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Les registres de langue

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Par   •  18 Mai 2016  •  Cours  •  3 866 Mots (16 Pages)  •  1 780 Vues

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LES REGISTRES

L’expression “registre de langue” appartient au domaine de la sociolinguistique et remplace l’expression « niveau de langue » qui sous-entendait une dimension hiérarchique. Or il n’est pas vrai que les personnes appartenant à une certaine couche sociale n’utilise qu’une variété de français, c’est à dire que le français soutenu ou le français familier. Dans le langage ordinaire, essentiellement à l’oral, les normes grammaticales, lexicales et phonétiques sont très fréquemment transgressées, indépendamment du milieu social dont on est issu. On peut définir le terme “variation” par rapport à la langue idéale que serait le “français standard”: comme on le sait, celui-ci n’est pas un objet issu naturellement des communautés linguistiques; c’est une création sociale et institutionnelle. Elle est le fait de groupes sociaux qui, à un moment de leur histoire, ont eu le pouvoir de décider, parmi plusieurs usages, quel serait l’usage désormais légal et qui ont eu ensuite les moyens de l’imposer par rapport aux autres. Cette opération requiert que les états se dotent d’un dispositif institutionnel permettant de légiférer et d’agir sur les langues.

C’est le cas par exemple au Québec avec l’OFFICE DE LA LANGUE FRANÇAISE qui a pour mission d’homogénéiser les vocabulaires français (lutter contre l’hétérogénéité par l’introduction de termes anglais). En France, le HAUT COMITÉ DE LA LANGUE FRANÇAISE (1966) informe les services du premier ministre des questions linguistiques; le CONSEIL INTERNATIONAL DE LA LANGUE FRANÇAISE est chargé de la description terminologique, de la diffusion de l’information terminologique en français. Il existe également en France différentes COMMISSIONS DE TERMINOLOGIE chargées de créer des termes capables de nommer les nouveaux produits, les nouveaux concepts et surtout les nouvelles technologies (leur travail consiste, dans la plupart des cas, à trouver des équivalents français aux termes anglais ou américains).

Il est également important de savoir que La France a promulgué la Loi Toubon (4 août 1994) afin d’obliger les usagers à utiliser le français dans les actes de la vie sociale, commerciale et intellectuelle. Cette loi concerne les différents points suivants :

-information du consommateur et protection du salarié (factures, mode d'emploi, les garanties, offres d'emploi, contrat de travail… écrites en français)

- présence du français dans les colloques internationaux organisés sur le territoire national avec la participation du français

-inscriptions sur la voie publique

-utilisation du français obligatoire dans l'audiovisuel

-développement du plurilinguisme: traduction des inscriptions et annonces effectuées par les services publics doivent faire l'objet de traductions dans au moins deux autres langues. (à Paris, gare de Lyon: annonce en français, anglais et italien /gare d'Austerlitz, en français, anglais+ Espagnol)

Le français standard est le français auquel recourt le professeur de français (éventuellement langue étrangère), il est défini comme “le parler soutenu de la bourgeoisie cultivée de la région parisienne”; cependant on assiste actuellement à un éclatement de la notion de français standard à cause, en particulier, de l’éveil de groupes ethniques minoritaires, régionaux ou autres (Corse, Breton, Antillais mais aussi la communauté “beur” des banlieues), ainsi qu’à cause de changements profonds dans l’origine socio-culturelle et socio-économique des enfants scolarisés: le brassage des populations, l’accroissement des échanges (des biens et des personnes, ou encore à travers les réseaux communicationnels: médias, Internet, textos) ont contribué à bouleverser l’enseignement du français, tel qu’on l’entendait il y a encore une trentaine d’années (l’argotologie, par exemple, est une matière enseignée dans les universités françaises – Centre de Recherches argotologiques = CARGO de l’Université René-Descartes de Paris 5- et compte d’éminents spécialistes: cf. Jean-Pierre Goudaillier) . En effet, si l’on veut enseigner la “compétence de communication”, il faut enseigner à comprendre des énoncés authentiques donc les variétés de langue,  les divers sociolectes (reflétant la spécialisation professionnelle des locuteurs). Identifier les traits marquants des diverses variétés de langue peut nous aider à comprendre les implications sociolinguistiques de l’échange communicatif.

Ainsi, le français normatif dit “standard” est très bien décrit dans nos grammaires et dictionnaires, le français “non conventionnel” (c’est-à-dire non-standard) est l’objet d’études ponctuelles qui manquent peut-être d’unité. Les différents phénomènes de variations linguistiques sont mis en relation avec des catégories extra-linguistiques telles que les classes sociales, le sexe, l’âge, les groupes ethniques (pour ne pas dire “race”), voire l’habitat, le style vestimentaire. Ceux-ci se combinent les uns avec les autres et finissent par constituer autant de stéréotypes linguistiques des groupes sociaux présents dans le paysage culturel français contemporain: la personne qui parle le verlan (cette variété de français qui se parle en prononçant les mots « à l’envers » c’est-à-dire en « verlan ») est typiquement un jeune adolescent habitant dans les banlieues parisiennes, il est sans doute d’une origine ethnique des pays d’émigration (hors Union Européenne), et n’a pas encore connu le monde du travail.

Contrairement aux études faites pour l’italien, les variations du français concernent essentiellement  les variations intralinguistiques. (pour l’italien, on a étudié l’italien des immigrés italo-américains, ou l’usage de l’italien –par exemple à l’école- par rapport à l’usage du dialecte –par exemple en famille- : ce qu’on appelle le code switching ou alternance codique =passage d’une langue à l’autre en fonction de contextes déterminés.

La variation peut donc être décrite par rapport à l’expression “Français standard”, norme idéale, construite (ce qui est d’ailleurs le propre de toute norme),  qui ne recouvre aucune réalité empirique puisqu’il ne peut être décrit par aucune enquête empirique. Ce français a au moins le mérite d’être attesté dans les différentes grammaires et les dictionnaires du français courant dont le rôle est d’être plus ou moins implicitement prescriptifs. En effet, cette langue écrite est utilisée dans la plupart des cas dans une situation formelle ou académique (scolaire par exemple). Cependant, là encore, il faut nuancer cette catégorisation car la langue écrite se réalise aujourd’hui dans les chats ou les textos (messages SMS) caractérisés par le caractère quasi instantané et éphémère des productions qui sont bien, elles aussi, écrites. Les niveaux de langue fondent leur définition sur les variétés de langue, à partir de critères extérieurs à la langue.

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