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Consommer pour produire ou épargner pour investir ?

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Par   •  12 Juin 2015  •  1 990 Mots (8 Pages)  •  738 Vues

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Dissertation de sciences sociales (durée 6h en Khâgne B/L, 2ème année de prépa lettres et sciences sociales, épreuve de type concours ENS Ulm/Fontenay/Cachan)

Consommer pour produire ou épargner pour investir ?

Dans la pensée économique, s’opposent deux grands courants d’analyse proposant des visions du chômage et de la croissance radicalement différentes. En effet, le courant néoclassique qui raisonne en termes d’équilibre a érigé l’égalité entre investissement et épargne comme un principe économique. Si Keynes reconnaît l’égalité comptable de l’investissement et de l’épargne, il ne partage pas le point de vue suivant lequel l’épargne détermine l’investissement. Selon John Maynard Keynes, l’investissement est fonction des anticipations des entreprises d’où le rôle essentiel qu’il leur attribue dans son analyse. Or les anticipations dépendent de la conjoncture, c’est-à-dire de la consommation que les entreprises espèrent. De ce fait, il faut selon Keynes stimuler la consommation pour que les entreprises investissent. Si la production est le gage de l’emploi et de la croissance, alors il est de la plus haute importance de les stimuler. Les deux analyses apportant des réponses différentes ouvrent ainsi le débat. Faut-il solliciter la consommation ou l’épargne ? Qu’y a-t-il de plus avantageux pour la santé de l’économie ? Nous tenterons de comprendre en quoi l’épargne peut contribuer à un investissement élevé puis nous montrerons que la production dépend davantage de la consommation et enfin nous dégagerons l’importance de la consommation et de la production en faveur de l’emploi et de l’investissement.

Effectivement du point de vue comptable, l’égalité entre épargne et investissement se vérifie. Il semble donc qu’un niveau d’épargne élevé irait dans le sens d’un investissement élevé. C’est pourquoi on constate que les néoclassiques insistent sur cette variable économique. On verra donc comment l’épargne peut être stimulée puis nous expliciterons les difficultés que pose une telle analyse en période de crise.

En premier lieu, les néoclassiques sont hostiles à l’intervention de l’Etat dans l’économie. Plus précisément cette intervention suppose des impôts et taxes et donc un prélèvement sur le revenu disponible. La consommation étant rigide à la baisse, les taxes se traduisent par une baisse de l’épargne. Ainsi réduire les taxes permet d’augmenter l’épargne dans l’analyse néoclassique.

En second lieu, la théorie microéconomique du consommateur suppose que celui-ci arbitre entre la consommation immédiate et l’épargne, c’est-à-dire consommer dans le futur. Le taux d’intérêt correspond au prix du renoncement à la consommation immédiate. C’est pourquoi, une faible inflation et des taux d’intérêt élevés s’avèrent favorables à l’épargne. Le consommateur peut ainsi prévoir des consommations futures ; la faible inflation facilite ses calculs d’actualisation. De surcroît les taux d’intérêt élevés lui permettent de maximiser son utilité sous contrainte. Le taux d’intérêt permet donc de stimuler l’épargne car il suppose une augmentation du pouvoir d’achat. Nous allons à présent préciser la position néoclassique, c’est-à-dire tenter de comprendre pourquoi ils accordent tant de valeur à l’épargne en vue de l’investissement.

Le raisonnement néoclassique est mené en termes d’équilibre. Il y a donc un équilibre sur le marché des biens et des services et sur celui de la monnaie. La demande globale de biens et services doit correspondre à l’offre globale de biens et services, autrement dit à la production d’ensemble. Or, la production totale se répartit en production de biens de consommation et en production de biens d’investissement. Pour que l’équilibre soit réalisé, il faut donc que les biens de consommation produits soient absorbés par les dépenses des ménages. Les revenus des ménages se répartissent en consommation et en épargne, il s’en suit que l’épargne va permettre de financer sous réserve de faible thésaurisation. D’une certaine façon les dépenses en biens de consommation permettent de financer la production de biens de consommation et d’autre part l’épargne permet le financement de l’investissement. C’est pourquoi d’après les néoclassiques l’épargne doit être suffisante. C’est grâce à l’intermédiation bancaire que les apporteurs de capitaux (épargnants) et emprunteurs (investisseurs) ne se rencontrent pas. C’est là le rôle des banques qui ne doivent pas abuser de la création monétaire sinon il y a dégradation du commerce extérieur. Telle est donc la logique de l’argumentation néoclassique.

Pourtant, un tel attachement à l’épargne se heurte à des problèmes en période de crise. Le développement du chômage nourri par la crise, engendre une baisse de la consommation. En 1993, la chute du taux de croissance se traduit par une baisse de la consommation des biens durables de 6,7% et des loisirs (document 12b) de 0,4% (document 12a). Ainsi les licenciements qui accompagnent la crise accentuent encore la baisse de la consommation. Si on maintient un niveau d’épargne élevé, la consommation se retrouverait d’autant plus réduite. De surcroît les débouchés se restreignant, la production ne pourrait s’écouler. L’épargne est véritablement une fuite dans un tel contexte. S’il y a trop d’épargne, qui va consommer les produits ? L’analyse néoclassique se trouve ainsi face à une impasse car l’investissement ne se perpétue pas sans espoir d’écouler la production. C’est pourquoi nous allons axer l’analyse sur la consommation comme vecteur de l’investissement.

Il s’agit maintenant de montrer que l’investissement dépend davantage de la consommation. Pour ce faire, nous allons mettre en évidence l’importance de la consommation dans les anticipations des entreprises puis nous réintégrerons l’Etat dans l’analyse en qualité de stimulant, enfin on montrera la possibilité de financer l’investissement par le crédit si l’épargne n’est pas assez élevée.

Keynes montre que la décision de la production et donc du niveau d’emploi sont pris en fonction de la consommation courante. Les entreprises prennent en compte le rapport de force qu’elles ont avec les

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