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L'Orientalisme d'Edward Saïd

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Par   •  14 Novembre 2018  •  Guide pratique  •  1 817 Mots (8 Pages)  •  498 Vues

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L'Orientalisme d'Edward Saïd est un texte canonique des études postcoloniales et culturelles. Dans cet ouvrage, l’auteur conteste le concept d'orientalisme et la différence entre l'Est et l'Ouest. Il avance qu'avec le début de la colonisation européenne, les Européens sont entrés en contact avec les pays moins développés que l'Est. Ils ont trouvé leur civilisation et leur culture très exotiques, et ont ainsi établi la science de l'orientalisme, qui était l'étude des Orientaux et de leur civilisation. Fondateur des études postcoloniale, Edward W. Saïd explore dans cet ouvrage comment l'identité Occidentale s'est forgée en représentant l'Orient ; et ce en se basant sur plusieurs œuvres du XIX et du XXe qui mêlent le littéraire au scientifique et au politique.

L’auteur soutient que les Européens ont divisé le monde en deux parties; l'est et l'ouest ou l'occident et l'orient, ou le civilisé et le non-civilisé. Cette frontière artificielle fut utilisée par les Européens comme instrument d’auto-mesure, et comme apologie au projet colonial.  L'Orientalisme : l'Orient créé par l'Occident témoigne de l'érudition de son auteur grâce à la multitude des références de calibre qui y sont parsemées. Il puise dans les théories foucaldiennes et s’inspire de Derrida pour créer cet ouvrage qui  s'étale sur trois chapitres et qui se charge en premier temps d'une démonstration de la représentation de l'Orient et du Moyen-Orient par l'Occident pour effectuer ensuite une déconstruction de le perception occidentale dans le but de la reconstituer, afin de déboucher sur une perspective nouvelle qui s'intéresse à l'orientalisme d'aujourd'hui. Cet ouvrage impose une relecture critique des œuvres  qui abordaient l'Orient entre le XIXe et le XIXe siècles. E. Saïd fait de la relation entre l'Occident et l'Orient le sujet principal de son livre, et avance que l'Orient fait une "partie intégrante de la civilisation et de la culture matérielle de l'Europe"[1].

L’auteur affirme que la construction de l’identité Occidentale est impérativement liée à une image de L’Orient, qui est diamétralement opposée à celui-ci. L’établissement de ces disproportions permet à l’Europe de préciser son identité en « se démarquant d'un Orient qu'elle prenait comme une forme d'elle-même, inférieure et refoulée ».[2] De ce fait, l’Orient devient un rival que l’Europe s’est créée afin qu’elle puisse refléter l’image qu’elle désirait.

 

Ainsi, les Européens font de l’autre, dans ce cas-ci, de l’Orient, la pierre de touche sur laquelle se fonde l’identité européenne par des parallélismes et des contrastes, chose qui créa une faille géographique imaginaire entre les deux entités. E. Saïd nous parle également d’une image qui est « une invention de l'Europe depuis l'Antiquité »[3], imbibé de fantaisie, d’êtres exotiques, et d’expériences extraordinaires.

L'Oriental selon E. Saïd a subi une hégémonie culturelle qui s’explique par le pouvoir et la domination exercée par l’Occident sur l’Orient. Cette suprématie est expliquée par l’auteur comme-ci :

 « L’Orient a été orientalisé non seulement parce qu'on a découvert qu'il était "oriental" selon les stéréotypes de l'Européen moyen du dix-neuvième siècle, mais encore parce qu'il pouvait être rendu oriental »[4]

Par conséquent, nous pouvons constater que l’Europe s’est chargée de définir l’Orient selon des critères qui étaient dans sa faveur, et qui négligeait la transposition authentique de ce que la culture Orientale comprenait. Dans son Précis de littérature comparée, Yves Chevrel nuance le rôle que pourraient avoir les institutions dans la reconnaissance d’un mouvement ou d’un genre littéraire. L’instauration des canons littéraires et la formation  des goûts dépendent de ce que les institutions (notamment l’école et l’université) diffusent. L'orientalisme est plus qu'une discipline universitaire, c'est plutôt un "échange dynamique entre les auteurs individuels et les vastes entreprises politiques, formée par les empires britannique, français, et américain, sur le territoire intellectuel et imaginaire"[5].

De ce fait, E. Saïd reproche  l’institutionnalisation de l’Orientalisme puisque le discours orientaliste influence la perception de l'occident. L'ensemble des produits littéraires et scientifiques sur l'Oriental n'ont qu'accentué les idées précédemment incrustées chez les Occidentaux, et feront plus tard une apologie efficiente du colonialisme. L'élaboration de l'Orientalisme de E. Saïd fut une tâche de longue haleine qui recycle plusieurs notions, notamment celle du "discours" de Foucault[6]. Le philosophe italien A. Gramsci semble à son tour avoir influencé la pensée d’Edward Saïd, puisque le concept de "l'hégémonie culturelle"[7] est cité à plusieurs reprises. La domination culturelle dont nous parle Gramsci, et que développe l’auteur de l’Orientalisme, s’explique par la diffusion de certaines valeurs au sein des écoles, églises et partis, ainsi que les moyens de communication de masse, chose qui empêcha à l’époque la réalisation du projet marxiste dont rêvait le théoricien politique italien.

Dans le premier chapitre, E. Saïd aborde la portée de l'orientalisme comme une pratique historique qui vise la consolidation de la connaissance de l'Orient, et qui peuvent être étudiées et transmises à un public occidental. Bien que l’orientalisme soit une force qui ait façonné les multiples activités intellectuelles et politiques à travers l’Occident et l’Orient, ses impacts trouvent toujours leurs origines dans cette tendance de consolidation. Cependant, comme l’Orient est un espace géographique hautement expansif et qui est de grande diversité culturelle, l’Occident y revient constamment par son intervention politique dans un effort persistant de le contenir. Cet effort est motivé par une crise qui s'autoperpétuation: plus l'Occident s'implique avec l'Orient et prétend le contenir, plus l'Orient devient compliqué à l'Ouest. Aux XVIIIe et XIXe siècles, l'orientalisme a continué à s'étendre et à prendre une dimension  modernisée en tant que discipline plus formalisée dans les institutions universitaires occidentales. Alors que les différentes puissances européennes avaient des investissements culturels et politiques multiples à travers les territoires de l'Orient, leurs contributions aux études orientales partageaient les mêmes valeurs. L'étude de l'Orient devint un moyen nécessaire de stabiliser l'Occident face à ce qui semblait être un Orient de plus en plus complexe

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