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Dissertation Satyricon

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Par   •  20 Mars 2021  •  Analyse sectorielle  •  2 652 Mots (11 Pages)  •  378 Vues

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Dissertation sur le texte préféré de la liste de Bac:

«Rien n’est plus faux que les idées préconçues et les opinions toutes faites des gens; rien n’est plus stupide que leur prétendue décence morale.» Cette citation du Satyricon (ou Satiricon) annonce la couleur, si tant est que l’on puisse le dire ainsi, du roman antique lui-même. Histoire abracadabrantesque, entre réalisme satirique et fantastique, le Satyricon est un roman qui ne se définit pas, ou que très mal. Montherlant semble, dans sa préface de 1969, partir du principe que Pétrone Arbiter serait Petronius Niger, et dit du roman lui-même qu’il est «le père du roman tout court», par opposition au roman latin.

Il ne reste plus aujourd’hui que quelques fragments épars de l’œuvre d’origine, dont le plus connu est la «Cena Trimalcionis»; l’extrait traduit et commenté du cours, celui que je choisis, est un bref intermède dans le repas gargantuesque, sous la forme d’une histoire racontée par un des convives. Entre critique mordante de ses contemporains et récit fantasmagorique , le Satyricon de Pétrone, indéfinissable et inclassable, alterne brillamment entre niveaux de langues autant qu’entre sujets de discussion, et nous permet d’entrevoir la vie quotidienne des romains tardifs. Mais le roman a aussi eu une grande influence sur la culture, de l’Antiquité à nos jours, et plusieurs des monstres, par exemple, décrits dans l’œuvre littéraire ont des héritiers qui hantent aujourd’hui encore nos contes et légendes.

Si j’ai fait le choix du Satyricon, donc, ce n’est pas par facilité, car je l’avais lu auparavant, mais parce qu’en plus d’être à la fois d’un comique burlesque et d’une satire grinçante (ou, en tout cas, c’est ainsi que j’aurais tendance à le lire, même si tous les avis ne sont bien sûr pas unanimes), le roman ancien joue avec brio sur les formes et les genres, sans être limité par une quelconque étiquette littéraire. Roman iconoclaste à l’auteur controversé, le Satyricon est une énigme de bout en bout. L’œuvre a exercé une fascination sur les érudits depuis le Moyen-Age, et tous ont leur interprétation quant à sa date d’écriture, son auteur ou encore le cadre spatio-temporel dans lequel l’histoire se déroule. Si l’hypothèse principale est qu’il se serait agi d’un courtisan de Néron nommé Caïus Petronius Niger (l’auteur signe parfois son œuvre du nom «Petronius Arbiter»), une autre théorie plus récente suggère qu’il s’agirait en fait du secrétaire de Pline L’Ancien, un affranchi dont le profil correspondrait à celui de l’auteur. D’autres le voient flavien ou domitien, citant comme preuve les similarités de style avec d’autres auteurs de cette époque.

Ce qui est certain, c’est que Pétrone est un Romain tardif, ce qu’on peut voir non seulement par le vocabulaire employé («et non» au lieu de «nec» par exemple dans le texte étudié en cours, ce qui serait une erreur à l’époque classique plus souvent étudiée en cours), mais aussi par les mœurs. Il est toutefois vrai que les esclaves du roman ne donnent aucune indication de pouvoir racheter leur liberté, ce qui semblerait indiquer que le récit prend place avant l’édit de Caracalla (212 après J.C).

Il existe bien sûr plusieurs extraits bien distincts du Satiricon. Celui étudié en classe est la Cena Trimalcionis, repas pantagruélique antique donné par un affranchi auquel assistent nos héros, jeunes hommes libres et éduqués perdus parmi les affranchis et gens de basse extraction. Le style de l’auteur s’en ressent donc, et le récit de l’affranchi qui affirme avoir vu un loup-garou, extrait traduit et commenté, donc, en classe, est fait dans un langage peu fleuri, d’un niveau familier voire plus bas. Pétrone joue donc avec les styles et les niveaux de langages pour rendre son récit réaliste, dans la veine justement des courants réalistes et naturalistes du XIXe siècle (et de la littérature plus moderne).

Dans l’extrait traduit, on peut facilement voir la classe sociale de l’homme qui parle. Il s’exprime de manière peu élégante, avec des expressions telles que «scruta», «pulcherrimum bacciballum», «assem». Il utilise également un certain nombre d’expressions idiomatiques dont on peut supposer la popularité parmi la plebs romana, comme «nullius patrimonium tanti facio». Cela donne une certaine impression de «couleurs locales» si l’on puis dire, de realia. En effet, le langage employé dans cet extrait permet non seulement de mieux comprendre la réalité, le quotidien de l’époque, mais il permet aussi de se rendre compte que Pétrone avait pour préoccupation de rendre son récit aussi réaliste que possible. En effet, si les traductions modernes du Satyricon ne le font parfois pas assez ressortir, le discours de l’affranchi est vulgaire, et par le sujet (la femme qu’il fréquente, et surtout pourquoi), et, surtout, par les mots. Cette langue populaire semble aujourd’hui assez étrange dans un livre, pour nous qui sommes habitués à lire un langage lisse et sans imperfections en toute circonstance. Toutefois, ce n’est pas le cas du Satyricon, qui, si on ne peut que supposer qu’il va contre les codes de la littérature latine, va en effet contre toute bienséance depuis l’Antiquité- bien qu’il soit indisputable que cette dernière ait commencé à décroître en importance à la fin du mouvement classique..

On pourrait d’ailleurs rapprocher cette tendance à celle de la littérature moderne, comme par exemple les dialogues dans l’œuvre de Jack Kerouac (particulièrement dans Sur La Route, son magnum opus) qui tente de reproduire les expressions idiomatiques de ses personnages pour les rendre plus réalistes, pour nous permettre de mieux comprendre l’environnement dans lequel ils évoluent. D’aucuns diraient même que cela permet de comparer les deux décadences de la littérature, bien que cette vision (que je ne partage pas) soit parfaitement subjective …

Un autre aspect de l’extrait, que l’on serait parfois tentés de comparer au réalisme du XIXe siècle, c’est que Pétrone semble avoir fait des recherches quant aux mythes, aux expressions employées, à la façon de s’exprimer, d’imbriquer les phrases (en effet, Nicéros imbrique les propositions d’une manière toute particulière, comme, on pourrait le supposer, un romain parlant à l’oral, avec des morceaux inopportuns qui se glissent au milieu des phrases, ou à leur fin, comme par exemple ses multiples assurances qu’il dit la vérité, ou même les commentaires en fin de phrase, comme le «pulcherrimum bacciballum», qui semble être ajouté à la phrase qui le précède comme une arrière-pensée qui divague

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