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Politique economique et mondialisation

Dissertation : Politique economique et mondialisation. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  23 Avril 2012  •  9 288 Mots (38 Pages)  •  2 830 Vues

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PREAMBULE

Le statut et le fondement théorique de la politique économique font l’objet d’un débat assez ancien qui s’articule autour de deux visions radicalement opposées. La premiere releve du courant libéral et récuse toute intervention publique dans l’économie, selon elle nécessairement, créatrice de distorsions. La deuxieme vision releve du courant interventionniste et affecte a l’Etat un rôle central, voire supplétif, dans le développement de l’activité économique. Mais, l’une et l’autre de ces visions, ont élaboré un cadre théorique idéologique et normatif du rôle de l’Etat, un cadre déconnecté de la pratique et de la réalité économique.

C’est en ignorant cette dichotomie entre l’idéologie qui sous-tend le processus de mondialisation et sa réalité, et celle entre les discours sur les politiques publiques et leur pratique, qu’a pu se développer un large consensus sur les vertus d’une intervention neutre de l’Etat dans le systeme économique. Les régulations keynésiennes apparaissant déja caduques, un tel consensus s’est formé a partir des années 80, avec la suprématie des PAS comme meilleure thérapeutique au mal développement, ensuite avec l’élaboration du « Consensus de Washington », dont les commandements étaient en réalité loin de faire l’unanimité et enfin récemment, avec la récurrence de l’idée de « bonne gouvernance » qui, si elle peut sembler pertinente en théorie, elle constitue en pratique une concrétisation des principes libéraux, réduisant presque exclusivement le rôle de l’Etat dans la promotion du développement a la création d’un cadre juridique et institutionnel favorable aux mécanismes du marché.

Ainsi, l’on a aujourd’hui l’impression que les moyens dont dispose l’Etat tendent a etre des instruments résiduels et que ses politiques apparaissent comme des politiques par défaut ; les vagues de privatisation suppriment des vecteurs de soutien direct a l’économie, la libéralisation commerciale et les engagements GATT-OMC réduisent sensiblement le champ d’action des politiques commerciales, l’internationalisation des marchés financiers et des capitaux limite étroitement l’utilisation des politiques de change et le pouvoir grandissant des multinationales remet fortement en cause l’autonomie politico-économique de nombreux pays.

Mais, si ces tendances multiplient les opportunités pour des individus, entreprises, secteurs ou économies et si elles créent une forte dynamique du progres technique, des avantages compétitifs des firmes et des avantages comparatifs des pays, l’histoire, comme les faits récents, ont montré qu’elles créent concomitamment autant de risques majeurs. En témoigne la multiplication de faillites d’entreprises, les licenciements pour des raisons économiques… Et la récurrence de crises économiques et financieres, dont la crise déclenchée récemment aux Etats-Unis. Sa propagation, la nature et l’ampleur de ses répercussions, illustrent bien les effets néfastes que puisse avoir la tendance vers la substitution de la rigueur des politiques économiques, par un systeme de gouvernance mondiale dont la légitimité et l’efficacité sont pour le moins mitigées.

En effet, les expériences historiques et récentes, ont bien démontré qu’une politique économique volontariste a toujours joué un rôle central dans le développement de multiples économies et que son absence et/ou sa mise en difficulté, a été un facteur majeur qui a notablement limité les perspectives de croissance de plusieurs pays. Les théories de la croissance endogene l’ont pertinemment prouvé et leurs arguments ont bien restauré le rôle de l’Etat et l’intéret central de sa politique économique structurelle en matiere de développement.

Si l’on tente alors de traiter la question de la légitimité de la politique économique en dehors du clivage normatif et idéologique qui l’entoure, peut-on admettre que face a l’inefficacité avérée des thérapeutiques néolibérales, la politique économique active dispose d’un fondement théorique solide dans le contexte meme d’une économie mondialisée ? Que sans prôner un retour vers les politiques supplétives de naguere, c’est d’une politique économique volontariste et ciblée, dont il faudrait s’armer face a l’ampleur des mutations en cours et des répercussions de la crise actuelle ? Et qu’alors, en redéfinissant de maniere pragmatique et avisée son champ d’action et en pondérant plus efficacement ses moyens et ses objectifs, que la politique économique pourrait jouer son rôle central dans la promotion du développement ?

Pour formuler des éléments de réponse a ces questions autour desquelles s’articule notre contribution, nous analysons dans un premier volet, l’évolution récente du rôle de la politique économique dans les économies ouvertes, d’abord en mettant en exergue les lacunes des théories libérales préconisant les PAS et les commandements du Consensus de Washington comme la panacée au mal développement et en démontrant ensuite que les avancées réalisées dans le cadre des théories de la croissance endogene redonnent a l’Etat et a la politique économique structurelle un fondement solide dans la promotion du développement. Dans un second volet, Nous focalisons notre intéret sur un plan plus pratique, en mettant exergue les aspects et les perspectives d’un renouveau de la politique économique volontariste, aujourd’hui suscité par les dérives du capitalisme et les échecs patents des doctrines libérales comme ceux du systeme de gouvernance mondiale, a prévenir et a résoudre la crise actuelle.

Notre objectif est de démontrer que les paradoxes de la mondialisation, les opportunités qu’elle offre et les risques qu’elle crée, font qu’il ne devrait plus exister dans les économies contemporaines de choix dichotomique entre l’interventionnisme systématique et le « tout marché ». L’idée est que tous les Etats, si libéraux soient-ils dans leurs discours politico­économiques, devraient en réalité agir plus ou moins massivement, plus ou moins directement, sur leurs systemes économiques. Ce qui fera toujours un critere de différenciation des résultats obtenus, c’est leur capacité a redéfinir perpétuellement et de maniere avisée les moyens et les objectifs d’une politique économique volontariste, nouvelle et rénovée.

1. LA POLITIQUE ECONOMIQUE DANS LES ECONOMIES OUVERTES : ENTRE LA NEUTRALITE ET LE VOLONTARISME

La crise de "l’Etat keynésien" s’est affirmée au début des années 80, avec le lancement de Programmes d’Ajustement Structurel (PAS) préconisés par le FMI et la Banque Mondiale, comme une thérapeutique

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