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Jours De Pouvoir

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Par   •  31 Mai 2014  •  645 Mots (3 Pages)  •  782 Vues

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Dans l'épilogue à ses Mémoires, Saint-Simon notait, à propos de ce genre littéraire, qu'« il n'y en peut avoir de bons que de parfaitement vrais, ni de vrais qu'écrits par qui a vu et manié lui-même les choses qu'il écrit, ou qui les tient de gens dignes de la plus grande foi, qui les ont vues et maniées ; et de plus, il faut que celui qui écrit aime la vérité jusqu'à lui sacrifier toutes choses ». Au chapitre de ses admirations littéraires, Bruno Le Maire (né en 1969), énarque mais aussi normalien et agrégé de lettres, cite justement Saint-Simon, avec lui Chateaubriand — et Proust, dont on sait tout ce que le tableau de la société aristocratique qu'il dresse dans La Recherche doit à la lecture du mémorialiste de la cour de Versailles. La question de la vérité, celle aussi de l'impartialité, Bruno Le Maire ne manque pas de se les poser, dès le préambule de Jours de pouvoir, journal tenu au quotidien de sa participation au troisième gouvernement de François Fillon (14 novembre 2010-10 mai 2012) : « Qui parle ici ? Pas un témoin, mais bien un acteur [...]. Le témoin ne prend pas de risque. Or on ne peut pas dire la vérité du pouvoir sans prendre de risque, faire un pas de plus. Et ce pas est un saut : on bascule dans une autre vie, avec son anxiété, sa violence. Si la vérité du pouvoir est dans son exercice, alors elle est aussi dans les tripes et dans la rage de ceux qui le détiennent. »

De son passage à Matignon, où entre 2005 et 2007 il a été conseiller ­politique de Dominique de Villepin, Bruno Le Maire a nourri déjà le remarquable Des hommes d'Etat (éd. Grasset, 2008), dont Jours de pouvoir apparaît comme un prolongement. Aux premières pages, le 14 novembre 2010, il se voit annoncer par un appel téléphonique du Premier ministre, reconduit dans ses fonctions par Nicolas Sarkozy, qu'il garde le portefeuille de l'Agriculture, fonction qu'il occupait déjà. C'est une déception. D'aucuns avaient laissé entrevoir à l'ambitieux jeune ministre la possibilité d'une nomination à ­Matignon. « Avec quelle facilité on se glisse dans les ambitions qui vous sont soufflées, comme elles durcissent vite autour de vous, pour devenir une écorce inentamable, presque la réalité », note-t-il. L'anecdote, et la méditation qu'elle suscite chez l'auteur, donne le ton du livre : un patient, a priori répétitif et pourtant souvent captivant, mélange de faits précis, de choses vues et ­ vécues (déplacements, conversations, négociations...) et de réflexions sur la pratique du pouvoir et ses tensions, la part qu'y tiennent les convictions, les mille difficultés auxquelles se heurte la volonté d'action, tout cela ­ancré dans un quotidien où l'euphorie tient peu de place — « sur mon bureau se sont ­accumulés des parapheurs par dizaines [...]. Au pouvoir, le papier prend le dessus sur la vie. Les rencontres humaines sont plus rares, moins franches et moins disponibles, on pare au plus pressé. Les notes remplacent les discussions, les ­arbitrages se rendent dans la solitude. En peu de temps on perd une certaine candeur, on se durcit, une part de soi se décolore... »

Le ton est juste et posé, les portraits aiguisés — Nicolas Sarkozy, bien sûr, mais autour de lui une foule de seconds rôles, célèbres ou anonymes —, les conversations

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