né des travaux menés indépendamment et quasiment simultanément par Stanley Jevons (1871), Carl Menger (1871) et Léon Walras (1873). Une telle concordance, et un tel succès (le paradigme néoclassique deviendra très rapidement dominant) s'explique en premier lieu par le contexte idéologique et politique. Les années 1860 sont celles d'un essor du mouvement ouvrier politique inspiré notamment par les idées de Marx. Ce mouvement ouvrier conteste dans les faits, et pas seulement dans l'idéologie, l'ordre capitaliste. Or la vieille théorie de la valeur-travail élaborée par Smith et par Ricardo constituait une bien mauvaise ligne de défense pour les partisans de l'ordre établi, dans la mesure où elle conduisait à affirmer la réalité de l'exploitation des travailleurs et où elle fournissait une base théorique à la lutte des classes. Par bien des aspects, et aussi paradoxal que cela puisse sembler, le réquisitoire de Marx contre le capitalisme s'inscrivait dans les prolongements théoriques du plaidoyer de Ricardo en faveur de celui-ci. Aussi, pour contrer Marx, fallait-il également rejeter Ricardo. Le courant néoclassique va ainsi s'attacher à démontrer tout à la fois la capacité du marché (auquel est assimilée l'économie capitaliste) à obtenir des résultats optimum, et le caractère non exploiteur, équitable, de cette économie. S'il se situe dans la continuité des classiques sur les thèmes du libéralisme et du laisser-faire, il constitue donc en revanche en rupture complète vis-à-vis de Smith ou Ricardo, en particulier sur les théories de la valeur.

Il serait exagéré de présenter la théorie néoclassique de la valeur comme une innovation complète. Dès le début du siècle, et face aux thèses de la valeur-travail, bien des économistes avaient proposé une théorie alternative, fondée sur les notions d'utilité et de services productifs (citons notamment J.-B. Say et F. Bastiat). La nouveauté qu'apportent les néoclassiques sera, tout en repartant de cette base, de proposer une formalisation beaucoup plus poussée, cherchant à donner à leurs raisonnements une rigueur toute mathématique.

La théorie néoclassique est également souvent qualifiée de marginaliste, du fait qu'elle généralise une méthode de raisonnement dite « à la marge ». Bien sûr, cette dénomination est consacrée par l'usage, et ce n'est pas ici qu'on va la remettre en cause. Elle s'appuie sur un fait indéniable, les néoclassiques étant extrêmement friands de ce type de raisonnements. Cependant, il faut bien comprendre que cette caractérisation s'attache à la forme bien plus qu'au fond. Le raisonnement « à la marge » n'est pas, par lui-même, néoclassique, ricardien ou marxiste. Ricardo, sur la rente foncière, raisonne de manière purement marginaliste (« Si l'on met en culture une unité supplémentaire de terre... »), sans que ses théories ne rejoignent pour autant celles des néoclassiques. Si ceux-ci peuvent employer l'approche marginaliste dans la presque totalité des situations sur lesquelles ils raisonnent, c'est en raison de leurs hypothèses et de leur problématique. Et ces hypothèses, et cette problématique, les caractérisent bien davantage que la forme du raisonnement qu'ils emploient le plus volontiers.

On a également coutume de dire que le courant néoclassique se caractérise par la place qu'il accorde à la micro-économie. Là aussi, il y a du vrai, mais seulement dans une certaine mesure. En réalité, toutes les théories économiques, sans exception, se fondent à un degré ou à un autre sur des hypothèses portant sur le comportement des agents - quels que soient les agents que ces théories reconnaissent comme pertinents. Même des analyses particulièrement orientées vers la macro-économie, comme celles de Marx ou de Keynes, vont en réalité de pair avec certaines hypothèses micro-économiques. De ce point de vue, la théorie néoclassique n'est donc pas particulièrement originale. En revanche, là où le courant néoclassique se distingue, c'est sans doute sur la place et l'importance qu'il accorde aux raisonnements micro-économiques. Lui seul en effet ambitionne de fonder l'ensemble de son édifice théorique sur des postulats concernant des individus isolés (c'est ce qu'on appelle l'individualisme méthodologique). Et lui seul, sur cet aspect micro-économique, a poussé le formalisme aussi loin.

Néoclassique, marginaliste, micro-économique : toutes ces caractérisations s'appliquent donc à ce courant, dans certaines limites qu'il convient toutefois de ne pas perdre de vue.

Il faut néanmoins souligner que l'ensemble néoclassique est, par bien des aspects, beaucoup plus homogène que celui des classiques, dont nous avons vu qu'il recouvrait des disparités parfois radicales sur des thèmes pourtant fondamentaux. Les néoclassiques, eux, s'accordent tous sur la théorie de la valeur, sur l'individualisme méthodologique, sur le rôle privilégié attribué aux situations d'équilibre, etc. Une certaine diversité est certes apparue après la deuxième guerre mondiale, certains néoclassiques tentant d'intégrer les propositions de Keynes pour élaborer une synthèse, d'autres, au contraire, rejetant celles-ci avec vigueur. Toutefois, pour ce qui est de ses fondements, qui furent posés pour la quasi-totalité d'entre eux à la fin du XIXe siècle, il reste parfaitement légitime d'étudier ce courant en tant que tel.

2. Le cadre général du raisonnement

Le courant néoclassique se distingue par son point de départ : il s'agit de l'homo œconomicus, l'homme économique, une fiction désignant un individu abstrait, doté d'un certain nombre de biens, jouissant d'un pleine liberté de décision et poursuivant rationnellement certains buts sous certaines contraintes.

L'univers des néoclassiques est un univers d'individus, dans lequel les institutions, l'Histoire ou les classes

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