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Crise Des Vins à BORDEAUX

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Par   •  26 Novembre 2013  •  2 279 Mots (10 Pages)  •  1 018 Vues

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DE LA CRISE DES VINS DE BORDEAUX, OU REVENIR SUR TERRE

En fait, il existe deux “crises” actuellement, très différentes, voire opposées, dans beaucoup de vignobles :

d’abord, celle, désastreuse pour ceux qui la subissent et qui touche les viticulteurs, la plupart étant dépendants des prix trop bas du tonneau, qui ont du mal à se faire rémunérer correctement. Les causes sont complexes (un certain négoce peu solidaire parfois, une politique de plantation trop importante, des barrières étatiques...). Ils méritent d’être soutenus, et nous ferons ce que nous pourrons pour les aider. C’est une crise sociale.

L’autre crise concerne un bon nombre de vins, à Bordeaux notamment : trop chers ou trop sensibles à la mode (“vins de garage”), trop endormis sur leurs lauriers, qui n’ont pas pris au sérieux le besoin de communiquer, trop imbus peut-être d’eux-mêmes, alors que le respect des consommateurs (proposer un vrai rapport qualité-prix cohérent) est impératif. Les acheteurs se sont sentis lésés, et cela va permettre peut-être d’assainir le marché. On parle beaucoup trop d’argent, de prix, de bonnes notes glanées chez un “gourou” quelconque, et c’est ce que le consommateur retient, alors que, bien sûr, ceci ne concerne qu’une petite minorité. C’est une crise de confiance.

On revient à la case départ : la typicité, la qualité, des prix sages, un dynamisme commercial de chaque instant, la promotion de sa production, la vente directe aux consommateurs, les références (guides, médailles)... sont les clés du succès. Il y a des vins exceptionnels à Bordeaux, qui sont chers et qui valent leur prix. Il y en a d’autres qui ne le valent pas, voilà tout. Et il y a les 95% de vignerons qui pâtissent des derniers cités. Pour quelques producteurs, on est loin du temps de l’arrogance, notamment à Bordeaux.

L’époque n’est plus à la frime, et ceux-là doivent accepter de faire comme les autres, c’est-à-dire de “mouiller la chemise” pour vendre leurs produits. Terminés les acquis, la référence au vieux classement de 1855 (savez-vous qu’il n’y a que 2 châteaux qui appartiennent encore à la même famille : Mouton et Léoville-Barton). Quand on voit le dynamisme et le savoir-faire commercial (c’est-à-dire proposer un vin à un prix cohérent, du plus modeste au plus grand) de nombreuses appellations françaises moins connues ou provenant d’un bon nombre de pays étrangers, on comprend que quelques grands crus dont la notoriété est aujourd’hui dépassée puissent se faire du souci.

Je connais plus de 3000 vignerons, dont un bon nombre que je respecte. Les producteurs de vin qui ne pensent qu’à augmenter leur prix, à récolter une bonne note en maquillant leur vin, à adapter un vin selon la mode, n’ont aucun intérêt. À quoi bon faire un vin sans plaisir ? Ne vaut-il pas mieux encenser l’effort et le talent que la “gonflette” et la triche ? Quel est le champion le plus estimable : celui qui se “dope” ou celui qui gagne parce qu’il est le meilleur ? Élever un vin, c’est faire preuve d’humilité. L’humilité, c’est une nature, pas un objectif de marketing. Voir aussi : http://patrick.dussert-gerber.com/le-point-sur-les-vignobles/

DÉFENDRE LA TYPICITÉ EN REJETANT LE DOPAGE

Les vins “putassiers” existent toujours car il y a des acheteurs qui se font “bluffer”, mais il y a un revers à la médaille. Le phénomène “vin de garage” se tasse, car l’on se rend compte que ces vins ne tiennent pas la distance. La déception est grande, mais beaucoup plus infime en comparaison de celle d’un consommateur qui a payé une bouteille aujourd’hui sans intérêt à plus de 200 ou 300 €. Si l’on veut être respecté, il faut respecter les autres, en l’occurrence les consommateurs. On fabrique donc (quel autre mot pourrait-on employer ?) ici ou là des vins maquillés, produits comme un drink ou un cocktail. Certains choisissent de faire un vin qui plaît à tout le monde, qui a un goût uniforme, où on se contente de mettre particulièrement le cépage en avant, et c’est bien la preuve que l’on veut escamoter le terroir, ou tout simplement que l’on n’en a pas ! À ce jeu, on ne peut d’ailleurs pas lutter contre les multinationales du vin. Raison de plus pour ne pas le faire.

Cela veut tout simplement dire qu’il faut vivre avec la nature, accepter ses aléas, profiter justement des nouvelles techniques pour mieux les combattre, mais toujours différencier chaque millésime, lui rendre son style, et les techniques ostentatoires ne servent pas à grand-chose si l’on n’a pas un terroir. La priorité, c’est laisser s’exprimer son terroir, en respectant la vigne, en limitant les rendements, en pratiquant la lutte raisonnée, en laissant faire la nature, qui n’a besoin de personne... Un bon vigneron, qui fait un bon vin, n’a pas besoin de se justifier ou de se déjuger.

LES NOSTRADAMUS DU VIN OU LA MASCARADE DES PRIMEURS

Donner son avis sur un grand cru 2006 de Bordeaux, 3 mois après les vendanges, ce n’est que de l’esbroufe. On se trouve face à des vins non finis dont le but est de rafler des éloges, des “étoiles”, des notes de “95 sur 100″ ou “17 sur 20″ (et plus, hélas), uniquement pour pouvoir se vendre vite et cher. Qui peut oser prétendre savoir ce que donnera un vrai grand cru au moment où il vient juste d’être abruti par le début de son élevage en barrique ?

C’est une mascarade, face à laquelle certains critiques qui s’y prêtent feraient mieux d’apprendre l’humilité au lieu de donner des conseils. On nous explique même très sérieusement qu’il faudra boire le vin en 2009 ou en 2020, de vrais Nostradamus. Certains propriétaires feraient bien également de voir à long terme, revenant à plus de réserve, en freinant ces dégustations trop précoces, qui les desservent plus qu’autre chose. On ne me voit donc pas dans le carnaval des dégustations des primeurs, par exemple. Idem pour les concours qui mélangent des vins jeunes, français et étrangers, totalement différents, favorisant ainsi les vins de vinification plutôt que le terroir, qui a besoin de temps pour s’exprimer. Pour les sélections de mon guide, il n’y a pas de dégustations factices ou arrangées : je ne déguste que des bouteilles capsulées afin d’éviter ces trop jeunes cuvées de concours spécialement arrangées pour bien sortir. Sinon, je déguste sur place, au château, directement dans les fûts, au hasard.

L’ÉVOLUTION DES VINS DEPUIS 20 ANS

Le paradoxe (ou plutôt le fait que le hasard n’existe pas), et c’est une évidence que quelques

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