En quoi la socialisation est-elle un processus différencié?

La socialisation est le processus par lequel l’individu intériorise les normes et les valeurs propres à son groupe ou à une société, ce qui le permet de devenir apte à vivre au sein de ce groupe ou société. L’individu est socialisé tout au long de sa vie par différentes instances de socialisation comme la famille, l’école, les médias, le monde professionnel, les groupes de pairs, etc. En quoi la socialisation est-elle un processus différencié?

La socialisation différentielle est un concept visant à expliquer que la socialisation des individus est différente en fonction du genre et du milieu social de l’individu.

Dès les premiers mois de la vie, filles et garçons sont socialisés différemment sans que les adultes soient toujours conscients d’un tel conditionnement. Avant la naissance, ils choisissent un prénom, des couleurs pour sa chambre et ses vêtements, des jouets, etc. Par exemple, une petite fille sera incitée à jouer à la poupée et à aimer la couleur rose alors qu’un petit garçon aura une chambre bleue et sera incité à ne pas pleurer, car pleurer est un acte réservé aux filles. Ces choix sont déterminés par les normes et les valeurs que la société attribue au fait d’être né homme ou femme. Les filles et les garçons ne sont pas socialisés de la même manière et feront donc l’apprentissage d’un rôle social intégré dans sa culture dès sa naissance. Ces modèles sociaux sont orientés par la différence génétique mais aussi par des constructions sociales produites par la socialisation primaire et confortés par la socialisation secondaire.

La société n’est pas un ensemble homogène, elle est constituée de groupes sociaux distincts, dotés d’une culture propre transmise, elle aussi, lors de la socialisation primaire.

Le milieu social dans lequel l’enfant grandit a également un impact fort sur l’individu qu’il va devenir. Un enfant qui grandit dans un milieu social favorisé n’intégrera pas les mêmes normes, les mêmes valeurs ni les mêmes pratiques qu’un enfant qui grandit dans un milieu social populaire. L’origine sociale va donc impliquer une socialisation différente qu’aura un impact très important sur son devenir, notamment en termes de réussite scolaire. Les enfants issus des classes dominantes sont donc favorisés et réussissent mieux que les enfants des classes populaires, cela se traduit par exemple par un taux de réussite au bac différent selon l’origine sociale. Les enfants favorisés seront plus suivis dans sa scolarité, plus encadrés et motivés. Les normes de comportement, le cadre de vie, les modèles d’identification construisent des goûts distincts, une identité différenciée selon le milieu social. Ceci va engendrer des inégalités sociales : tout d’abord des inégalités de réussite scolaire, puis professionnelles.

La société agit sur nos comportements dès notre enfance et cette influence passe par le processus de socialisation. Des instances de socialisation comme la famille ou l’école nous font intérioriser des normes et des valeurs qui se transmettent de génération en génération sans procéder consciemment. Cette intériorisation des stéréotypes précoce et profonde contribue à modeler l’identité des individus et les conduit à adopter des attitudes et des comportements caractéristiques de leur genre et leur milieu social.

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