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INQUISITION

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Par   •  21 Octobre 2018  •  Dissertation  •  5 935 Mots (24 Pages)  •  1 093 Vues

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INTRODUCTION

L’inquisition qui a pris naissance à partir de 1231 par le pape Grégoire IX, est une forme de répression de l’hérésie. Il faut noter que bien avant 1231, l’Eglise punissait déjà ceux qui propageaient des doctrines autres que celle défendue et proclamée par Rome. Le Concile de Latran de 1139 s’y était déjà attelé. A partir donc de 1231, les évêques étaient invités à rechercher les hérétiques ; les juges séculiers devraient les punir ; et les rois devraient apporter tout leur soutien à cette répression sous peine de déchéance. Bernard Gui, un des membres influents de l’inquisition en donne la définition suivante : « Le but de l’office de l’Inquisition est la destruction de l’hérésie ; celle-ci ne peut être détruite si les hérétiques ne le sont ; ceux-ci ne peuvent être détruits si les recéleurs, fauteurs et défenseurs ne le sont aussi[1]. » A travers cette affirmation, nous remarquons que le ton est donné. Il n’est donc plus question de pratiquer une politique de tolérance à l’égard de tous ceux qui au nom de la gnose ou de quelques autres connaissances, tentent de redéfinir la doctrine de l’Eglise. Jean le Teutonique déclarait à l’époque ceci : « Si l’on n’a aucun espoir de le corriger (l’hérétique), on peut le tuer[2]. »

C’est à partir du XIIe siècle que nous allons assister à de sérieuses menaces à l’encontre de l’Eglise. Il s’agit principalement de la menace sous l’impulsion des cathares et des vaudois. Grégoire IX  confiera, en 1233, la responsabilité de l'Inquisition à l'ordre dominicain fondé en 1215 à Toulouse afin de former des prédicateurs pour lutter contre les hérésies, notamment le Catharisme. Un peu plus tard, l'ordre franciscain, qui a vu le jour à Assise au début du XIIIe siècle, est également associé à l'Inquisition. Il organise particulièrement la lutte contre l'hérésie en Provence et en Italie. De lourdes rivalités vont parfois opposer franciscains et dominicains. Nommé par son supérieur, l'inquisiteur, le temps qu'il exerce sa charge, n'est plus tenu de lui obéir et n'est plus astreint à la vie de couvent. Il n'est pas rare de trouver parmi les inquisiteurs d'anciens "hérétiques". Ainsi Robert Le Bougre, qui sévit violemment en Champagne et dans la vallée de la Loire, est un Cathare repenti devenu dominicain[3].

L'inquisition espagnole (XIIIe-XIXe siècle) sera instituée en 1478 à la demande des souverains espagnols Ferdinand et Isabelle, qui veulent, s'assurer de la sincérité des convertis juifs (conversos) et maures (morisques), parce qu'ils veulent faire de l'unité de la foi le ciment national. Ils obtiennent que l'inquisition ne dépende plus du pape mais d'une instance espagnole, présidée par le Grand Inquisiteur d'Espagne dont le plus tragiquement célèbre devait être le dominicain Tomas de Torquemada (1483-1497). Les juifs (en 1492) et les maures (en 1525) furent contraints à la conversion ou à l'exil par les souverains catholiques d'Espagne et ensuite surveillés par l'inquisition. On retrouvera l'inquisition à la poursuite des protestants en Italie et en Espagne à la fin du XIVème siècle. L'inquisition menacera également le jeune Ignace de Loyola fondateur de la Compagnie de Jésus[4]. Notre exposé sera articulé autour de sept parties essentielles où nous essayerons de retracer l’histoire de l’Inquisition aux travers des siècles d’apogée, de décadence et finalement de déclin.

I. ORIGINES ET ETABLISSEMENT DE L’INQUISITION

L’Inquisition a pour but essentiel la destruction de l’hérésie. Mais il faut savoir que la répression de l’hérésie n’a pas commencé avec elle. C’est une pratique fort ancienne et qui remonterait à l’Empire romain. Rappelons-nous tout le travail effectué par les Pères de l’Eglise pour lutter contre les hérésies qui ont essayé de déstabiliser toute la chrétienté d’alors. En ce qui concerne l’Inquisition, elle a effectivement commencé vers la fin du XIIe siècle et le début du XIIIe siècle pour prendre fin vers le XIXe siècle. Deux mouvements religieux à savoir les Cathares et les Vaudois vont être à l’origine de la naissance de l’Inquisition. « Les Cathares semblent tirer leur doctrine de Manès (IIIe siècle ap. J.-C.), qui professait l’existence d’un Dieu mauvais et d’un Dieu bon, qui croyait à la transmigration, qui enseignait la chasteté absolue et le végétarisme. Ils rejettent l’Eglise romaine qu’ils appellent, nous dira plus tard Bernard Gui, « Mère des fornications, grande Babylone prostituée, basilique du diable et synagogue de Satan ». Ils nient l’incarnation et même l’existence réelle de la Vierge Marie[5]… ». Michel Roquebert dira ceci : « On comprend que l’Eglise, fidèle à la notion de créateur unique et tout-puissant, se soit alarmée très tôt face à des doctrines  qui faisaient voler en éclat le monisme fondamental de la doctrine officielle[6] ».

Le valdéisme, encore appelé doctrine des Vaudois, est un mouvement religieux qui prône le retour à la pauvreté absolue du Christ. Ils prennent à la lettre l’Evangile qui retrace la vie de Jésus pauvre et humble. Les Vaudois sont les disciples du lyonnais Pierre Valdès[7]. Devant la floraison des hérésies, il y a eu un peu partout en Europe de grands débats pour savoir quel sort réservé à tous ceux qui seront reconnus effectivement hérétiques. Notons que la position de l’Eglise sur la question est claire. Il faut rechercher les hérétiques, et ceux-ci une fois reconnus coupables doivent être condamnés à la prison perpétuelle ou d’autres peines moins graves[8]. Au début de l’Inquisition, seuls les ecclésiastiques étaient habiletés à juger les hérétiques. Mais progressivement, ces derniers vont se heurter à une forte opposition, parfois armée. Ce qui rend infructueuse leur mission. Le IIIe Concile de Latran va faire appel aux rois temporels pour réprimer l’hérésie. « … Mais l’hérésie ne sera définitivement vaincue, pense Innocent III, que le jour où le pouvoir temporel prêtera main forte régulièrement et loyalement à l’Eglise romaine[9] ».

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