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L'entreprise Doit-elle être gérée Dans L'intérêt Exclusif De L'actionnaire

Mémoire : L'entreprise Doit-elle être gérée Dans L'intérêt Exclusif De L'actionnaire. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  10 Mars 2013  •  9 205 Mots (37 Pages)  •  1 394 Vues

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L’entreprise doit-elle être gérée dans l’intérêt exclusif de l’actionnaire ?

Une réflexion sur « la nature de la firme dans une économie de marché »

Au delà d’une « conception agentielle », qui est aujourd’hui la vision dominante, et qui conçoit la firme moderne entièrement subordonnée aux intérêts des actionnaires, ne peut-on légitimement, sur le plan politique pour davantage de démocratie, sur le plan social pour une plus grande sécurité, et sur le plan économique pour plus d’efficacité, prôner une vision « partenariale » de l’entreprise, tournée vers un objectif commun ? Après avoir rappelé la nécessité d’une relecture positive de la théorie néoclassique de la firme, qui a abouti à un renouvellement des théories de l’entreprise, cet article s’efforcera d’exposer les arguments qui nous poussent, selon M. Aglietta et A. Rebérioux, à remettre en question la vision normative du courant théorique, aujourd’hui dominant, selon lequel : « l’entreprise doit être dirigée dans le seul intérêt des actionnaires ».

Les conceptions théoriques de la firme se sont affinées au fil des années grâce à l’apport de plusieurs courants de pensée et de l’analyse économique contemporaine

Paradoxalement, alors que l’entreprise peut être considérée à bon droit comme « cette cellule élémentaire où la richesse se forme et les emplois se créent », dans la théorie néoclassique standard, que ce soit dans le modèle d’équilibre général des analyses de marché ou une grande partie de l’économie industrielle qui s’intéresse aux relations inter firmes, la firme est un « boîte noire » dont on refuse d’analyser la réalité et de voir la complexité de son organisation

Elle est pensée comme un agent passif et un organisme réflexe, plutôt que comme un acteur véritable, pesant sur le cours des choses : c’est une « firme point », une « firme automate » (Coriat et Weinstein)

Les théories qui vont suivre vont entrouvrir cette « boîte noire » et chercher à répondre à deux séries de questions essentielles :

Pourquoi la firme existe-t-elle ? Pourquoi s’est imposée une forme d’organisation économique distincte du marché, alors même que ce dernier est considéré comme la forme supérieure de coordination des activités et des allocations de ressources ? Cette question est celle posée par R. Coase en 1937, elle sera le point de départ de la reconstruction théorique, elle explique fondamentalement l’existence de la firme par les défaillances de marché et plus particulièrement par les coûts de transactions.

A partir de ce travail initial, d’autres questions liées à la « nature » ou plutôt à l’ « existence » même de la firme se posent aujourd’hui de manière plus « urgente » : Qu’est-ce que finalement une entreprise, quelle est sa nature ? Comment la caractériser en tant qu’organisation complémentaire au marché ?

N’est-elle que le lieu de rencontre où se noue une relation contractuelle entre agents économiques aux ressources complémentaires ?

Est-elle au contraire une institution à part entière à laquelle peut échoir une finalité et un objectif aux horizons plus « consensuels » ?

Au delà d’une « conception agentielle », qui est aujourd’hui la vision dominante, et qui conçoit la firme moderne entièrement subordonnée aux intérêts des actionnaires, ne peut-on légitimement, sur le plan politique, pour davantage de démocratie, sur le plan social, pour une plus grande sécurité, et sur le plan économique, pour plus d’efficacité, prôner une vision « partenariale » de l’entreprise, tournée vers un objectif commun ?

Après avoir rappelé la nécessité d’une relecture positive de la théorie néoclassique de la firme, qui a abouti à un renouvellement des théories de l’entreprise, nous nous efforcerons d’exposer les arguments qui nous poussent à remettre en question la vision normative du courant théorique, aujourd’hui dominant, selon lequel : « l’entreprise doit être dirigée dans le seul intérêt des actionnaires ».

I) La firme néoclassique : « Une boîte noire »

II) Le renouvellement des théories de l’entreprise

III) La firme comme nœud de contrats : « L’entreprise libérale »

IV) Pour une théorie « partenariale » de l’entreprise : « L’entreprise une institution démocratique »

I) La firme néoclassique : « une boîte noire ».

A) L’entreprise assimilée au producteur

Le modèle de l’équilibre général donne à la firme une place limitée et une conceptualisation de la firme fort simple, voir simpliste.

Il n’y a pas dans le modèle néoclassique de base, de véritable théorie de la firme élaborée comme un objet d’analyse à part entière.

Le modèle walrasien, forme dominante du paradigme néoclassique se caractérise par les éléments suivants :

la recherche des conditions de l’équilibre en situation de concurrence et d’information parfaite. Il existe un système de prix relatifs tels que les réponses individuelles des agents économiques à ces prix sont compatibles avec un équilibre de marché.

L’hypothèse d’information parfaite et de rationalité parfaite des agents (homo-oeconomicus), avec pour objectif pour la firme la maximisation des profits.

La prééminence donnée à l’analyse de l’échange sur celle de la production.

Dans un tel contexte l’analyse de la firme et du système productif n’est pas une question importante. Ce qui est important c’est le fonctionnement du marché, le jeu du marché, avec pour discours normatif montrer que le marché est infaillible....

Toutes les relations contractuelles passent par le marché et sont constamment renégociées. La coordination des plans des agents est effectuée totalement par le marché. La relation contractuelle entre le producteur et le salarié passe par le marché du travail. De même que l’entrepreneur entre en bourse, le marché des capitaux, pour disposer de ressources financières qui lui permettront de réaliser sa production destinée à la vente.

Finalement la seule fonction de l’entreprise

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