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L'ascenseur social est-il en panne ?

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Par   •  20 Avril 2020  •  Dissertation  •  2 338 Mots (10 Pages)  •  1 488 Vues

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Alexandre

FOURNIL

L’ascenseur social est-il en panne ?

La panne de l’ascenseur social est une thématique importante dans les discours politiques. En effet, de nombreux mouvements sociaux se sont structurés autour de cette question-là. Le mouvement social des « Gilets Jaunes » en est une bonne illustration. En effet, ceux-ci militent pour une plus grande justice sociale et surtout pour rompre cette « assignation à résidence » qui pèse sur les classes moyennes et populaires. L’étanchéité des frontières sociales a agis comme un catalyseur des colères. Néanmoins, cette préoccupation n’est pas propre aux classes populaires et moyennes française, on retrouve des mouvements reprenant les mêmes revendications en Espagne avec le mouvement des Indignés ou encore en Grèce avec Syriza.

 

A travers l’image de l’ascenseur, c’est bien la mobilité sociale qu’il est nécessaire d’interroger. Sa mesure est un enjeu sociologique comme politique. En effet, c’est une notion centrale. Elle permet de mesurer « l’égalité des chances » au seins d’une société, du moins elle permet de mesurer le rapport qu’entretiennent origine sociale et position sociale occupé. Cette mesure est également complexe, elle peut varier selon les définitions que l’on en fait. C’est pour cette raison qu’il est nécessaire d’opérer certaines distinctions méthodologiques. D’une part, il est nécessaire de distinguer mobilité structurelle et mobilité nette. La première mesure les évolutions de la structure sociale. L’évolution du nombre d’individus occupant tel position sociale à des conséquences directes sur la possibilité de mobilité sociale. Par exemple, un grand nombre de fils et filles d’agriculteurs ont connus une mobilité sociale (la plupart du temps ascendantes) dans la mesure où la part des agriculteurs dans la structure sociale a fortement décliné depuis près de 100 ans (avec une accélération après la Seconde guerre mondiale). De cette mobilité structurelle on différencie la mobilité nette, celle-ci est un indicateur de fluidité sociale. La fluidité sociale se mesure à l’aide des odds-ratio – littéralement rapport de chance relative – ils permettent donc de mesurer le rapport de chance relative qu’un individu occupant telle position sociale puisse atteindre une autre position sociale. Il est également important de distinguer deux autres types de mobilité sociale, la mobilité intergénérationnelle est la mobilité intragénérationnelle. La première désigne la comparaison de la position sociale des enfants par rapport à la position sociale du père. La seconde désigne la mesure de l’évolution de la position sociale au cours d’une carrière professionnelle.

 La question de la panne de l’ascenseur social interroge en réalité des valeurs cardinales de nos sociétés comme le mérite où l’autonomie des individus. Il est donc nécessaire, d’une part d’interroger la réalité de cette panne de l’ascenseur sociale, fonctionne-t-il de manière ralentie ? Si tel est le cas, il s’agira de comprendre quels sont les facteurs pouvant expliquer cette panne.

Il est possible de distinguer deux périodes qui permette d’évaluer la réalité de cette panne de l’ascenseur sociale. De prime abord, il est nécessaire de s’intéresser aux Trente Glorieuses, puis à la période post-1975. Par la comparaison de ces deux périodes il est possible d’évaluer l’évolution de la mobilité sociale.

        La période des Trente Glorieuses furent qualifiées par J. Fourastié de « révolution silencieuse », l’ouvrage traitant de cette période en porte d’ailleurs le nom (Les trente glorieuses ; une révolution silencieuse). Par cet expression Fourastié montre combien la situation économique et sociale de la France post-seconde guerre mondiale a évolué. Pendant près de 30 ans, la France connait une croissance économique de près de 5% par an, sans aucun recul. Le chômage est inexistant, on parle ici de chômage frixionnel (1 ou 2% et de très courte durée). C’est une période faste pour l’économie. Claude Thélot montre qu’en trente ans (entre 1948 et 1979), le niveau de production a quadruplé. Louis Chauvel explique dans Le destin des générations que la baisse des inégalités a été plus forte en 30 ans qu’en un siècle auparavant. Cette réduction des inégalités tient à la bonne santé économique du pays, à la hausse de la production et par conséquent de la croissance. Néanmoins, cette réduction des inégalités est également le fruit de la mise en place d’un état providence fort. Au sortir de la guerre, le CNR a mis en place un système de protection sociale de grande ampleur prévenant les plus fragiles des risques de la vie. Les inégalités face à la santé ont donc été réduite par l’arrivé de la sécurité sociale, face à la mort également par la mise en place du système de retraite par répartition. Un autre élément caractéristique de cette période porte sur l’explosion scolaire qui se joue au cours des « Trente glorieuses ». On constate une élévation progressive de l’âge obligatoire de scolarisation, les barrières entre le collège et le lycée tombent peu à peu. Mécaniquement, le capital scolaire des individus augmente. Si le niveau d’étude moyen s’élevait d’un an tous les 25 ans il passe en 1955 à une augmentation d’un an tous les 10 ans. L’âge moyen de sorti du système scolaire était de 14 ans en 1955, il est de 22 en 1015.

        Cette situation économique et sociale a des conséquences importantes sur la structure sociale. En effet, on observe tertiarisation croissante de l’économie au détriment des ouvriers. La part des ouvriers dans le population active en 1962 était de 39%. A l’aube des années 2000, ils ne représentent plus que 25% des individus actifs. A contrario, le nombre de poste de cadre et de profession intermédiaire augmente de manière importante. Les cadres ne représentaient que 4,5% des individus actifs, désormais cette part s’élève à près de 14%. Par conséquent, la mobilité structurelle est très forte. Les mobiles ascendants sont 2,2 fois plus nombreux que les mobiles descendants pour la génération né entre 1944 et 1948. De même que la part des individus se situant dans la même catégorie socio-professionnelle que leurs père diminuent fortement. Cette proportion passe de 51% en 1953 à 40 en 1970 soit une baisse de 13 points de pourcentage. C’est cette situation économique et le développement de la mobilité sociale qui ont permis à certains sociologues comme R. Nisbet ou plus tard H. Mendras de considérer que les classes sociales n’existaient plus. Dans un article de 1950, Robert Nisbet considère que l’enrichissement global de la société, ainsi que l’affaiblissement des comportements de classes (à l’image du vote, on voit très tôt se développer « un électeur conjoncturel », n’étant pas affilié à un parti ou une idéologie) rendent un peu dépassé la lecture de la société en classes sociale. H. Mendras, s’appuis sur les mêmes arguments que Nisbet, toutefois, il innove en n’analysant plus la société de manière pyramidale mais de manière cosmogonique. Cette lecture de la société permet de développer sa théorie de la moyennisation (développé dans La seconde révolution française). Il considère que face au phénomène d’enrichissement de la société et à l’élévation progressive de la structure sociale les classes sociales disparaitrons. Les classes populaires seront peu à peu aspirer vers le haut, profitant ainsi, eux aussi de l’enrichissement générale de la société. Toutefois, si cette idée peut s’entendre durant les Trente Glorieuses, elle sera vite remise en cause par la situation économique des Trente Glorieuse.

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