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En économie, passer d'u temps mécanique à un temps événementiel

Dissertation : En économie, passer d'u temps mécanique à un temps événementiel. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Août 2016  •  Dissertation  •  3 048 Mots (13 Pages)  •  882 Vues

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EN ÉCONOMIE, PASSER

DU TEMPS MECANIQUE AU TEMPS ÉVÉNEMENTIEL

I. CHANGER DE PARADIGME        

Du temps mécanique au temps sagittal        

Quelques précisions:        

II. COMMENT LA THEOLOGIE PEUT-ELLE "TRAVAILLER" CET HORIZON  TEMPOREL  EVENEMENTIEL ?        

A. NARRATIVITE ET RECIT BIBLIQUE        

B. A L'ECOUTE DES EVENEMENTS        

C. JESUS-CHRIST EST L'EVENEMENT PAR EXCELLENCE: L'EVENEMENT ESCHATOLOGIQUE        

D. LA LIBERATION TEMPORELLE        

I. CHANGER DE PARADIGME

Du temps mécanique au temps sagittal

Réintroduire la liberté et la responsabilité humaine au coeur des fonctionnements économiques  est une des tâches majeures de l'éthique chrétienne.

Car, d'une part, la foi implique une anthropologie qui ne peut s'accommoder de visions impersonnelles ou mécaniques du monde économique. L'homme est en effet  sujet et pas seulement objet des contraintes économiques. La vocation royale de son baptême donne au chrétien la responsabilité de transformer l'univers pour l'humaniser, et non de subir une évolution économique réputée non-maîtrisable.

Et, d'autre part, ce serait condamner l'injonction éthique à l'impuissance que de la faire jouer après coup, comme une protestation contre les durs effets des lois économiques. Or, si une loi s'impose comme telle avec une nécessité de fer, on ne peut la contester, ni protester contre elle: on peut seulement la subir.

Il faut donc critiquer d'abord la notion de loi économique, et le déterminisme sous-jacent qu'elle contient. Le discernement moral ne peut jouer que s'il y a des alternatives possibles, autrement dit si l'avenir n'est pas encore sûr, si le futur n'est pas tout entier déjà déterminé par le passé. Sinon, les mécanismes sont implacables, et faire référence à l'éthique, ou à la foi chrétienne, ne sert à rien, sinon à donner mauvaise conscience (ce qui est d'ailleurs non négligeable, car l'insatisfaction est à la source de nombreuses révolutions dans les manières de penser et d'agir).

Pour que l'économie soit humaine, et non impersonnelle, il faut passer d'une conception déterministe des lois économiques à une conception plus "événementielle" des fonctionnements sociaux.

La conception déterministe est bien connue. En économie, elle a inspiré les formulations de bon nombre d'auteurs de toutes tendances. La loi d'airain des salaires de Ricardo, la prétendue loi des débouchés de Jean-Baptiste Say, la baisse tendancielle des taux de profits ou la paupérisation des masses chez Marx, la fixation des prix dans l'équilibre walrassien, l'effet mécanique du multiplicateur keynésien...: la liste serait longue des concepts théoriques qui dérivent en économie d'une vision très mécanique du monde. Cette approche est elle-même très dépendante de la physique classique, où le déterminisme perdure, depuis Newton, Galilée et Képler, jusque dans la vision relativiste d'Einstein. Elle est centrée sur une modélisation des phénomènes par un système linéaire d'équations différentielles. Il suffit alors de connaître les conditions initiales, et le phénomène peut être parfaitement connu et prédit pour chaque instant t.  Cette modélisation est mécanique, car elle a historiquement servi à établir les lois de la mécanique céleste, établissant ainsi un ordre rationnel parfaitement maîtrisable dans ce qui était auparavant une région divine échappant au pouvoir prédictif.

Les limites de cette science classique sont maintenant bien établies:

- le découpage des "faits" observés et modélisés est discutable. Considérer la pauvreté comme un phénomène économique observable (via la notion de seuil de pauvreté par exemple) est déjà une interprétation de la réalité économique. Ou bien vouloir mesurer la vitesse de la circulation monétaire suppose un intérêt pour ce concept que certains économistes ne voudront pas admettre. Un "fait", cela se fait. C'est dire que le découpage, la construction d'un "fait" économique relève déjà d'a priori non scientifiques. Il y a toujours d'autres découpages possibles. Notre hypothèse est que le rapport des agents économique au temps humain est l'un des éléments cachés qui influent sur cette construction de la réalité économique.

- les conditions initiales ne sont jamais connues parfaitement, ni de manière absolue. Il y a toujours des facteurs oubliés dans la détermination de la situation initiale, et une imprécision existe quant à la mesure exacte des facteurs retenus. La mécanique quantique a attiré l'attention sur ce problème de la mesure, car elle est déjà une modification du réel observé (réduction de la fonction d'onde du système étudié par l'appareil de mesure). En économie, choisir des indices, des variables, et en mesurer les variations est déjà une modification, une interaction avec la réalité. Que l'on songe par exemple à la publication des résultats des sociétés cotées en Bourse, ou bien à l'annonce des déficits budgétaires des Etats-Unis... Là encore, l'anticipation temporelle des mesures économiques conditionne l'évolution ultérieure.

Ces deux objections: facteurs manquants et imprécision des mesures, suffiront quelquefois à expliquer le comportement non-déterministe de systèmes apparemment déterministes.

- les équations de comportement sont toujours établies sur des hypothèses simplificatrices. En Mécanique, les trajectoires des corps célestes ne peuvent être calculées qu'au prix d'approximations grossières. La prise en compte de toutes les interactions devient vite impossible (le problème à trois corps est déjà insoluble), si bien qu'on force la réalité pour se ramener aux cas que l'on sait techniquement traiter. En économie, les approximations sont d'autant plus criantes qu'elles décrivent des comportements humains. La rationalité des agents par exemple est outrageusement simplifiée pour pouvoir être facilement intégrée dans des calculs de prévision que l'on sait traiter mathématiquement. Le modèle (idéal) commande à la réalité, qui ne peut alors plus apporter de surprise.

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