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Analyse Sur La Contention

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Par   •  21 Avril 2014  •  2 974 Mots (12 Pages)  •  1 404 Vues

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J’ai effectué mon second stage dans un service d’hospitalisation en psychiatrie (UA1 secteur Gier) à l’hôpital Nord. Je n’avais pas d’idée précise sur ce type de service et je partais un peu dans l’inconnu. Nous avions eu quelques notions sur les différentes pathologies mentales en cours de psychologie, et sur les traitements associés en pharmacologie. J’abordais donc ce stage avec des connaissances limitées en la matière mais sans appréhension particulière.

Après une semaine d’observation, tant dans le fonctionnement des différentes équipes, que des réactions des patients, je me suis retrouvé face à une situation qui m’a interpellé lors de la deuxième semaine alors que j’étais en poste du soir. Nous recevons un appel des urgences psychiatriques nous demandant si la chambre d’isolement était disponible, ce qui était le cas. Ils nous annoncent alors le transfert dans le service de Monsieur F, 38 ans, amené aux urgences psychiatriques par sa famille qui a souhaité le placer en SPDT car il était en rupture de soins et devenait agressif envers le voisinage. Ce patient est contenu 5 points (mains, pieds et ventre) depuis son arrivée, car il est très agité et délirant. Nous préparons, dès lors, la chambre d’isolement, que j’avais pu visiter lors de la première semaine, afin de pouvoir prendre le relai dès l’arrivée des brancardiers.

La chambre d’isolement bénéficie d’une porte d’entrée avec un sas de sécurité, puis d’une autre porte donnant accès à la chambre. Dans la pièce, rien de superflu, le lit est fixé dans le sol, il y a un lavabo, un WC, une douche fermée et une horloge. De par mon expérience professionnelle, j’ai pu comparer cette dernière à un local de garde à vue ou une geôle dans un service de police. Je me suis préparé mentalement à quelque chose qui ne m’était pas étranger : de la violence, ou de l’agitation excessive qui nécessite de contrôler physiquement une personne, comme peut l’être le menottage ou la garde à vue pour un individu auteur d’un délit, ou dangereux pour lui-même ou autrui.

Le personnel des urgences arrive vers 18 heures avec le patient contenu sur un brancard. Et là, ma surprise est grande. Je vois un homme calme, sédaté par le traitement de neuroleptiques, à peine capable de lever les bras… Le patient est décontenu, transféré sur le lit, puis recontenu à une vitesse assez remarquable. Cette scène me laisse perplexe et beaucoup de questions me viennent à l’esprit. Alors que le patient est calme, inoffensif, incapable de se tenir debout aux premiers abords, la scène se déroule dans une parfaite harmonie à 5 soignants plus moi, sans un mot, des gestes précis, si bien que Monsieur F se retrouve attaché au lit en 5 points sans avoir eu le temps de souffler. Une fois ce travail effectué, il demande pourquoi on lui fait ça ? qu’a-t-il fait pour mériter cela ? Et j’avoue que cette situation m’a mis mal à l’aise car moi-même je n’avais pas la réponse. En effet, j’attendais un patient agité, violent, menaçant envers le personnel, or rien de tout cela n’est arrivé. Un des soignants lui a répondu que c’était le cadre de soin qui avait été prescrit, et qu’il faudra attendre de voir le psychiatre le lendemain pour savoir si la contention serait levée ou non.

Dès lors, j’ai essayé de comprendre et d’analyser cette scène assez surprenante qui allait à l’encontre de cette notion du « prendre soin » évoquée très souvent dans le premier semestre de formation. J’ai donc décidé d’analyser la contention dans la psychiatrie et surtout son but thérapeutique en faisant des recherches et en m’appuyant sur l’expérience du personnel de l’UA1.

La contention vise globalement à restreindre la liberté de mouvement d’un patient et peut se concevoir selon trois domaines :

1. La contention environnementale : elle consiste à imposer un périmètre limité à l’hôpital (ex. clôture), à une unité (ex. service fermé) ou à une pièce (ex. chambre d’isolement). L’isolement se caractérise alors par le verrouillage de la porte d’une chambre dans laquelle le patient est séparé de l’équipe de soins et des autres patients.

2. La contention physique : elle consiste à restreindre ou maitriser directement les mouvements d’un patient. Cette contention peut être manuelle ou mécanique, alors effectuée à l’aide d’un dispositif, soit fixé sur un lit ou sur un siège (bracelets et ceintures), soit mobile (camisole de force).

3. La contention chimique : elle consiste en l’administration d’un médicament aux vertus tranquillisantes qui résultent d’une action sédative et/ou des effets plus spécifiques aux neuroleptiques (indifférence psychomotrice et parkinsonisme = la fameuse "camisole chimique").

Les diagnostics les plus fréquemment associés à l’isolement et à la contention mécanique sont la schizophrénie paranoïde décompensée, les troubles de la personnalité. La fréquence d’utilisation de ces mesures est plus élevée lorsque le séjour est inférieur à 15 jours ou supérieur à 3 mois, mais aussi lorsque le taux d’occupation est faible et l’unité surchargée. Les facteurs conduisant le plus à isoler et à contenir physiquement sont l’agitation, l’opposition massive, la perturbation du milieu thérapeutique, l’agression de patients ou du personnel, les menaces ainsi que les conduites auto-agressives ou suicidaires.

Dans mon cas précis, Monsieur F était déjà connu du service pour une hospitalisation 3 ans auparavant, et avait été diagnostiqué schizophrène paranoïde. Il était sorti après un séjour de deux mois dans l’unité avec un suivi au CMP de Rive de Gier et un traitement adapté qu’il avait arrêté de pendre depuis quelques temps. Il a décompensé ce qui explique son retour dans le service. J’ai pensé alors que la contention avait été décidée en connaissance de son passé, mais dès le lendemain, j’ai compris que Monsieur F tenait des propos totalement délirants : selon lui, un grand complot contre lui était en place, toute personne extérieure devenait donc un danger pour lui, et les angoisses délirantes augmentaient. Il s’interrogeait sur l’hospitalisation, la contention : « c’est TF1, c’est ça » ou alors « ne me dîtes pas que c’est François Hollande », « de toute façon si je suis là, c’est pour le fric…mais vous verrez Dr D, il le paiera un jour ». Le patient que j’avais devant moi n’était plus le même, les propos étaient totalement incohérents, les menaces plus présentes, le regard noir et une hostilité à la prise de traitement assez prononcée. Malgré tout, j’avais toujours des difficultés à comprendre le but thérapeutique d’une telle pratique.

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