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L’Europe au lendemain de 1815 : une restauration de l’ordre ancien ?

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Par   •  8 Septembre 2019  •  Rapport de stage  •  5 042 Mots (21 Pages)  •  972 Vues

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L’Europe au lendemain de 1815 : une restauration de l’ordre ancien ?

« J’appartiens à cette génération née avec le siècle, qui, nourrie de bulletins par l’Empereur, avait toujours devant les yeux une épée nue et vint la prendre au moment même où la France la remettait dans le fourreau des Bourbons », écrivait en 1835 l’écrivain romantique français Alfred de Vigny dans sa nouvelle Servitude et Grandeur militaires. C’est par cette phrase que l’homme de lettre et ancien militaire traduit l’état d’esprit de toute une fraction de la population, à qui on a laissé goûter à la modernité et la liberté, qui s’est vue imposer par des princes un ordre antérieur, et qui a fini par s’y opposer. En effet, cette « génération » à laquelle appartient Alfred de Vigny, né en 1797, est celle de jeunes n’ayant connu que l’Empire napoléonien, celui du Code Civil, de la relative liberté individuelle et de l’héritage de la Révolution de 1789. C’est ici une génération de jeunes français issus des couches privilégiées de la société que le romancier décrit, mais, de façon plus générale, les populations européennes marquées d’une part par les conquêtes révolutionnaires et napoléoniennes et d’autre part par la circulation de principes libéraux et nationaux portent également en elles un héritage de cette époque, qui débute en 1789 par la Révolution française, qui ouvre en Europe la voie aux idées nationales et libérales, et qui se termine par la défaite de Napoléon à Waterloo en 1815, marquée par le Congrès de Vienne et l’ère des Restaurations en Europe.

Parler de Restaurations européennes au lendemain de 1815 nécessite, avant toute analyse, de définir certains termes du sujet, à savoir ceux de Restauration et d’ordre ancien. A ce titre, nous pouvons définir la Restauration comme le remise en place d’un gouvernement d’une époque précédente et l’ordre ancien comme celui d’un absolutisme royal de droit divin, d’une société d’ordres, de privilèges et de corporations, d’un régime féodal et d’instauration d’une religion d’Etat. Il est important ici de ne pas seulement se restreindre à la Restauration de la monarchie en France, mais bien d’analyser la restauration de l’ordre ancien comme un phénomène à l’échelle du continent européen.

Il convient aussi de délimiter, à la fois chronologiquement et géographiquement, ce qu’est l’Europe au lendemain de 1815. Il convient tout d’abord d’en fixer les frontières : en effet, qu’entend-on par le terme « Europe » à cette date ? Nous limiterons notre dissertation à l’Europe occidentale, méditerranéenne, centrale et orientale. Si, pour Osterhammel, « au XIXe siècle la Turquie est en Europe », elle ne présente pas d’intérêt direct pour illustrer le sujet de restauration de l’ordre ancien, même si elle est liée, par l’influence qu’elle exerce dans l’Europe du Sud-Est, à cette période. Quant aux bornes chronologiques, il paraît évident de faire débuter l’analyse par l’année 1815. En revanche, deux moments peuvent délimiter la période qualifiée de lendemain : les années 1830 et 1831, qui voient une série de révolutions européennes et marque l’entrée réelle de l’Europe dans un ère libérale et nationale, et l’année 1848, qualifiée de « Printemps des peuples », qui peut être interprétée, à certains égards, comme la continuité des révolutions de 1830, et qui intègre l’Europe encore un peu plus dans le chemin de la souveraineté des peuples et de la démocratie. Au regard des conséquences fortes qu’ont eu les évènements des années 1830-1831 (monarchie parlementaire en France et indépendance de la Belgique) et du sujet imposé, nous avons jugé pertinent de ne nous intéresser uniquement à la période 1815-1831.

Dès lors, en connaissant la volonté de restaurer l’ordre précédant la Révolution de 1789 et l’aboutissement réel de cette période qui s’étend de 1815 jusqu’à 1831 en Europe, nous pouvons nous poser la question suivante : dans quelle mesure le rétablissement de l’ordre ancien désiré par le Congrès de Vienne et la Sainte-Alliance porte-t-il en lui les germes de son propre effondrement ?

Après avoir établi un bref état des lieux de l’Europe en 1815, nous observerons les caractéristiques de l’ordre ancien rétabli par les Empires vainqueurs des guerres napoléoniennes et de son application, avant d’étudier les réalités auquel il se heurte et les contestations qu’il engendre.

L’Europe en 1815 sort de longues et très coûteuses guerres qui la laisse épuisée. La majeure partie de ses pays ont pris part aux guerres napoléoniennes, de nombreux peuples ont subi le joug de l’Empire et ce dernier laisse le vieux continent profondément bouleversé. Ainsi, le bilan de ces guerres est d’abord celui de 2 500 000 militaires morts au combat et 1 000 000 de civils, mais aussi de pays endettés et ruinés par celles-ci, comme par exemple l’Angleterre, détentrice d’une dette de 860 millions de livres sterling, mais surtout de la France, fortement affaiblie financièrement par l’entretien de la Grande Armée et des campagnes, mais aussi par le prix faramineux des indemnités de guerre qu’elle doit verser aux puissances victorieuses comme l’Autriche ou l’Angleterre, qui s’élève à 700 millions de francs et qui plonge la France dans une grave crise économique dont elle mettra vingt ans à se remettre.

Au-delà du bilan humain et économique, la guerre a eu un autre effet sur le territoire que l’Empereur dominait : à cause de son découpage administratif en département et en états vassaux à l’époque napoléonienne, les frontières de l’Europe doivent être entièrement redessinée : ainsi, des états comme la Grand-duché de Varsovie, le Royaume d’Italie ou la Confédération du Rhin ont vu le jour à la suite des conquêtes napoléoniennes, et leurs peuples administrés en conséquence. C’est donc une Europe totalement différente de celle du XVIIIe siècle qui succède à l’ère napoléonienne.

La victoire des puissances alliées sur l’Empire nécessite ainsi de redessiner la carte de l’Europe, et l’établissement de cette dernière se fera nonobstant au profit de la Quadruple Alliance, réunissant l’Angleterre, la Prusse, l’Autriche et la Russie, toutes désireuses d’agrandir leur territoire après la guerre. Si nous analyserons plus en détail cette carte européenne dans notre seconde partie, nous pouvons tout d’abord illustrer notre propos avec l’exemple du Royaume d’Italie, qui après la défaite de Napoléon se voit divisé

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