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Peut-on encore parler de classes sociales

Dissertation : Peut-on encore parler de classes sociales. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Avril 2016  •  Dissertation  •  2 519 Mots (11 Pages)  •  3 230 Vues

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Le niveau de vie de la population française est sept fois plus important qu’il ne l’était dans les années 1940 et à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, et a contribué au développement d’une classe moyenne en France. Ainsi, on assiste à un étiolement du principe de classes sociales inférieures, intermédiaires et supérieures telles que les séparait Bourdieu qui en dénombrait six différentes. Par ailleurs, la notion de classe social est le principe selon lequel les individus sont séparés en groupes sociaux de grande dimension, nés de la division sociale du travail, des inégalités de conditions d’existence et des relations de pouvoir. Ces groupes se définissent par un pouvoir économique, un niveau de vie et une socialisation différents, mais surtout par le fait que les individus d’une même classe partagent des intérêts communs, une identité commune et reconnaissent leur appartenance à un groupe social homogène. Peut-on encore dire que la notion de classe sociale est pertinente dans notre société ? Après avoir étudié quels éléments de notre société permettent d’affirmer l’existence de classes sociales, nous analyserons en quoi les classes sociales sont profondément remises en question par l’évolution sociale, puis nous nuancerons ce constat en introduisant des exceptions.

I) Les classes sociales subsistent dans nos sociétés :

a) La passivité de l’individu dans le processus de socialisation explique la subsistance de classes sociales :

Tout d’abord, nous pouvons encore aujourd’hui parler de classes sociales car selon Emile Durkheim, c’est la société qui va déterminer l’individu ainsi que son milieu social. En effet, selon lui, la socialisation est un processus inconscient qui va attribuer des traits de caractère ainsi qu’un ensemble de normes et de valeurs auquel l’individu est tenu de se conformer s’il ne veut pas risquer l’exclusion de ses contemporains. Les normes, ensemble de règles en société, et les valeurs, idéal qui guide les actions, sont donc inculqués de force à l’individu par des instances de socialisation primaires comme la famille. L’individu, qui serait dans ce processus d’intériorisation des normes et des valeurs, est donc imprégné par son milieu social dont il va imiter le comportement. Par exemple, l’enfant va acquérir un registre de langue en fonction de celui de ses proches, plus ou moins châtié s’il est fils de cadre ou d’ouvrier. L’individu hériterait donc d’un comportement correspondant à une classe sociale, qui contribuerait donc à la formation de différentes classes qui transmettent des rôles et des statuts aux individus. Sa place dans la société serait donc définie par sa socialisation qui est différentielle, c’est-à-dire que l’apprentissage social n’est pas uniforme et diffère selon le milieu social et culturel : des différences de condition économique, de conception de la vie en société ou de valeurs engendrent des modes d’éducation et de formation à la vie sociale différenciés voire conflictuels. Ainsi, dans la théorie de la lutte des classes, popularisée par Marx, l’oppression de la classe bourgeoise sur la classe prolétaire créerai une opposition et un antagonisme naturels entre les groupes sociaux qui conduirait au maintien des classes sociales.

b) Les classes sociales se pérennisent par la transmission d’habitus :

Par ailleurs, selon la théorie holiste, on peut véritablement parler de classes sociales car les différences de socialisation se reporteraient sans cesse d’une génération à l’autre, enfermant l’individu dans un milieu social. Ainsi, le sociologue Pierre Bourdieu prône une approche holiste. Pour lui, selon sa classe sociale, l’individu incorpore un habitus, c’est ce qui a été acquis et qui s’est incarné durablement dans le corps sous forme de dispositions permanentes. L’homme serait alors contraint par sa classe sociale qui lui transmettrait des habitus et quatre types de capitaux distincts qui vont influencer son comportement : un capital économique comme les revenus ou les biens patrimoniaux, culturel comme les loisirs ou la manière de s’exprimer, social et symbolique. Ces capitaux qu’il partage avec des membres de sa classe sont responsables de la continuité et de la pérennisation des classes sociales différenciées. Un des exemples les plus flagrants est l’existence d’établissements scolaires publics et privés, puisque ces derniers étant payants, ils établissent une distinction nette en fonction du capital économique des parents. Ils en disent long sur l’appartenance à une classe sociale d’autant que les établissements privés dispensent souvent des cours religieux, appuyant l’existence de pratiques sociales différenciées. Les capitaux expliquent aussi les différences de pratiques sociales comme les patrons qui boivent du champagne et font de l’équitation alors que les classes moyennes boivent de la bière et pratiquent du football. De même, ils expliquent les variations de résultats au bac que les enfants de cadres réussissent à 81.2% et ceux d’ouvriers à 14.3%. En effet, c’est leur capital social (réseau de relation d’un individu) et culturel qui expliquent cet écart. L’enfant de cadre a pu bénéficier d’aide scolaire à domicile ou de sorties aux musées qui enrichissent sa culture général, ce que n’a pas le fils d’ouvrier. Par ailleurs, ces capitaux vont entretenir le groupe d’appartenance de l’individu ce qui provoque par exemple de l’endogamie, qui est le fait pour un individu de se marier avec quelqu’un issu du même milieu social. De même, nos capitaux influencent la constitution de nos groupes de pairs puisqu’on se rapproche de ceux qui ont eu la même socialisation que nous. Par exemple, comme le polo est un sport exclusivement réservé aux familles ayant un capital économique élevé, il crée parmi les individus qui partagent ce même capital, des centres d’intérêt communs et une identité commune, bases des classes sociales. Ainsi, les habitus d’un individu influenceraient profondément son comportement et ses relations sociales en pérennisant le principe de classe sociale.

II) Les classes sociales disparaissent lors de l’évolution de la société :

a) « Un retour de l’acteur » :

Malgré ces différenciations de socialisations, on sait que la notion de classes sociales induit le principe d’intérêt commun et d’identité commune entre les individus d’une même classe. Or, on peut aujourd’hui se demander s’il existe encore des identités homogènes entre individus. Ainsi,

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