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Economie de la Côte d'Ivoire

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Par   •  19 Mars 2013  •  Cours  •  9 605 Mots (39 Pages)  •  1 490 Vues

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ECONOMIE DE LA COTE D'IVOIRE

1) TRENTE ANNEES D'ECONOMIE

Pour l'analyste de la croissance actuelle de la Côte d'Ivoire, l'évolution de l'économie de ce pays depuis l'indépendance est de nature à susciter la plus grande prudence. La Côte d'Ivoire a montré sa vulnérabilité aux chocs exogènes, notamment aux retournements de tendance des cours du café et du cacao. Selon les chiffres de la Banque Mondiale, le PIB par habitant s'est ainsi accru de 3,9% par an dans la décennie 1970, a chuté de 3,70;0 par an de 1979 à 1993, puis retrouvé une croissance de 40;0 par an depuis 1994. Cette volatilité s'explique par un modèle de croissance aux bases fragiles.

Quinze années de «miracle ivoirien»

Du début des années 1960 aux années 1977-78, la Côte d'Ivoire connaît une croissance essentiellement liée au boom des exportations de café, cacao et bois. Le PIB s'accroît alors de plus de 7% par an en moyenne. Grâce à une politique de défrichage intensif de la forêt, soutenue par les pouvoirs publics, les surfaces cultivées des produits d'exportation s'accroissent de manière spectaculaire. Une agriculture extensive du café et du cacao se met en place, où près d'un Ivoirien actif sur deux devient planteur, avec l'appui croissant d'une main d'oeuvre immigrée bon marché (Burkinabés ou Maliens). La Caisse de stabilisation des prix (Caistab), autorité publique unique de la filière café cacao, remplit abondamment les caisses de l'Etat grâce à la différence qu'elle perçoit entre les prix aux producteurs et les prix à l'exportation du café et du cacao.

Le boom tourne à l'euphorie dans les années 1975-1977 , où les cours mondiaux du cacao triplent et ceux du café quadruplent. La Caistab ne répercute cette hausse sur les prix aux producteurs que tardivement (à partir de 1978) et partiellement (hausses inférieures à 50%) . L'État engrange alors des plus-values considérables sur la période 1974-1980, qu'il consacre à de très importants programmes d'investissement. Le montant des investissements publics triple entre 1974 et 1978. Les demandes publique et privée s'en trouvent fortement stimulées, entraînant dans leur sillage les investissements privés, qui augmentent à un rythme annuel de 200;0. Le PIB global, pendant cette période, s'accroît de 100;0 par an. La Côte d'Ivoire bascule dans la catégorie des Pays à Revenu Intermédiaire (PRI), avec un PIB par habitant qui atteint 2.237 $ en 1978 (il est aujourd'hui inférieur à 800 $ actuellement) .

Au début des années 1970 les taux élevés d'investissement étaient encore financés par une épargne intérieure importante. La «manne cacaoyère» produit deux effets simultanés: d'une part elle enclenche un phénomène de désépargne au profit, notamment, d'une housse exponentielle de 10 consommation de biens importés, housse qui a pour effet immédiat d'accroître le déficit extérieur. D'outre port, les gros programmes d'investissements publics débloqués par les ressources du cacao accroissent les dépenses publiques dons des proportions spectaculaires: 42,4% du PIB en 1978 contre moins de 300;0 dons les années 1960 (le ratio actuel est d'environ 24%). Le financement d'un déficit budgétaire croissant est obtenu par un recours systématique aux emprunts extérieurs. La dette publique ivoirienne quadruple dans les années 1970, passant de 18,7% du PIB en 1970 à 45% en 1980.

La hausse de la demande intérieure accroît également le prix des biens et services produits localement, réduisant sensiblement leur exportabilité. Les exportations ivoiriennes, hors café-cacao, chutent de 2% par an entre 1976 et 1981, phénomène aggravé par une politique commerciale protectionniste: en cherchant à favoriser une industrialisation de substitution aux importations, par l'établissement de quotas d'importations et la mise en place de barrières douanières, le gouvernement affecte l'échangeabilité des productions locales, ce qui a un effet dépressif sur les exportations non-traditionnelles. Le poids du café et du cacao dons les exportations s'en trouve renforcé, accroissant mécaniquement 10 vulnérabilité de l'économie aux fluctuations exogènes.

L'État ivoirien des années 1970 pèche par optimisme. Il considère 10 housse du prix des matières premières comme un phénomène de long terme et vit ou-dessus de ses moyens, embauchant des fonctionnaires par milliers, construisant des immeubles, ponts, routes, hôpitaux à grands frais. Surtout, il lance une politique d'industrialisation qui fait de la Côte d'Ivoire le pays le plus industrialisé d'Afrique aujourd'hui (hors Afrique du Sud), mais au prix de quelques gouffres financiers. Certains «éléphants blancs» se révèlent très coûteux sur le long terme, du fait de leurs faibles taux de productivité et de leur gestion souvent catastrophique. l'exemple le plus fréquemment cité est celui de la Sodesucre, qui a coûté plus de 100 milliards de F CFA à l'État. La construction de six unités sucrières, devant assurer une production annuelle de 300.000 tonnes de sucre à la Côte d'Ivoire, a permis d'embaucher jusqu'à 12.000 personnes. Cet outil productif hypertrophié n'a jamais pu dépasser les 150.000 tonnes et fut partiellement démantelé dans les années 1980 (fermeture des sites de Katiola et Serebou), avant d'être cédé au privé en 1997 , pour moins de 30 milliards (en F CFA dévalués). Autre conséquence: en créant ex nihilo des dizaines d'entreprises publiques (dans les filières agro-industrielles notamment) l'État alourdit considérablement ses interventions budgétaires dans les années 1970. Le poids qu'il acquiert dans le secteur productif suppose un niveau élevé de recettes ; il ne résistera pas à la chute brutale des revenus de la décennie 1980.

La longue crise des années 1980

la dépendance de la Côte d'Ivoire vis à vis des cours mondiaux du cacao et 10 sur-implication de l'État dans l'économie productive sont les deux facteurs qui vont précipiter le pays dons une crise profonde, qui durera de 1980 à 1993 environ. Cette crise a marqué les esprits et fait prendre conscience de la vulnérabilité du modèle de croissance ivoirien.

Entre 1978 et 1986, les cours du cacao chutent de 40%. Alors que la dynamique d'importations continue sur sa lancée, la chute de la valeur des exportations inverse le résultat

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